L’auteur de cet article détient des actions Danone à titre personnel.
A lire le communiqué de presse publié par Danone publié lundi soir, il n’y a pas que le PDG de Danone qui donne l’impression de vivre dans une bulle, ignorant les attentes des actionnaires et du marché. Il y a aussi son conseil d’administration.
Le titre du communiqué de presse (« Le conseil d’administration de Danone renouvelle son soutien unanime à Emmanuel Faber, qui propose au Conseil d’initier le processus de dissociation des fonctions ») montre que le conseil d’administration ne joue pas son rôle de contrôle du directeur général (l’a-t-il jamais fait ?) et surtout qu’il représente mal les intérêts des actionnaires alors que c’est sa fonction principale.
Si le conseil d’administration de Danone avait vraiment eu l’intention de prouver son utilité et pris ses responsabilités, il aurait démis Emmanuel Faber de ses fonctions avec effet immédiat, aurait nommé un directeur général par intérim, placé Gilles Schnepp à sa présidence et remercié l’ensemble des administrateurs non-indépendants (Cécile Cabanis, Franck Riboud) pour leur contribution.
Au lieu de quoi il trahit sa faiblesse face à un PDG qui a perdu sa légitimité à la tête de l’entreprise.
Un comble pour un dirigeant qui prône une démarche responsable pour l’ensemble de l’entreprise mais se garde bien de s’appliquer les règles de bonne gouvernance à lui-même.
Emmanuel Faber faillit là où un principe de responsabilité aurait dû l’amener à reconnaître que son action à la tête du groupe agro-alimentaire a atteint ses limites.
L’évolution du cours de Bourse de Danone par rapport à ses principaux « pairs » cotés en Bourse le reflète (graphique).
Source: Morningstar Direct
En dépit de sa taille, Danone n’est qu’un acteur de second rang sur le plan boursier. Il souffre d’une décote de valorisation par rapport à des entreprises parfois plus petites que lui, tandis que les leaders de l’industrie (Unilever, Nestlé) bénéficient de primes de valorisation, reflet de fondamentaux dans l’ensemble plus solides.
Une faiblesse qui le minait déjà en 2007 et avait conduit à d’importants arbitrages de portefeuille avec la cession des biscuits et l’acquisition de Numico puis au rachat de WhiteWave.
Une faiblesse qui le hante de nouveau aujourd’hui et l’expose à la pression d’actionnaires devenus activistes parce que le conseil de Danone ne les écoute pas.
Dans ce contexte, il ne serait pas surprenant que le fonds d’investissement Artisan Partners, qui détient 3% du capital de Danone et a bien décelé la qualité de ses actifs et leur sous-évaluation en Bourse (tableau), augmente sa participation et sollicite d’autres actionnaires pour accentuer la pression sur le groupe.
Source: Factset
Ce manque de clairvoyance collectif risque de conduire à une bataille sur la gouvernance de Danone, et donc devenir une source de distraction pour l’entreprise à un moment où elle a avant tout besoin de se recentrer sur ses forces et de mobiliser l’ensemble de ses parties prenantes.
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