Pour analyser une obligation, et par extension un portefeuille obligataire, on fait souvent appel à deux notions qui s’expriment toutes les deux en années : « maturité » et « duration ».
Elles peuvent sembler assez proches mais renvoient en réalité à des concepts différents.
La maturité
La maturité mesure le temps nécessaire jusqu'à ce que le montant principal de l'obligation soit remboursé. Une obligation à dix ans rapportera un coupon tous les ans pendant dix ans à partir de l'émission.
A la fin de cette période, le principal de l’obligation est remboursé au porteur et le paiement des intérêts cesse.
La duration
La duration d'une obligation, d'un autre côté, est un concept plus abstrait qui traduit sa sensibilité au taux d'intérêt qui prévaut sur le marché.
La valorisation d’une obligation évolue dans le sens inverse par rapport aux taux. Lorsque les taux d’intérêt montent, les obligations déjà émises deviennent moins attrayantes (car leur taux passe en-dessous de celui du marché).
A l’inverse une baisse des taux augmente le prix des obligations déjà émises car leur coupon devient automatiquement plus intéressant que le taux d’intérêt du marché.
Mesurer les effets d'une variation des taux d'intérêt
En pratique, si une obligation a une duration de 5 ans, cela veut dire que sa valeur va augmenter de 5 % pour chaque baisse de 1 % des taux.
A l’inverse, cela veut dire que si les taux montent de 1 %, la valeur de l'obligation va baisser de 5 %.
Cet outil permet aisément aux investisseurs de jauger, sur une base comparable, la sensibilité aux taux d'obligations de maturités différentes et de coupons différents.
Par exemple, une obligation avec une duration de 6 ans devrait normalement être deux fois plus sensible aux variations de taux d'intérêt qu'une obligation avec une duration de 3 ans, quels que soient la date d'échéance et le montant des coupons.
Intérêt et limites
La duration est particulièrement utile pour mesurer le risque des obligations qui sont fortement corrélées à l’évolution des obligations gouvernementales, considérées comme des actifs sans risque.
Pour d'autres obligations, comme par exemple des obligations d'entreprises (ce qu'on appelle le "crédit"), la valorisation dépendra beaucoup plus de la prime de risque crédit que du risque de taux.
En matière de gestion obligataire, même si deux fonds obligataires ont la même duration, ils peuvent réagir différemment à des mouvements de taux en fonction du type d’émetteurs sur lesquels ils sont investis.
Un émetteur devra payer une prime par rapport au taux sans risque d'autant plus élevée que son activité est jugée risquée par les investisseurs.
Ces derniers, tout comme les agences de notation, focalisent leur attention sur la qualité de l'émetteur ainsi que ses ratios financiers, notamment sa liquidité (capacité de faire face à ses échéances/obligations financières) et à a sa solvabilité (capacité de supporter un certain niveau de dettes).