Il y a 20 ans, le concept de BRIC apparaissait pour illustrer l’émergence des 4 grandes puissances économiques : Brésil, Russie, Inde et Chine.
Vingt ans plus tard, comment les économies et marchés de ces pays ont-ils évolué ?
D’un point de vue macro-économique, tous ces pays ont connu une croissance rapide de leur activité, la palme revenant à la Chine (tableau).
La Chine, atelier du monde
Le boom économique chinois n’a que 20 ans, mais ses fondations ont été posées à la fin des années 1970. La politique d’ouverture et de libéralisme économique sous l’ère Deng Xiaoping ouvrent la voie à l’émergence d’un secteur privé très dynamique.
Puis en 2001, l’adhésion de la Chine à l’OMC lui ouvre grand les portes du marché mondial et fait de la Chine « l’atelier du monde », avec à la clef une vague d’investissement et d’exportation sans précédent.
Cette dynamique va progressivement se tarir à partir des années 2015, lorsque le pays décide d’autocentrer sa croissance sur les services et la consommation intérieure et surtout avec la guerre commerciale avec les Etats-Unis après l’élection de Donald Trump entre 2016 et 2020.
Le bilan en matière de politique économique est toutefois mitigé. L’un des principaux moteurs de croissance reste le secteur immobilier, lequel est alimenté par l’endettement du secteur privé mais également des provinces.
C’est précisément en cherchant à casser ce cercle vicieux peu soutenable que les autorités chinoises précipitent la chute du secteur immobilier, et, sur fond de pandémie, voient les chiffres de la croissance économique ralentir.
Services et matières premières
L’Inde, le Brésil et la Russie ont également aussi tiré parti de la mondialisation mais différemment.
L’Inde a profité de la croissance et de l’enrichissement de sa population grâce notamment au développement des services. Ces derniers représentent environ 55% du PIB.
Brésil et Russie ont eux vu leurs économies croître au gré de l’évolution haussière du cours des matières premières. Ils n’ont en revanche pas pu éviter les contre-coups pétroliers ou l’effet néfaste de politiques désastreuses dans la gestion de la pandémie de COVID-19 plus récemment.
La Russie en tête
Sur le plan boursier, l’investisseur qui aurait parié dès 2000 sur ces 4 pays en investissant individuellement sur un indice boursier de référence (nous avons pris l’indice MSCI qui offrait l’historique le plus long) serait sans doute étonné des résultats obtenus 20 ans après.
C’est en effet la Russie qui affiche les meilleurs résultats sur ce long intervalle de temps, suivie par l’Inde, le Brésil et la Chine.
L’envolée de la Bourse russe est notamment liée à l’exposition aux mines et à l’énergie, qui ont bénéficié de deux phases de hausse des cours des matières premières, avant la crise financière de 2008 et après la crise liée à la pandémie de COVID-19.
Selon les données de MSCI, l’énergie représente 47,3% de l’indice, devant les services financiers (22,5%) et les matériaux (15,7%).
Contre toute attente, la deuxième économie mondiale, qui a bénéficié de taux de croissance particulièrement rapides durant la décennie 2001-2010, mais qui a dû gérer un ralentissement plus marqué depuis, n’a permis à notre investisseur de ne multiplier sa mise que par 4 contre près de 20 fois pour l’indice du marché actions russe.
Non seulement les investisseurs ont été secoués par la pandémie de COVID-19 qui a émergé en Chine avant de se répandre à l’ensemble de la planète, mais ils doivent aujourd’hui intégrer le facteur politique, qui est devenu une source de risque importante suite à des prises de positions radicales et brutales des autorités chinoises à l’encontre de certains secteurs d’activité comme l’Internet ou l’éducation.