Rien ne va plus pour Xi Jingping. La reprise en main du secteur privé, les mesures d'assainissement du marché immobilier, qui représente environ 25% du PIB, ont provoqué une crise profonde qui pèse sur la croissance de la deuxième économie mondiale.
La Chine devrait voir son taux de croissance reculer vers 5%, bien en-deçà de sa moyenne historique récente (6,7% entre 2015 et 2019). Certains économistes anticipent même un chiffre bien inférieur (4% pour Bank of America par exemple; 4,8% selon Goldman Sachs).
Bien que les autorités chinoises aient récemment signalé adopter une politique un peu plus accommodante, les défis à relever sont significatifs et pour partie structurels.
Relancer la demande
Le plus important concerne la faiblesse de la demande intérieure.
Les investissements immobiliers et industriels ont entamé un repli à partir du deuxième trimestre 2021 et le récent rebond de la consommation des ménages n’a été qu’un feu de paille, en raison des mesures de confinement prises par les autorités chinoises face à la quatrième vague de COVID.
Il est également possible que les autorités chinoises soient victimes d’une forme d’inertie en attendant la confirmation de Xi Jingping à la tête du pays lors du vingtième congrès du Parti communiste chinois, à l’automne 2022.
En outre, derrière le label de « prospérité commune », il y a le projet de réorienter la croissance économique vers des objectifs sociaux (réduction des inégalités, décarbonisation de l’économie, diminution des charges sur les ménages liées à l’immobilier, à l’éducation et à la santé).
Défis structurels
La Chine est en effet toujours confronté à la transformation de son modèle économique. Elle doit réduire le poids de certains secteurs d’activité (immobilier, infrastructures) et augmenter celui de secteurs porteurs (biotechnologie, semi-conducteurs, intelligence artificielle, 5G, énergies renouvelables et véhicules électriques).
L’année 2022 devrait donc être marquée à la fois par la poursuite de ces réformes de long terme, et par des mesures accommodantes à plus court terme.
Pékin pourrait prendre des mesures pour « booster » la confiance des ménages, relancer certains programmes d’infrastructure pour palier la baisse des investissements des provinces, améliorer l’accès au crédit pour le logement social et adopter une politique monétaire plus accommodante.
Des risques demeurent
L’économie chinoise a jusqu’ici joué un rôle de locomotive de l’économie mondiale jusqu’avant la pandémie de COVID-19. Il est probable qu’elle restera en retrait sur le plan économique, mais sans doute pas sur le plan géopolitique.
Les tensions avec les Etats-Unis et dans la région Indo-Pacifique sont toujours vives et un apaisement sur ce front serait sans doute une source de soulagement pour les investisseurs.
De nombreux risques demeurent toutefois. L’inflation, portée par l’augmentation des cours des matières premières et de l’énergie, pourrait limiter les marges de manœuvre de la Banque centrale de Chine.
Le secteur immobilier ne semble pas encore stabilisé et pourrait être une source de volatilité pour la croissance et les marchés financiers.
Les prises de décision du pouvoir centrale sont brutales et souvent inattendues, ce qui est une source d’incertitude dont raffolent peu les investisseurs.
La Chine est donc dans l'obligation de donner plus de clarté et de stabilité à son cadre de politique intérieure. Mais il n'est pas dit que cela seul suffise à l'aider à retrouver des taux de croissance plus rapide à court ou moyen terme.