Après des décennies de chute des rendements obligataires et d’inflation faible, voire de périodes de déflation, le rebond de l’inflation et son maintien ou pas sur des niveaux élevés est au cœur des préoccupations des investisseurs.
Or l’inflation réduit le pouvoir d’achat de nombreuses classes d’actifs. Elle rogne le coupon que versent les obligations. Elle conduit sur longue période à une augmentation du taux sans risque et peut peser sur les marges de certaines entreprises, ce qui affecte le potentiel de valorisation des actions.
Ignorer l’inflation est donc impossible.
Mais faut-il pour autant chercher à prévoir son niveau à court terme ? Pas nécessairement, selon Clémence Dachicourt et Tanguy de Lauzon, respectivement gérante de portefeuille senior et responsable des risques chez Morningstar Investment Management, au cours de la conférence annuelle de Morningstar France.
En revanche, comprendre l’évolution des régimes d’inflation sur longue période et les comportements des différentes classes d’actifs peut s’avérer utile sur la manière de piloter une allocation au fil du temps.
Par exemple, l’analyse des régimes d’inflation en France (entre 1900 et 2020) montre que les phases d’inflation faible sont assez peu fréquentes. En revanche, l’occurrence de régimes d’inflation supérieure à 5% est élevée (40%) et la probabilité que cette phase soit suivie par un niveau d’inflation soutenue est forte.
Or, dans un contexte d’inflation élevée, actions et obligations sont pénalisées. « Concernant les actions, la dispersion des performance entre secteurs est significative, avec des risques de perte en capital importants, ce qui signifie que les actions ne sont pas la classe d’actifs la mieux à même de protéger contre le risque d’inflation élevée », note Clémence Dachicourt.
Cette dispersion des performances ne permet pas non plus de privilégier un positionnement en termes de style (croissance ou « value ») selon le régime inflationniste.
Comment donc construire un portefeuille ?
Suite à la pandémie de COVID et au rebond des marchés financiers qui a suivi, « on est aujourd’hui sur des niveaux de valorisations extrêmement tendues sur l’ensemble des classes d’actifs et dans la plupart des zones géographiques, à un moment où la croissance économique ralentit », observe la gérante.
S’exposer à des actifs chèrement valorisés accroît le risque d’un portefeuille et ne permet pas, sur le long terme, de contrebalancer la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation.
Ceci veut dire qu’il faut chercher des classes d’actifs décotées. « Or ces classes d’actifs sont souvent mal aimées des investisseurs », souligne Clémence Dachicourt.
En outre, l’inflation n’est pas le seul facteur de risque qui peut impacter un portefeuille. D’autres éléments liés au régime macro-économique, comme les devises, peuvent avoir un impact significatif sur la performance d’un portefeuille.
Dans un environnement où l’inflation reviendrait durablement, la meilleure manière de construire une allocation consiste donc à privilégier des actifs décotés, « qui sont probablement moins prisés et pas toujours les plus confortables à détenir, mais sont en revanche ceux qui offrent la plus grande probabilité de générer un rendement en phase avec les objectifs des investisseurs », estime Clémence Dachicourt.
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