Retour sur terre pour le Cloud

Les valeurs les plus en vue de la technologie, souvent américaines, connaissent un repli significatif depuis 3 mois.

Jocelyn Jovène 31.01.2022
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cloud

Au cours des 3 derniers mois, le recul en Bourse des valeurs technologiques, provoqué par la remontée des taux d’intérêt, n’a épargné aucun secteur.

Et c’est en particulier le cas des entreprises du « Cloud Computing », informatique en nuage.

Selon la définition qu’en propose Jean-Paul FIGER dans la revue « Techniques de l’Ingénieur » (février 2012), le Cloud Computing « est une révolution dans la manière d’organiser, de gérer et de distribuer des ressources informatiques. Sa définition opérationnelle annonce un modèle informatique qui permet un accès facile et à la demande, par le réseau, à un ensemble partagé de ressources informatiques configurables » (selon la définition du National Institute of Standards and Technology).

Différents modèles

Plusieurs modèles de distribution de ces ressources ont émergé depuis une quinzaine d’années, qu’il s’agisse de l’utilisation de logiciels (« Software as a Service », où l’utilisateur accède à une application à distance), de plates-formes informatiques (« Platform as a Service », où un utilisateur déploie ses applications sur une infrastructure tierce) ou d’infrastructures (« Infrastructure as a Service », où l’utilisateur loue des moyens de calcul).

D’autres applications ont émergé dans le domaine des communications ou d’autres fonctions au sein des entreprises, conduisant à une vague d’investissements qui s’est amplifiée avec la pandémie de COVID-19 et la réorganisation des modes de travail (télétravail, organisation hybride…).

De 1 à 200 milliards de dollars

Dans cet univers, des poids lourds à l’histoire ancienne, comme Adobe (« Wide Moat »), Salesforce (« Wide Moat »)ou PayPal (« Narrow Moat »), affichent une capitalisation boursière proche ou supérieure à 200 milliards dollars.

Ils cotoient de « petits poucets » comme Yext, Agora, Bigcommerce, PagerDuty, Box ou Qualys qui valent moins de 5 milliards de dollars en Bourse, sont souvent en pertes opérationnelles, mais affichent pour certaines des croissances très rapides de leur activité.

Volatilité

En quelques années, de nombreuses entreprises (le plus souvent fondées et cotées aux Etats-Unis) ont connu une explosion de leur valorisation.

Cette dynamique est captée par des indices spécifiques, notamment l’indice BVP Nasdaq Emerging Cloud.

Au cours des trois dernières années, l’indice a quasiment doublé de valeur (+98%), surperformant le NASDAQ (+89%) et l’indice S&P 500 (+64%).

Mais au cours des trois derniers mois, il a rechuté de 33%, quand le NASDAQ reculait de 12% et le S&P 500 de 4%.

Valorisations stratosphériques

Au 28 janvier 2022, l’indice affichait une valorisation médiane de 10,1x le chiffre d’affaires annualisé et de 8,4x le chiffre d’affaires attendu, contre un multiple de 3x environ pour l’indice S&P 500.

Certaines sociétés affichent des ratios autour de 25-30x, comme Snowflake (« No Moat ») qui vaut 34x le chiffre d’affaires attendu, Datadog (« Narrow Moat ») à 29x, Cloudflare à 28x, ou Zscaler (« Narrow Moat ») à 27x ou Atlassian (« Narrow Moat ») à 25x.

De tels niveaux de valorisation signifient que les investisseurs attendent de ces entreprises une croissance de l’activité forte et durable.

Cela signifie également qu’elles devront être en mesure de préserver leur avantage concurrentiel durant 25 à 30 ans, dans des segments de marché où les barrières à l’entrée sont parfois très faibles et où tout l’enjeu consiste à rendre les clients « accroc » aux solutions qui leur sont proposés.

Les analystes de Morningstar attribuent à certaines de ces sociétés une note de rempart économique « étroite » (« Narrow Moat »), ce qui signifie qu’ils pensent que ces entreprises devraient être en mesure de conserver leur avantage concurrentiel durant une dizaine d’années.

C’est déjà bien, mais cela n’est sans doute pas suffisant pour justifier des valorisations aussi élevées que certaines des valeurs déjà citées.

 

 

© Morningstar, 2022 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Adobe Inc512,15 USD1,53Rating
Agora Inc ADR4,49 USD-1,54
Atlassian Corporation PLC A260,58 USD2,60Rating
BigCommerce Holdings Inc Ordinary Shares Series 16,83 USD-1,59
Box Inc Class A34,28 USD2,30Rating
Cloudflare Inc104,23 USD-0,01Rating
Datadog Inc Class A154,83 USD7,63Rating
PagerDuty Inc20,67 USD4,18
PayPal Holdings Inc86,77 USD2,30Rating
Qualys Inc153,37 USD2,12Rating
Salesforce.com Inc342,02 USD1,86Rating
Snowflake Inc Ordinary Shares - Class A167,44 USD-2,28Rating
Yext Inc8,41 USD5,79
Zscaler Inc210,96 USD1,77Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.