De quasi certaine début mars, la « large » victoire d’Emmanuel Macron (La République en Marche ou LREM) au premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 10 avril, est devenue plus difficile.
Marge d'erreur
Le président de la République, auréolé de son rôle de « chef de guerre », n’a pas pris la mesure des implications de la guerre sur l’économie, en particulier à travers l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages, mais également sur l’environnement plus incertain qui rend plus difficile les prises de décisions en matière d’investissement des entreprises.
Son « assurance » de réélection est d’autant plus compliquée que le taux de participation est attendu en net repli par rapport à la dernière présidentielle et que son adversaire principale, Marine Le Pen (Rassemblement National) a fait campagne sur la thématique du pouvoir d’achat, faisant au passage oublier ses acquointances passées avec Vladimir Poutine.
Les marchés financiers ont commencé à prendre note de cette évolution de l’électorat et des chances de victoire de l’un et l’autre camp.
Repli boursier
Depuis le début de l'année, l'indice CAC 40 recule de 6,6%, mais cette baisse s'explique avant tout par une contraction de 10% du multiple de valorisation des actions (P/E 12 mois forward).
Cette baisse de la Bourse de Paris s'explique aussi par le contexte économique et politique international, mais l'incertitude sur le résultat de l'élection présidentielle semble jouer un rôle croissant.
« La ré-élection de Macron serait un élément positif pour la cohésion de l’Union européenne. Au plan domestique, la poursuite des réformes du marché du travail, l’augmentation de l’âge de la retraite et les baisses d’impôts pour les entreprises devraient accroître les perspectives de croissance à moyen terme », veut croire Jean-Baptiste Pethe, économiste chez BNP Paribas Exane, dans une note datée du 1er avril.
A l’inverse, la victoire d’un candidat populiste (outre Marine Le Pen figure dans cette catégorie Jean-Luc Mélenchon) « le risque souverain de la zone euro pourrait bondir », écrit l’économiste, qui chiffre à respectivement 100 et 150 points de base cette hausse du spread souverain en cas de victoire de Mme Le Pen ou de M. Mélenchon.
Titres défensifs
Dans une telle hypothèse, BNP Paribas Exane recommande d’éviter les banques, de privilégier les titres défensifs et de choisir sélectivement certaines entreprises dans le secteur de la consommation.
Les stratégistes de Goldman Sachs soulignent eux aussi les implications européennes de l’élection française.
Dans une note du 8 avril, ils observent : « Depuis l’invation de l’Ukraine (…), les actions et les spreads souverains ont été résilients (…) [grâce] à la réponse rapide et coordonnée des dirigeants européens sur les plans diplomatique et budgétaire, le Président Macron jouant un rôle clef dans l’action de l’UE. »
« Un changement à la présidence de la République française ou l’augmentation des chances de victoire de Le Pen pourrait provoquer un stress sur les marchés financiers et une augmentation de la prime de risque actions », ajoutent-ils.
Focus sur les valeurs domestiques
Sean Darby, stratégiste chez Jefferies, souligne qu’un certain nombre d’entreprises cotées en France affichent des fondamentaux et des multiples de valorisation attrayants en termes de rentabilité du capital et de rendement des flux de trésorerie disponible (« free cash-flow yield »), en particulier dans un contexte de remontée des taux.
Il maintient toutefois une vue « modérément positive » (« Modestly Bullish ») sur les actions françaises au sein d’une allocation globale.
Pour les stratégistes de Goldman Sachs, les actions domestiques pourraient rebondir après une période de sous-performance en cas de victoire de Macron, mais « un faible taux de participation ce dimanche pourrait provoquer plus de sous-performance et de volatilité entre les deux tours de l’élection. »
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