Lundi 16 mai en clôture de Wall Street, l’action Twitter (« Narrow Moat ») cotait 37,39 dollars… Bien en-deçà des 54,20 dollars (31% environ), le prix d’achat proposé aux actionnaires du réseau social par Elon Musk.
Il est intéressant de noter que depuis que le milliardaire a fait son offre, l’action Twitter n’a jamais atteint le prix d’achat proposé (elle a atteint un plus haut en clôture de 51,67 dollars le 25 avril).
Pourquoi ?
Lorsque les investisseurs sont persuadés qu’une transaction va aller à son terme, dans le cadre d’une offre publique d’achat, le cours de Bourse de la cible cote généralement au niveau du prix offert.
S’ils pensent que la cible mérite une meilleure offre ou qu’un « chevalier blanc » (une surenchère) pourrait survenir, le cours de Bourse peut coter au-dessus du prix proposé par l’acquéreur.
Mais lorsque les investisseurs doutent de la réalisation de la transaction, le cours de Bourse évolue en-dessous du prix offert.
Dans le cas de Twitter, plusieurs indices peuvent expliquer leur scepticisme.
Le premier élément, peu commenté, est le faible prix en dédommagement que Musk devrait payer s’il abandonne son projet de rachat. Musk n’aurait en effet à débourser que 1 milliard de dollars, soit environ 2,26% des 44 milliards de dollars offerts pour racheter Twitter – un niveau considéré comme bas au regard des pratiques habituelles (plutôt vers 4-5% soit au moins le double).
Le deuxième élément est plus récent, puisque Musk a annoncé une « mise en suspens » de son offre dans l’attente de la confirmation de certaines informations diffusées par Twitter sur le nombre exact de comptes actifs.
Le dernier élément est l’environnement de marché devenu de plus en plus volatil et défavorable aux valeurs technologiques, preuve que le patron de Tesla a sans doute mal compris le changement de régime sur les marchés financiers, qui pénalise les entreprises trop chèrement valorisées au regard de leurs perspectives de croissance.
Tout ceci conduit certains observateurs à se demander si Musk ne va pas revoir à la baisse le prix offert.
C’est une hypothèse soulevée par les analystes de Jefferies dans une note du 16 mai.
« Les commentaires récents de Musk suggèrent qu’ils essaie de négocier un prix d’achat plus bas », écrivent-ils.
« L’indice NASDAQ Composite perd 25% depuis le début de l’année et Musk réalise qu’il est peut-être en train de surpayer » la société. « Nous avons regardé historiquement et avons découvert que Twitter a toujours indiqué que le nombre de comptes fictifs était inférieur à 5% du nombre total d’utilisateurs actifs quotidien, nous amenons à nous interroger sur la validité des inquiétudes de Musk. »
Le prix de l’offre initiale de Musk valorise Twitter 24x son EBITDA. Mais au dernier cours de clôture, la société ne vaut que 16,2x l’EBITDA.
Si sa valorisation était plus en ligne avec d’autres acteurs de l’internet comme Meta (« Wide Moat ») ou Alphabet (« Wide Moat »), Twitter devrait plus se traiter sur un mutiple d’EBITDA de 9,1x, soit un cours de Bourse de 22,50 dollars environ.
Pour les analystes de Jefferies, ce dernier prix de 22,50 dollars serait le cours de Bourse que pourrait atteindre Twitter si Musk retirait purement et simplement son offre. Soit un potentiel de baisse supplémentaire de 40% par rapport au dernier cours de clôture du réseau social.
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