La multiplication des phases de baisse et de rebond cette année a de quoi mettre durement à l’épreuve le moral des investisseurs.
Le troisième trimestre 2022 a été marqué, comme les trimestres précédents, par une tentative de rebond des marchés actions mondiaux, suivis d’une correction.
Cette nouvelle phase de baisse est toujours alimentée par les mêmes moteurs : l’inflation, même si elle semble refluer, reste à des niveaux élevés.
Les autorités monétaires, Fed en tête, qui ont trop tardé à agir, mettent les bouchées doubles pour remonter les taux et ouvrent de plus en plus la voie à une récession de l’économie mondiale, qui arrivera sans doute en Europe avant de toucher les Etats-Unis, guerre en Ukraine et flambée des prix de l’énergie obligent.
Jusqu’ici la baisse des marchés actions dans le monde s’est traduite essentiellement par une chute des multiples de valorisation.
En début d’année, le P/E du marché américain était de 21,5 les profits estimés à 12 mois selon Factset. Il était au même moment de 16,2x en Europe.
A fin septembre, ces mêmes multiples ont chuté à respectivement 15,3x et 10,9x, et se situent en-deçà de leur moyenne historique (plus fortement en Europe qu’aux Etats-Unis cela dit).
Ceci signifie que les investisseurs sont pessimistes, voire très pessimistes, sur l’évolution à venir des résultats des entreprises et l’économie en général.
Or jusqu’ici, les estimations de résultats, qui sont un autre facteur déterminant du niveau des marchés, ont plutôt tenu.
Nombre d’entreprises ont fait état de carnets de commandes solides au moins au cours du premier semestre et étaient en mesure de faire passer des hausses de prix ou de réaliser des ga ins de productivité pour faire face aux difficultés d’approvisionnement et à l’inflation de leurs intrants.
Récession des profits
Mais au cours de l’été, des fissures sont apparues sur ce font, avec une multiplication d’avertissement sur chiffre d’affaires ou résultats.
On s’attend donc à ce que les estimations de profits des entreprises, qui ont plutôt eu tendance à se maintenir voire à être revues à la hausse jusqu’ici, ne commencent à reculer.
En s’amplifiant, ce mouvement se traduirait par une « récession des profits » dans les mois à venir et alimenterait logiquement une nouvelle phase de baisse des Bourses dans le monde.
Celles-ci ont donc de grandes chances d’être volatiles et de le demeurer aussi longtemps que les autorités monétaires maintiendront une poliltique restrictive.
A cela pourrait s’ajouter des erreurs de politique budgétaire (le Royaume-Uni en a donné un exemple tout récemment) avec un dérapage incontrôlé des taux, qui, dans un contexte de fort endettement, pourrait peser sur la croissance (en particulier si ces dépenses devaient être flêchées vers des mesures de court terme plutôt que d’investir dans la transition énergétique ou l’amélioration des infrastructures, des systèmes de santé et d’éducation).
Les mois à venir vont s’annoncer encore très agités. On ne peut exclure un sursaut des marchés, mais la baisse récente montre que les investisseurs sont encore très prudents à l’égar des actifs risqués. Et ils devraient le rester encore quelques temps.
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