(Cette dépêche a initialement été diffusée vendredi 30 décembre 2022 après la clôture des marchés européens)
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le SBF 120 a clôturé vendredi en baisse de 1,5%, à 4.973,29 points, tout comme le CAC 40, qui termine l'année à 6.473,76 points. En 2022, les deux indices ont respectivement perdu 10,3% et 9,5%, et s'en sortent un peu mieux que le Stoxx Europe 600, qui a dans le même temps abandonné 12,9%.
Alors que l'année avait débuté sous le signe du variant Omicron du coronavirus, les préoccupations d'ordre sanitaire ont rapidement laissé la place en 2022 à une nouvelle crise, énergétique cette fois. L'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février a en effet provoqué une envolée des prix du pétrole et du gaz naturel, venue alimenter une inflation qui s'installait déjà en raison de tensions mondiales sur les approvisionnements.
Dans un contexte économique assombri par le conflit en Ukraine et l'inflation, qui a poussé les banques centrales à mettre en oeuvre un cycle de resserrement monétaire historique par son ampleur et sa rapidité, les investisseurs ont redéfini leurs priorités. Au sein du SBF 120, les secteurs de la défense et de l'énergie ont été plébiscités en 2022, tandis que les entreprises les plus endettées ont été délaissées.
Face à la hausse des coûts d'emprunt, qui restera un thème majeur pour les marchés en 2023, les banques pourraient tirer leur épingle du jeu. Les secteurs liés à la consommation des ménages (loisirs, tourisme, distribution, biens de consommation non essentiels) risquent, eux, de pâtir de la baisse attendue du pouvoir d'achat dans un contexte de forte inflation et de ralentissement économique.
Si la plupart des économistes anticipent une récession prochaine en Europe et aux Etats-Unis, son ampleur pourrait être limitée par la reprise de l'économie chinoise en 2023, Pékin venant de mettre fin à la politique "zéro Covid" en place depuis trois ans. Les entreprises les plus tournées vers l'international pourraient tirer parti de cette situation. Certains analystes mettent cependant en garde contre les conséquences à court terme de l'actuelle flambée des contaminations en Chine, qui pourrait entraîner de nouvelles perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT REALISE LES MEILLEURS PARCOURS EN 2022:
-L'avionneur Dassault Aviation (66,5%) a survolé le SBF 120 en 2022. A l'image de Thales, dont il détenait 24,6% du capital à fin juin 2022, Dassault Aviation a bénéficié du regain d'intérêt des investisseurs pour le secteur de la défense suite à l'offensive russe en Ukraine. Ce regain de tensions géopolitiques a conduit de nombreux pays à augmenter leur budget de défense, particulièrement en Europe. Dans ce contexte, l'avion de combat de Dassault Aviation, le Rafale, a de nouveau su séduire, notamment l'Indonésie qui a signé pour 42 exemplaires. Autre bonne nouvelle: Dassault Aviation est finalement parvenu à s'entendre avec Airbus concernant le partage des tâches sur le projet d'avion de combat de nouvelle génération (NGF). En 2023, les investisseurs se montreront attentifs à l'évolution de la demande de jets d'affaires, qui pourrait pâtir du ralentissement de la croissance mondiale.
-Entré au SBF 120 voilà à peine deux semaines, SES-imagotag (+62,2%) réalise un parcours flamboyant en Bourse. La capitalisation boursière du premier fabricant mondial d'étiquettes électroniques a quadruplé en deux ans. En mars, le groupe a marqué les esprits en remportant auprès du numéro un mondial de la grande distribution Walmart un contrat qui pourrait dépasser les 2,5 milliards d'euros, soit près de six fois le chiffre d'affaires réalisé en 2021. Les analystes estiment que ce contrat, qui confirme la supériorité technologique de SES-imagotag sur la concurrence, en amènera d'autres. Le plan stratégique 'Vusion 2027', présenté en novembre, prévoit d'ailleurs une croissance du chiffre d'affaires supérieure à 40% en 2022, puis de plus de 30% par an en moyenne jusqu'à atteindre 2,2 milliards d'euros en 2027. SES-imagotag table aussi sur une expansion de ses marges d'environ 60% par an. De quoi faire oublier une valorisation élevée: le titre se paye plus de 37 fois les bénéfices attendus en 2023, contre 12,2 fois pour son nouvel indice de référence.
-Thales (59,5%) a signé de loin la meilleure performance du CAC 40 en 2022. Comme l'ensemble des valeurs liées à la défense, le groupe a été porté en Bourse par l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février, ce qui a conduit de nombreux pays, particulièrement en Europe, à revoir leur budget de défense à la hausse pour les années à venir. Les sirènes de la guerre ont ainsi replacé le secteur de la défense sur le radar du marché, alors qu'il pâtissait de la désaffection des investisseurs sensibles aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). L'année écoulée n'a toutefois pas été exempte d'embûches pour Thales, qui a eu maille à partir avec le groupe russophone d'extorsion et de rançongiciel LockBit 3.0, mais aussi, plus récemment, avec l'autorité britannique de la concurrence concernant la cession de son activité GTS à Hitachi. En 2023, les investisseurs surveilleront l'évolution des activités d'aéronautique civile du groupe, qui ont souffert récemment de la lenteur du redressement du marché des avions gros porteurs.
-Pour le groupe d'études par enquêtes Ipsos (+41,8%), 2022 a été une année faste. Après avoir subi fin 2021 des turbulences liées à sa gouvernance, Ipsos a vite redressé la barre cette année, grâce à une activité robuste, des retours supplémentaires aux actionnaires et de nouvelles prévisions à l'horizon 2025 ambitieuses. Pour Oddo BHF, Ipsos est en "bonne position pour aborder 2023", car le groupe possède un profil "assez défensif [...] par rapport aux incertitudes macroéconomiques", du fait notamment d'une bonne diversification géographique et de la solidité de son bilan.
-Le fabricant de tubes sans soudure pour l'industrie pétrolière Vallourec (+39,4%) a retrouvé des couleurs en 2022, soutenu par un rebond de la demande des producteurs nord-américains. Le groupe a engrangé plusieurs gros contrats, notamment en Guyane avec ExxonMobil, ainsi qu'un premier contrat de long terme (10 ans) en Arabie Saoudite. Fin novembre, l'agence de notation S&P a relevé d'un cran la note de crédit à long terme du groupe, tablant sur la poursuite d'une forte demande aux Etats-Unis en 2023 et sur une contribution positive de sa mine de fer au Brésil. Vallourec devrait également enregistrer en 2023 les premières retombées de sa restructuration, qui se traduira par la fermeture de plusieurs sites en Allemagne et en France et le transfert d'une partie de ses activités au Brésil.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT ACCUSE LES PLUS FORTS REPLIS EN 2022:
-Orpea (-93%) a vécu une véritable descente aux enfers depuis les révélations en janvier du livre-enquête "Les Fossoyeurs" sur la gestion de ses établissements. Fragilisé financièrement par la crise qu'il traverse, l'exploitant de cliniques et de maisons de retraite a conclu en mai un accord avec ses principaux partenaires bancaires et lancé une revue stratégique de ses actifs afin de se désendetter progressivement. Le groupe a ensuite largement remanié sa direction, avec l'arrivée de Laurent Guillot au poste de directeur général et de Guillaume Pepy, l'ancien patron de la SNCF, à la présidence du conseil. Ses performances financières et son bilan ayant continué de se dégrader, le groupe s'est placé en octobre sous protection judiciaire avant d'annoncer un plan de restructuration massif, basé sur deux augmentations de capital d'un montant total supérieur à 5 milliards d'euros, représentant plus de dix fois sa capitalisation boursière. Deux investisseurs activistes, le groupe familial Mat Immo Beaune et la société de gestion Nextstone, montés à hauteur de 5,3% au capital d'Orpea, ont riposté avec un projet alternatif de restructuration financière aussitôt rejeté par la direction. Les prochaines semaines s'annoncent cruciales pour Orpea qui devra convaincre ses actionnaires et créanciers de la pertinence de son plan de refondation.
-Solutions 30 (-76%) a perdu les trois quarts de sa valeur boursière en 2022, la croissance des ventes du fournisseur de services d'assistance numérique ayant subi un net coup d'arrêt dès fin 2021. Au cours des 12 derniers mois, les difficultés de l'entreprise se sont accumulées: au ralentissement du déploiement de la fibre optique en Europe se sont ajoutées des ruptures dans les chaînes d'approvisionnement, avec la crise sanitaire en toile de fond. De manière directe ou indirecte, la pandémie de Covid-19 a empêché la bonne exécution d'importants contrats, liés à la transition énergétique notamment, qui devaient servir de relais de croissance à l'ex-PC30. Dans ce contexte, les discussions visant à faire entrer un actionnaire de référence au capital de Solutions 30, et à réveiller son cours de Bourse, tardent à déboucher sur un accord. Malgré la faible valorisation du groupe reflétée par une action évoluant à son plus bas niveau en plus de sept ans et demi.
-Le groupe de services informatiques Atos (-75,9%) a connu une nouvelle année noire, plombée par des errances de gouvernance et un projet de scission qui a laissé les investisseurs perplexes. Arrivé en janvier en provenance de l'opérateur satellitaire Eutelsat, le directeur général Rodolphe Belmer a quitté son poste à la mi-juillet. Il a été remplacé par Nourdine Bihmane, qui est épaulé de deux directeurs généraux délégués, Philippe Oliva et et Diane Galbe. Ce remaniement a eu lieu à peine un mois après l'annonce d'un projet de séparation du groupe en deux sociétés distinctes: Tech Foundations, qui regroupera les activités historiques d'infogérance, et Evidian, qui réunira l'informatique dématérialisée ("cloud"), les données massives, ou "big data", et la cybersécurité. Dans l'attente de cette opération, prévue au second semestre 2023, la visibilité risque de rester restreinte pour Atos, d'autant que la conjoncture économique mondiale se détériore.
-Valneva (-74,6%) a perdu près des deux tiers de sa valeur boursière en 2022 après avoir flambé de plus de 200% en 2021. Les investisseurs qui spéculaient sur les perspectives offertes par son candidat-vaccin contre le Covid-19, le VLA2001, sont tombés de haut. Faute d'avoir obtenu le feu vert de l'Agence européenne des médicaments (EMA) dans les délais impartis, la société de biotechnologies a vu la commande reçue de la Commission européenne réduite de 60 millions à 1,25 million de doses. En l'absence d'autres contrats, Valneva a annoncé en novembre une réduction de 20% à 25% de ses effectifs et la suspension de la production du vaccin. Le groupe compte désormais sur le reste de son portefeuille de produits en développement pour redorer son blason. Il a ainsi levé en septembre plus de 100 millions d'euros lors d'une augmentation de capital destinée à poursuivre le développement clinique de deux candidats-vaccins: le VLA1553 contre le chikungunya et le VLA15 contre la maladie de Lyme. Le groupe a déposé en décembre une demande d'autorisation du VLA1553 aux Etats-Unis et prévoit de faire de même en Europe au premier semestre 2023. Après avoir multiplié les déboires cette année, Valneva devra convaincre autorités de santé et investisseurs des mérites de ce vaccin.
-Korian (-63,7%) a été emporté en 2022 par l'effet Orpea. Depuis le scandale, l'exploitant de maisons de retraite et de cliniques a pourtant multiplié les efforts pour distinguer son modèle économique de celui de son concurrent. Le groupe juge ainsi que sa dette financière nette - 3,6 milliards d'euros au 30 juin - est raisonnable et souligne que le poids de sa dette immobilière se situe à 55%, contre 85% pour d'autres acteurs du secteur. Coté opérationnel, Korian a relevé en juillet son objectif de croissance organique pour 2022 et table sur une marge d'excédent brut d'exploitation (Ebitda), avant prise en compte de la norme comptable IFRS 16, proche des 13,7% atteints en 2021. En Bourse, Korian compte sur l'ESG (environnement, social et gouvernance) pour redresser la barre. Dans ce cadre, le groupe adoptera en 2023 le statut de société à mission avec des engagements extra-financiers renforcés tout en intégrant davantage ses parties prenantes - patients, familles, collaborateurs - dans sa gouvernance.
-Valérie Venck, Vincent Alsuar, Dimitri Delmond, Alice Doré, Pierre-Jean Lepagnot et François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 48 25; vvenck@agefi.fr ed: DID - VLV - LBO
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