« Chaud devant ». Cette expression des serveurs de café pour annoncer l’arrivée d’un plat pourrait bien s'appliquer à la bourse française.
Avec un rebond de 6 % depuis le début de l'année, l'indice Morningstar France démarre solidement cette année, après avoir surperformé l'Europe depuis quelques temps.
Nous avons analysé la performance récente de l'indice pour comprendre ses moteurs et s'ils semblent durables.
En 2022, l'indice Morningstar France n'a perdu que 8,3 % tandis que l’indice Morningstar Global Markets a reculé de 13 %. L'année précédente, il avait bondi de 28 %, à égalité avec les actions mondiales (tous les chiffres de performance sont en euros).
Sans être époustouflante, au cours des 10 dernières années, la France est l'un des pays les plus performants d'Europe, ne perdant que face au Danemark, aux Pays-Bas, à la Finlande et à la Suisse - tous des marchés plus petits et plus concentrés.
Si l'indice Morningstar Danemark est l’un des plus performants d’Europe, cela s’explique fortement par la société pharmaceutique Novo Nordisk, qui contribue à 46 % de sa performance.
L’indice Morningstar Pays-Bas est très dépendant du sort d'ASML (31 % de l'indice), tandis que Nestlé, Roche et Novartis représentent respectivement 20,1 %, 13,9 % et 13,7 % de l'indice suisse.
Leaders mondiaux
Alors que la France est depuis longtemps aux prises avec un certain nombre de problèmes structurels - baisse du taux de natalité, recul de la productivité, déclin industriel, insuffisance d'entreprises de taille intermédiaire, déficits des politiques publiques de formation et d’innovation, intervention politique et étatique excessive - elle abrite un certain nombre d'acteurs mondiaux de premier plan dans une grande variété d'industries.
Cette diversité se reflète quelque peu dans l'indice CAC 40.
Les investisseurs devraient probablement se tourner vers des indices plus larges, tels que l'indice Morningstar France ou l’Euronext CAC All-Tradable, pour avoir une meilleure vision de la composition du marché boursier français.
A la fin de l'année dernière, les composantes de l'indice Morningstar France ont atteint une capitalisation boursière totale de 2.450 milliards d'euros, proche du PIB du pays de 2.600 milliards d'euros (sur les 12 derniers mois).
Les produits de luxe ouvrent la voie
L'une des raisons pour lesquelles la Bourse de Paris se porte bien est en partie parce que les actions de luxe ont surperformé et ont gagné en poids dans l'indice au fil des ans.
Fin 2022, LVMH représentait 10,7 % de l'indice Morningstar contre 3,6 % fin 2010. Le poids d'Hermes International a presque triplé à 3,02 % contre 1,01 % douze ans plus tôt.
Kering, une autre société de luxe, a décliné de manière plus substantielle l'année dernière, principalement en raison de performances inférieures à la moyenne de sa marque Gucci. Mais son poids dans l'indice est passé de 1,1 % à 2,5 % au cours des 12 dernières années.
L'augmentation du poids du luxe s'est accompagnée d'un mouvement similaire pour quelques entreprises défensives, telles que Sanofi (santé), L'Oréal, EssilorLuxottica (consommation de base), Pernod Ricard ou Danone (alimentation et boissons).
Croissance rentable
Cela reflète également l’amélioration de la fondamentaux pour la plupart, avec une croissance solide et rentable depuis la crise financière mondiale de 2008, mais également l’appréciation de leurs multiples de valorisation, alimentée par la baisse des taux d'intérêt (jusqu’à la fin de 2021).
Ainsi, le résultat net cumulé des trois leaders mondiaux du luxe est passé de 4,2 Md€ à 17,6 Md€ en 2021 et devrait atteindre 28,1 Md€ en 2025, selon le consensus.
Les valeurs défensives précitées ont vu leurs bénéfices augmenter à 16 milliards d'euros en 2021 contre 11,1 milliards d'euros en 2010.
L'énergie s'est également très bien comportée l'an dernier, avec TotalEnergies bondissant de 28 %, ainsi que les valeurs de l'aéronautique et de la défense comme Safran ou Thales, qui ont gagné respectivement 8,6 % et 58,7 %.
Quelques entreprises attrayantes
Bon nombre des sociétés qui ont le plus contribué à la récente surperformance du marché français se négocient aujourd'hui avec une prime par rapport à leur estimation de la juste valeur Morningstar (tableau).
Mais plusieurs affichent des valorisations relativement attrayantes selon la recherche des analystes Morningstar (titres notés 4 et 5 étoiles).
Plus globalement, le multiple de valorisation médian des 142 composantes de l'indice Morningstar France est faible par rapport à l'histoire, se négociant à 12,5x les bénéfices estimés pour 2023, selon le consensus, contre un ratio P/E médian sur 20 ans de 16x.
Cette décote reflète la faiblesse des multiples de valorisation de plusieurs grandes capitalisations : TotalEnergies, Sanofi, BNP Paribas, AXA, Engie, Saint-Gobain, Capgemini et Vinci se négocient actuellement avec une décote par rapport à leurs multiples de valorisation historiques.
Pourtant, quelques-uns d'entre eux devraient profiter d'une solide croissance de leurs bénéfices au cours des prochaines années (c’est particulièrement vrai pour Total, dont les profits bondiront en 2022).
En moyenne, les constituants de l'indice Morningstar devraient voir leurs bénéfices croître de 7,7 % par an jusqu'en 2025, selon les données du consensus.
La chasse aux bonnes affaires reste ouverte, et l’année 2023 pourrait voir d’autres opportunités émerger si le regain de volatilité attendu devait se confirmer.
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