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La guerre devrait accélérer la transition climatique

Si les bénéfices des majors pétrolières se sont envolés, les craintes qu'elle ne fasse échouer la transition vers les énergies renouvelables se sont révélées infondées.

Valerio Baselli 21.02.2023
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2022 a été une année de bouleversements historiques - au milieu de la guerre et de la pénurie d'énergie, pour la première fois de l'histoire, l'énergie solaire et éolienne a généré plus d'électricité que le gaz au sein de l'Union européenne.

Selon les données du groupe de réflexion sur les énergies renouvelables Ember basé à Londres, l'année dernière, 22 % de l'électricité de l'UE a été générée par des panneaux solaires et des éoliennes, contre 20 % par l'utilisation du gaz naturel.

« L'Europe a évité le pire de la crise énergétique », déclare Dave Jones, responsable des données chez Ember.

« Les chocs de 2022 n'ont provoqué qu'une faible augmentation (1,5 %) de l'électricité au charbon et en même temps une énorme augmentation du soutien aux énergies renouvelables. »

Toutes les craintes d'une reprise du charbon sont désormais caduques.

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Le changement historique a été un choix imposé par l'invasion de l'Ukraine, les sanctions européennes qui ont suivi contre Moscou, l'arrêt presque complet des importations de gaz russe et la flambée des prix et de la volatilité qui en a résulté .

Après avoir atteint un niveau record en août dernier à 340 € par mégawattheure, les contrats de gaz naturel négociés sur la plateforme néerlandaise TTF oscillent actuellement autour de 51 € par MWh, au plus bas depuis septembre 2021.

À seulement un mois de l'hiver, les stockages européens sont remplis à 65 %, bien au-dessus de la moyenne décennale de 53 % pour cette période de l'année.

Au milieu des bonnes nouvelles, la volatilité et l'incertitude sur les marchés de l'énergie sont  loin d'être terminées, en particulier face au  rebond de la demande chinoise  après de longues périodes de confinement.

« Les prix de gros du gaz et de l'électricité ont grimpé en flèche depuis le début de la crise énergétique en 2021, et ils resteront bien au-dessus de leur moyenne historique », déclare Tancrede Fulop, analyste actions chez Morningstar.

« Nous pensons qu'ils se normaliseront vers le milieu de cette décennie dans le sillage d'une réduction structurelle de la consommation de gaz en Europe et d'un rééquilibrage du marché mondial du gaz avec la mise en service de nouvelles usines de liquéfaction de gaz. »

Électrifier l'offre et la demande

La guerre en Ukraine a mis l'accent de la politique européenne sur la diversification des approvisionnements énergétiques et sur la gestion de la demande grâce à une plus grande efficacité - l'électrification et les énergies renouvelables sont essentielles pour les deux.

En mai dernier, Bruxelles a lancé le plan REPowerEU, un programme de 300 milliards d'euros destiné à mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles russes et à stimuler les investissements dans les énergies renouvelables, avec l'objectif de construire jusqu'à 45 % du mix énergétique d'ici 2030.

« L'énergie solaire devrait augmenter à 600 GW d'ici 2030 et à plus de 320 GW d'ici 2025, soit plus du double des niveaux actuels », selon Fulop.

« Les plus opérateurs de services collectifs européens diversifiés n'ont pas attendu la crise dezl'énergie pour orienter leurs investissements vers les énergies renouvelables.

Ils ont commencé à le faire au cours de la dernière décennie alors que les prix de l'électricité étaient déprimés et que les investissements dans les énergies renouvelables bénéficiaient de subventions élevées.

Nous estimons que les services publics européens que nous couvrons consacreront plus de 40 % de leurs investissements aux énergies renouvelables dans les années à venir.

Une bonne partie du reste des investissements ira aux réseaux qui doivent être modernisés et étendus pour accueillir la croissance des énergies renouvelables. »

L'augmentation de la production d'énergies renouvelables est un aspect de la transition, mais l'électrification des utilisations énergétiques sera la clé de sa réussite, prévient Roman Boner, gestionnaire de portefeuille de la stratégie RobecoSAM Smart Energy Equities.

« Ce changement sera impulsé non seulement par les marchés des transports, mais aussi par les bâtiments, grâce à l'efficacité énergétique, et par les marchés industriels, grâce à l'électrification des processus de production. »

La semaine dernière, le Parlement européen a approuvé une interdiction controversée des nouvelles ventes de voitures à essence et diesel émettant du carbone d'ici 2035.

Le plan de l'UE soutient également l'électrification des bâtiments et des entreprises et étend les investissements dans les infrastructures reliant les économies du bloc.

« À court terme, de nombreuses entreprises devront faire face à des coûts considérables, en particulier dans les secteurs difficiles à électrifier », selon Boner.

« Cependant, les coûts de production des énergies renouvelables diminuent par rapport à ceux des formes d'énergie conventionnelles, et à mesure que les coûts de l'énergie conventionnelle montent en flèche, les consommateurs et les secteurs à forte intensité énergétique finiront par accélérer leur transition énergétique. »

Cycle d'investissement massif

Au-delà de l'Europe, les plus grandes économies mondiales se sont déjà fixé des objectifs ambitieux pour augmenter la part des énergies renouvelables dans leur mix énergétique national.

Aux États-Unis, le récent Inflation Reduction Act  (IRA) consacre près de 400 milliards de dollars au développement de la production et du stockage des énergies renouvelables domestiques et à l'utilisation d'énergies propres par les consommateurs.

« Malgré les défis actuels, l'électrification semble être au début d'un énorme cycle d'investissement qui s'étendra à tous les secteurs », commente encore Roman Boner.

« Nous pensons que nous sommes proches d'un point de basculement où les gouvernements cesseront d'encourager les combustibles fossiles et encourageront l'adoption de technologies qui facilitent l'électrification complète des économies. »

À mesure que le mix énergétique se diversifie et que les clients bénéficient de plus de flexibilité, la concurrence entre les sources d'énergie ne fera qu'augmenter.

 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.