PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les marchés de taux continuent de donner le tournis aux investisseurs.
Après avoir chuté dans le sillage des craintes au sujet du secteur bancaire américain puis de Credit Suisse, les rendements des emprunts d'Etat, américains comme de la zone euro, sont repartis à la hausse.
Ils n'ont toutefois pas retrouvé leurs points hauts de début mars dans le sillage des propos particulièrement restrictifs de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed), devant la commission bancaire du Sénat américain, qui avaient provoqué une envolée des taux et un réajustement massif des anticipations de taux de la Fed. Du passé désormais.
Les mouvements les plus violents l'ont été sur la partie courte des courbes, les taux 2 ans, la plus sensible à la politique monétaire.
« Ils sont environ 50 points de base (pb) au-dessus de ce qu'ils étaient vendredi 24 mars vers midi, mais toujours en baisse d'environ 100 pb par rapport à leur niveau du 9 mars », relève Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. « L'amélioration de la confiance était également évidente sur le marché à terme des taux Fed funds. »
Le rendement des emprunts 10 ans américains a également fait les montagnes russes, passant de 4,06% le 2 mars à 3,37% vendredi dernier, avant de reprendre 20 pb. Même trajectoire pour les emprunts de la zone euro. Le rendement des titres à 10 ans a baissé de 65 pb environ avant de reprendre 20 pb, à 2,3%, et le 2 ans de 100 pb avant de regagner 25 pb.
L'amélioration de la confiance, alors qu'aucune mauvaise nouvelle sur le secteur bancaire n'est venue perturber le marché, avec un recul des craintes de contagion, explique le rebond des taux.
Pour les stratégistes d'ING, le niveau de 4% pour les emprunts à 2 ans américains est un marqueur pour le marché.
Pour qu'il soit franchi durablement à la baisse, il faudrait que le marché anticipe plus que les trois diminutions des Fed funds prévues d'ici à la fin de l'année par les investisseurs. Et le mouvement est limité à la hausse.
ING ne s'attend pas à un retour aux niveaux d'avant l'épisode Silicon Valley Bank (SVB). "Nous devons être aussi prudents que possible car les changements de sentiment du marché au cours des dernières semaines ont été soudains et violents", préviennent ces stratégistes.
Décalage
« Le calme relatif continue de se faire sentir surtout dans la révision des prix du marché obligataire », poursuit Jim Reid. Un retour à une certaine normalité très relative.
Mi-mars, l'indice Move de volatilité des taux a atteint un plus haut, à près de 200, depuis la crise financière de 2008. Et malgré ce retour relatif au calme, la volatilité sur les taux reste élevée, autour de 170, toujours au plus haut depuis 2008.
« Une des choses fascinantes de ces trois dernières semaines a été la déconnexion entre la volatilité des obligations et celle des actions », ajoute Jim Reid. Elle atteint des niveaux extrêmes par rapport aux épisodes de stress passés. Cela s'explique par des positions courtes sur les obligations et des allocations faibles sur les actions avant le choc sur SVB.
« Par rapport à d'autres événements majeurs depuis 1990, la période actuelle est similaire à celle de l'effondrement de Bear Sterns en 2008 », rappelle Jim Reid.
Mais la volatilité des taux et des actions avait ensuite convergé vers les extrêmes à mesure que le marché intégrait totalement la récession.
« Peut-être que la volatilité des obligations évolue en premier, car la réévaluation sur les marchés de taux est immédiate, alors que la hausse de la volatilité sur les actions est plus marquée quand l'impact sur l'économie se fait sentir. »
Un décalage lié à celui de l'effet de la politique monétaire.
-Xavier Diaz, L'Agefi ed : LBO
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