Nous conduisons une opération de maintenance sur notre outil de gestion de portefeuille. Nous espérons une résolution dans les plus brefs délais. Merci de bien vouloir patienter.

L'intelligence artificielle attise l'appétit des investisseurs

Avec l'émergence de ChatGPT, les géants de la tech aux Etats-Unis et en Chine espèrent avoir déniché un nouvel avenir.

Agefi/Dow Jones 11.05.2023
Facebook Twitter LinkedIn

IA

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Avec l'émergence de ChatGPT, le robot conversationnel dans lequel a investi Microsoft, tous les géants de la tech aux Etats-Unis mais aussi en Chine espèrent avoir déniché un nouvel avenir. "L'année 2022 a été une année d'inflexion pour l'intelligence artificielle (IA)", relève Anjali Bastianpillai, spécialiste produit chez Pictet AM. "L'année 2023 pourrait être l'année de rupture pour l'émergence de nombreux cas d'utilisation", ajoute-t-elle.

En quelques semaines, ChatGPT a atteint 100 millions d'utilisateurs, la croissance la plus rapide pour une application d'IA générative grand public. Et chacun veut sa part d'un marché qui pourrait doubler d'ici à 2026 à 900 milliards de dollars dans le monde, selon les prévisions de Bank of America. Outre-Atlantique, alors que Microsoft a annoncé en début d'année un investissement de 10 milliards de dollars dans OpenAI, la société qui développe ChatGPT, Alphabet, la maison mère de Google, a dévoilé son chatbot avancé Bard, puis Meta Platforms (Facebook) a présenté LLaMA en février dernier et, plus récemment, Amazon a lancé Bedrock. Seul Apple semble aujourd'hui en retrait.

Les valorisations des entreprises qui se cachent derrière ces robots ont récemment explosé. OpenAI, qui n'est pas cotée en Bourse, serait valorisée plus de 30 milliards de dollars. L'engouement autour de l'IA explique aussi la récente accélération du rebond des valeurs de la tech américaine. Alors que l'indice Nasdaq a gagné 16% depuis le 1er janvier, Meta a bondi de près de 100%, Apple de 30%, Microsoft de 28%, Amazon de 25% et Alphabet de 28%.

Mais l'intelligence artificielle est-elle véritablement le pari d'avenir qu'il ne faut surtout pas manquer ? Et surtout comment investir dans cette technologie ?

L'IA est loin d'être une nouveauté. Les chercheurs y travaillent depuis les années 1960. Mais elle s'est véritablement développée avec l'augmentation de la puissance de calcul des machines et le développement des bases de données. Le "machine learning", le "deep learning", le "large language model" (LLM) ou le "generative adversarial network" (GAN) sont des technologies différentes qui "font partie d'un même ensemble, l'intelligence artificielle de données", explique Jacques-Aurélien Marcireau, directeur-adjoint de la gestion actions chez Edram. "Il s'agit de la même technique à chaque fois améliorée, le but étant d'entraîner des machines à raisonner sur des données disponibles", précise-t-il.

Deux types de bénéficiaires

Deux types de bénéficiaires émergent : les sociétés offrant des solutions d'IA et certains fabricants de semi-conducteurs. "Nous considérons les entreprises de logiciels, de semi-conducteurs et d'équipements de semi-conducteurs comme les grands bénéficiaires de l'IA générative, la demande de semi-conducteurs augmentant à mesure que davantage de solutions de calcul, de mémoire et de réseau sont nécessaires", note la spécialiste de Pictet AM. Si l'intelligence artificielle est aujourd'hui possible, c'est grâce à la puissance de calcul des puces et à la taille des centres de données.

"Plus le résultat de la requête, comme un texte ou une image dans le cas de ChatGPT, est sophistiqué, plus le temps de calcul va être élevé", relève Christophe Nagy, gérant actions américaines chez Comgest. "Il faut cinq fois plus de semi-conducteurs dans les centres de calcul", ajoute-t-il. Nvidia ou AMD ont déjà des semi-conducteurs assez puissants pour ces modèles, selon Anjali Bastianpillai. Alphabet a développé ses propres puces pour ses centres de données qui lui confèrent un réel avantage dans ce domaine. Mais pour un investisseur, cela va aussi être une question de valorisation. "Nvidia a clairement profité depuis le début de l'année d'un effet ChatGPT", observe Christophe Nagy. "Mais nous sommes sceptiques sur cette valeur qui se paye désormais 60 fois les bénéfices anticipés à un an", souligne le gérant.

Le moyen le plus évident d'investir dans l'IA est au travers des géants américains de la technologie qui dominent en outre le marché de l'informatique dématérialisée ("cloud"). "Les barrières à l'entrée sont très élevées, car cela réclame d'énormes investissements que seuls quelques gros acteurs peuvent mobiliser, comme Microsoft ou Alphabet", affirme Anjali Bastianpillai pour lequel la clé réside dans la monétisation de ces applications, qui prendra du temps, notamment pour les acteurs arrivés le plus tard dans la course, comme Amazon.

La firme de Richmond est au cœur de cet engouement. "Microsoft va pouvoir monétiser cet investissement en intégrant ChatGPT à Bing pour affiner le résultat des recherches, mais surtout via sa suite Office et au travers de son offre de cloud Azure", poursuit le gérant de Comgest. En augmentant les fonctionnalités d'Office, avec des applications de sécurité, mais aussi d'intelligence artificielle, l'objectif est d'accroître le prix facturé. Pour l'heure, le prix moyen par utilisateur n'est que de 9 dollars par an. Or Office représente 25% des ventes de Microsoft. L'autre impact indirect sera une augmentation de l'utilisation d'Azure. "Le centre de données de Microsoft est un atout pour OpenAI", souligne Anjali Bastianpillai. "Chat GPT utilise Azure. Et c'est là que se trouve une grande partie de sa valeur", poursuit-elle.

Pour Alphabet, la question de l'intégration est encore plus aiguë. "L'intégration au moteur de recherche pourrait avoir un effet délétère", affirme Christophe Nagy. "D'abord en réduisant le taux de clics sur les résultats de recherche, les réponses étant plus longues. Ensuite, cela pourrait l'obliger à revoir son modèle publicitaire, car les résultats des requêtes donnés par l'IA compliqueront l'intégration des publicités sur les pages de recherche", explique l'expert. Google pourrait néanmoins augmenter le prix des publicités qui seraient alors plus ciblées. Il réduirait en outre ses coûts grâce à l'intégration de ses propres semi-conducteurs dans ses centres de calcul.

Risque de standardisation

Mais pour Christophe Nagy, tout va aussi dépendre du mode d'intégration. Le risque est que l'IA devienne une fonctionnalité standard. "Si les applications d'IA sont banalisées, cela réduira inévitablement la rentabilité de ces acteurs. Si l'approche est plus ciblée, cela serait neutre, voire positif pour certains. Mais au final, il n'est pas certain qu'il y ait un gagnant évident", indique-t-il.

Au-delà de l'effet de mode et de communication, auquel les géants de la tech américaine sont rompus, de nombreux investisseurs s'interrogent sur le retour sur investissement. "Je ne suis pas certain, même si les investisseurs pouvaient investir directement dans OpenAI, que ce soit une bonne idée", nuance Jacques-Aurélien Marcireau. Pour ce dernier, la valeur ajoutée sera davantage dans l'usage de la technologie et l'amélioration des process industriels que dans l'outil lui-même. "Ceux-ci ne sont jamais aussi forts que sur les données sur lesquelles ils ont été entraînés. Il y a donc une multiplication de modèles qui de surcroît sont pour la plupart ouverts, comme dans le cas de ChatGPT, avec un risque qu'à la fin tout le monde se copie", craint le gérant d'Edram. Il estime d'ailleurs que Microsoft n'est pas la valeur dans laquelle investir si l'on croit au futur de l'IA. "Malgré un bataillon d'ingénieurs, la société n'est ni leader, ni précurseur dans cette technologie. Elle a été contrainte d'investir dans une entreprise qui avait déjà développé son propre outil et sans exclusivité quant à son usage. Cela montre un certain désarroi. Certes, elle va l'intégrer à Office, mais elle ne dispose pas de la maîtrise de la conception de l'outil", relève-t-il.

Le gérant préfère investir très en aval et sur le long terme dans des entreprises de différents domaines qui tireront parti de cette technologie pour révolutionner leur secteur. "Il s'agit d'acteurs dans des secteurs spécifiques qui vont disposer des données et des moyens financiers et informatiques pour faire la différence", explique Jacques-Aurélien Marcireau. "Dans l'assurance, par exemple, la mise en commun de ces moyens par les leaders du secteur pour créer un 'ChatGPT de l'assurance' aurait un impact énorme."

Pour le gérant, plusieurs acteurs des logiciels sont aussi en mesure de créer des outils très puissants. Ces dernières années, avec l'avènement du cloud (50% du marché), les éditeurs ont accumulé des bases de données gigantesques qu'elles peuvent aujourd'hui mettre à profit pour développer de nouvelles applications grâce à l'IA. "Les entreprises ont centralisé davantage de données dans des clouds analytiques", observe Anjali Bastianpillai. "Les applications professionnelles deviendront plus finement adaptées aux besoins des entreprises, car elles exploitent des données adaptées à chaque secteur", avec un triplement potentiel du marché à plus de 450 milliards de dollars par an. Des éditeurs comme Workday (ressources humaines et finance), Five9 (centres d'appels) ou Salesforce (vente et marketing) sont les mieux placés.

"Aux côtés des géants du secteur, il existe de petits acteurs dans des marchés de niche comme Toast, le leader des logiciels de caisse pour les restaurants aux Etats-Unis", ajoute Jacques-Aurélien Marcireau. "Il dispose aujourd'hui d'une d'une centaine de milliers de clients. Sa base de données lui permet de voir très exactement comment fonctionnent ces restaurants. Grâce à l'IA, Toast pourrait développer des applications beaucoup plus puissantes, comme un service de commandes automatiques, et accroître son chiffre d'affaires."

Les secteurs touchés par cette révolution et les sociétés qui devraient en tirer parti sont nombreux. "A ce stade toutefois, nous ne pouvons faire que des conjectures, car nous manquons d'historique sur l'impact pour ces différents acteurs", reconnaît Christophe Nagy.

Véritable effet de mode, l'IA a déjà gagné la bataille de l'audience, mais le modèle économique reste à inventer.

-Xavier Diaz, L'Agefi ed: VLV

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

 

© Morningstar, 2023 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.