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En France, les AG de fin juin concentrent les contestations d'actionnaires

Une fin de saison des assemblées générales françaises plutôt mouvementée.

Agefi/Dow Jones 22.06.2023
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paris

Crédit photo: AP

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Une fin de saison des assemblées générales françaises plutôt mouvementée. Des actionnaires actifs mécontents ont décidé de faire entendre leur voix aux assemblées générales de Micropole et d'Erytech le 23 juin, de Neolife le 26 juin, d'Atos le 28 juin et de Prologue le 30 juin. Rien de plus normal en bonne démocratie actionnariale. Toutefois, selon les sociétés, les réponses apportées et les débats publics à coups de communiqués ou d'interventions dans la presse ont de quoi étonner. Cinq dossiers. Cinq cas d'espèce. Avec toutefois des points communs.

Atos, dossier de place

Le dossier le plus emblématique reste celui d'Atos. Depuis que Sycomore AM a demandé début juin la révocation de Bertrand Meunier, président du conseil, d'Aminata Niane et de Vernon Sankey de leur mandat d'administrateur, et la nomination de Leo Apotheker comme administrateur, le ton est rapidement monté. Présent depuis plus de 15 ans au conseil, Bertrand Meunier "a de ce fait une part de responsabilité importante dans la crise de gouvernance", selon la société de gestion. Quant aux deux autres administrateurs, ils ont perdu leur indépendance, conformément au code Afep-Medef, en raison d'une ancienneté de plus de 12 ans.

Le conseil d'Atos s'est rapidement prononcé à l'unanimité contre ces résolutions contestataires, estimant même que la nomination de Leo Apotheker "pourrait nuire à la réputation" de l'entreprise. Puis, les uns et les autres se sont mis à s'exprimer publiquement, par voie de communiqués pour Atos, d'une page de lettre ouverte que s'est offerte Sycomore AM dans le journal Les Echos, et de prises de parole de certains administrateurs d'Atos ou encore du candidat Leo Apotheker, conduisant l'entreprise à parler de "tentatives de déstabilisation et de dénigrement".

Début juin, lors d'une réunion Sfaf, Atos était représenté par... Jean-Pierre Mustier, l'ancien banquier d'UniCredit et de Société Générale, coopté au conseil de la SSII depuis moins d'un mois. Un choix surprenant, d'autant que, selon plusieurs sources, son principal message se résumait à la défense du président Bertrand Meunier, tout en contestant fortement la stratégie et la rémunération de Thierry Breton, qui a dirigé Atos de 2008 à 2019. "Le président peut difficilement parler, car on pourrait croire qu'il se défend personnellement, au lieu d'agir au nom de la société", confie un spécialiste de la gouvernance. "Mais, indéniablement, le dialogue pourrait se passer mieux et de manière plus constructive", poursuit-il.

Atos semble en effet peiner à trouver un interlocuteur unique pour s'exprimer et représenter le conseil. Le code Afep-Medef confie plutôt cette mission au président ou à l'administrateur référent. Le 4 juin dernier, tardivement, Atos a nommé Elizabeth Tinkham, présidente du comité de nomination et de gouvernance, en tant qu'administrateur indépendant référent.

Un progrès obtenu sous la pression de Sycomore AM, qui réclamait le rétablissement de la fonction d'administrateur référent indépendant. Toutefois, "le sujet n'est pas de gouvernance ou de dialogue actionnarial, mais les conséquences de l'ère Thierry Breton, comme auparavant chez France Télécom et chez Thomson", confie un expert, anticipant tôt ou tard une reprise par un autre acteur français, comme Capgemini, à l'instar de la reprise de Credit Suisse par UBS.

Pour sa part, Sycomore AM, actionnaire d'Atos depuis 2016, doit faire face à la chute de 75% du titre en dix ans et s'active auprès des actionnaires pour les convaincre, notamment en répondant publiquement au rapport de la société de conseil aux actionnaires Glass Lewis. En effet, Proxinvest, une filiale de Glass Lewis, soutient la nomination de Leo Apotheker, mais ni ISS, ni Glass Lewis. Aucune des trois agences de conseil en vote ne recommande les révocations d'administrateurs. Sycomore AM, qui revendique 3,2% du capital dans le cadre d'une action de concert, aura l'occasion de s'exprimer lors de l'AG du 28 juin, ayant demandé un point à l'ordre du jour. Mais la plupart des investisseurs votent dès cette semaine. Alors que le capital d'Atos est totalement ouvert, le suspense demeure.

"Cette agressivité, une tension qui monte vite, avec parfois des attaques personnelles, est une spécificité française", confie un spécialiste de la gouvernance. "A la différence d'autres pays, les sociétés françaises n'ont pas encore l'habitude de l'irruption d'activistes", ajoute-t-il. D'autres dossiers l'illustrent.

Akkadian multiplie les actions judiciaires contre Erytech

Dans un contexte de fusion entre la biopharma Erytech et la biotech Pherecydes, le fonds Akkadian s'est invité au capital d'Erytech, contestant la valorisation de la fusion. Là encore, les échanges écrits ont fusé.

Akkadian "dénonce l'abus de pouvoirs caractérisé de la direction d'Erytech avec la complicité active d'un groupe d'actionnaires de Pherecydes" et invite la société à une stratégie alternative à cette fusion. Pour sa part, Erytech parle de "désinformation" et "d'arguments trompeurs", ajoutant qu'Akkadian "n'a pas présenté d'autre option valable". Puis, le dossier a pris une allure judiciaire. Si Akkadian n'a pas réussi à faire reporter par un juge lyonnais le vote sur la fusion lors de l'AG d'Erytech, il a obtenu la nomination d'un expert judiciaire pour se prononcer sur la parité de fusion, à ses frais.

La tension ne retombe pas avec un autre rebondissement mardi dernier. Erytech a annoncé qu'Akkadian avait de nouveau saisi les tribunaux en vue de demander l'annulation de l'augmentation de capital - résultant d'apports en nature d'actions de Pherecydes en contrepartie d'actions d'Erytech - du 15 mai dernier. Erytech se dit confiant face à cette "procédure infondée qui apparaît vouée à l'échec".

Le ton monte entre Neolife et son premier actionnaire Capriona

Le ton monte aussi de jour en jour chez le fabricant d'éco-matériaux Neolife. Son principal actionnaire, Capriona, holding familiale de Pascal Leandri, avec 16,4% du capital le 20 juin, a déposé début juin 11 projets de résolutions, afin de révoquer l'ensemble des membres du conseil de surveillance ainsi que le président du directoire, et de nommer six nouveaux membres du conseil de surveillance. Autant de projets de résolutions non agréés par Neolife qui invite les actionnaires à ne pas les approuver.

La direction est allée plus loin en publiant une lettre aux actionnaires défendant son bilan et en attaquant Capriona, qualifié d'"investisseur vautour sans aucune vision métier" dont la "seule intention" est de "prendre le contrôle" de la société. En même temps, la société a retiré les résolutions permettant l'émission d'instruments dilutifs de type Ocabsa, afin de rassurer certains actionnaires.

En fin de semaine dernière, en réponse à une lettre de Capriona aux actionnaires de Neolife et à une lettre ouverte à Patrick Marché, cofondateur et président du conseil de surveillance et ancien président du directoire, qualifié de "Gérard Majax de la finance lyonnaise", le directoire lui a brièvement répondu dans un courrier face à cette "nouvelle tentative de déstabilisation". Neolife fait aussi valoir deux courriers de soutien de CJ Plast, partenaire industriel, et de LJ Solutions, partenaire commercial. Lundi, Neolife a annoncé que Caprioni et Pascal Leandri avaient franchi le seuil de 15% du capital et des droits de vote, tandis que Novali, de concert avec Serge Mathieu, actionnaires "historiques", a dépassé le seuil de 5%.

Pendant ce temps, Patrick Marché a acquis indirectement près de 470.000 titres sur le marché depuis le 13 juin, selon les déclarations remises à l'Autorité des marchés financiers (AMF). Dans un courrier de début de semaine, il reproche à Pascal Leandri "une belle prise de contrôle rampante sans paiement de prime" et de ne proposer "aucun axe de développement". C'est "le néant absolu", résume-t-il. Dans un nouveau communiqué, Capriona a renouvelé sa "confiance" aux équipes opérationnelles de Neolife dirigées par Marie-Claude Berland, indiquant son intention de réaliser "un audit complet de la société et une revue stratégique".

Prologue attend un "projet concret" d'Asamis

Chez Prologue, l'Association des actionnaires minoritaires de sociétés cotées (Asamis), revendique 11% du capital. Elle demande la révocation du PDG, Georges Seban, 95 ans, et de deux administrateurs, ainsi que la nomination de deux nouveaux administrateurs "ayant une expérience de dirigeant d'entreprise confirmée". Des projets de résolutions non agréés par le conseil d'administration de Prologue, qui recommande de voter contre.

Ce dernier estime que les trois révocations porteraient "atteinte à l'intérêt de la société, de ses salariés et de ses actionnaires, en déstabilisant son organisation et sa gestion", précise son communiqué. En outre, la société relève qu'"aucun projet concret n'est proposé" par l'Asamis.

Des administrateurs indépendants demandés chez Micropole

Chez Micropole, NextStage AM et Dorval AM, détenant de concert 20,6% du capital et 16,9% des droits de vote, ont demandé la nomination de deux administrateurs indépendants, afin de renforcer le conseil d'administration "tant dans sa dimension d'indépendance que d'expertise", et la suppression des droits de vote double en vue de "promouvoir l'équité entre tous les actionnaires". Là aussi, le conseil de Micropole recommande de ne pas soutenir ces trois résolutions.

A ces cinq dossiers au long cours est venu s'ajouter jeudi matin le fabricant d'étiquettes électroniques SES-imagotag, dont l'assemblée générale des actionnaires est programmée vendredi. A la veille de cet événement, les fonds Gotham City Research et General Industrial Partners (GIP) ont émis une série de soupçons et d'accusations portant à la fois sur la comptabilité de SES-imagotag, ses liens avec son premier actionnaire - le groupe chinois BOE Technology - et la teneur des contrats de vente annoncés récemment avec le distributeur américain Walmart.

Les fonds ont dévoilé leur offensive sur le réseau social Twitter et promettent de publier prochainement un deuxième rapport. De quoi entretenir la flamme activiste au-delà de la saison des assemblées générales.

-Bruno de Roulhac, L'Agefi ed: VLV

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones

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A propos de l'auteur

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