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Où va la Chine ? Depuis l’arrêt de la politique « zéro COVID » fin 2022, les espoirs d’un rebond durable et soutenu de la deuxième économie mondiale ont été rapidement déçus.
La croissance dynamique du premier trimestre s’est vite essouflée au cours deuxième (+0,8% sur un trimestre après +2,2% au cours du premier trimestre) ; les mesures de soutien des autorités monétaires n’ont pas suffi à relancer l’activité.
Les exportations, moteur de la croissance économique chinoise, ont récemment connu un repli inquiétant. Elles ont ainsi chuté de 14,5% sur un an en juillet (après -12,4% en juin).
Les consommateurs chinois semblent faire preuve de prudence et les derniers indicateurs quant à l’évolution des prix montrent que le pays est entré en déflation… L’inflation totale est ainsi en repli de 0,3% en juillet, mais cette baisse serait avant tout liée au repli des prix de l’énergie et de l’alimentation (l’inflation « core » serait toujours positive à +0,8%).
La crise toute récente de l’un des plus importants promoteurs immobiliers du pays, Country Garden, n’est qu’un n-ième épisode d’une crise qui couve. Les autorités chinoises ont pris des premières mesures de soutien à l’économie (la banque nationale de Chine a abaissé son taux à 1 an de 15 points de base à 2,5%, sa deuxième baisse cette année). Reste à savoir si elles suffiront.
Ces tensions nouvelles révèlent les limites d’une croissance financée par un endettement pas toujours bien contrôlé par le pouvoir communiste et font craindre un phénomène de contagion à l’ensemble de l’économie par l’intermédiaire du système financier parallèle (« shadow banking »), avec à la clef une crise de liquidité et du crédit (« credit crunch »).
Malgré des réserves de change qui s’amenuisent, les autorités disposent encore d’importantes ressources pour soutenir l’activité, mais est-ce une solution réellement durable sur le long terme ?
« Face à une détérioration de la croissance économique, Pékin a déjà introduit des mesures de soutien à l’immobilier, mais ces mesures ont été trop lentes, insuffisantes et ont échoué à enrailler la spirale infernale qui touche le secteur », notent les économistes de la banque Nomura dans une note datée du 14 août.
La capacité de résistance et de rebond de l’économie chinoise reposera principalement sur le consommateur chinois et les investissements dans les infrastructures.
Mais tout ceci survient dans un contexte de défiance croissante des investisseurs internationaux à l’égard de la Chine, et en particuiler de son pouvoir politique.
Les volontés d’expansion à l’international de la Chine, obsession de son président Xi Jinping, font craindre une aggravation voire une crise globale, qui pourrait être déclentée par une confrontation avec les Etats-Unis au sujet de Taiwan.
Les pressions de la première puissance mondiale dans le domaine du commerce et de la technologie n’arrangent rien et ne laissent pas entrevoir de solution à court terme.
Cette situation inquiétante tient pour bonne part au durcissement de la « gouvernance de la Chine », centrée autour d’un seul homme qui, selon la Jamestown Foundation, aurait une pratique très solitaire du pouvoir sans pour autant disposer des compétences adéquates pour tout gérer efficacement. Les récentes innondations qui ont meurtri le pays sont une illustration des limites de cette pratique très autoritaire du pouvoir politique.
L’économie n’est pas en reste. Xi Jinping n’a jamais été un grand adepte de l’économie, et semble n’envisager le développement du pays qu’en soutenant ses « moteurs » traditionnels – l’immobilier, les infrastructures et l’export.
La Chine a bien établi une stratégie visant à devenir moins dépendante de l’étranger en particulier dans des secteurs clefs comme les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle ou les biotechnologies.
Mais les efforts dans ce domaine ne permettront pas au pays de retrouver un rythme de croissance plus soutenu rapidement – or maintenir un tel rythme est très important pour maintenir la paix sociale et éviter les manifestations d’exaspération et de remise en question du pouvoir central, comme ce fut le cas pendant la gestion très dure de la COVID-19.
La récente décision de ne plus publier de statistiques sur le chômage des jeunes est une illustration de cette dérive où l’on préfère opacifier les informations plutôt que d’accepter de regarder en face la réalité des difficultés que traverse actuellement le pays.
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