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PARIS (Agefi-Dow Jones)--Dans le cadre du processus de surveillance prudentiel et d'évaluation des risques (SREP), la Banque centrale européenne (BCE) a mené un deuxième test de résistance sur le risque climat.
Si le premier exercice s'était concentré sur la manière dont les risques physiques et de transition augmentaient la probabilité que les entreprises ne remboursent pas leur dette, ce deuxième se penche sur les conséquences financières de la transition vers une économie décarbonée.
Pour son étude, la BCE a choisi d'étudier des scénarios à court-moyen terme couvrant la période 2023-2030. Trois possibilités de transition ont été explorées ainsi que leurs effets potentiels en termes de coûts et de risques pour les différents acteurs économiques et financiers : un scénario de transition accélérée, un scénario de transition tardive et un scénario de transition retardée.
Trois scénarios, un seul gagnant
Dans le premier scénario, celui d'une transition accélérée, la crise énergétique actuelle déclencherait une bascule vers la neutralité carbone dès cette année, ce qui permettrait aux économies de la zone euro d'atteindre, d'ici à 2030, des réductions d'émissions compatibles avec l'Accord de Paris et l'objectif climatique maximal de +1,5degC d'ici à la fin du siècle.
Dans le deuxième scénario, celui d'une transition tardive, les récentes évolutions macroéconomiques défavorables conduiraient à une transition verte à partir de 2025 seulement. Cette transition serait certes tardive, mais suffisamment intense pour permettre des réductions d'émissions similaires d'ici à 2030, grâce à une action forte et décisive.
L'impact en matière de coûts en revanche serait plus important et imposerait des investissements d'entrée de jeu plus lourds que dans le premier scénario.
Dans le troisième scénario, la transition retardée, la mutation commencerait avec un retard de trois ans, pas avant 2026 donc. Elle serait plus douce et moins coûteuse.
"Cependant, les émissions seraient sur une trajectoire compatible avec une augmentation de la température d'environ +2,5degC d'ici à la fin du siècle", prévient Martina Spaggiari, chef d'équipe de la stabilité financière de la BCE. Retarder davantage la transition signifierait manquer les objectifs de l'Accord de Paris et exacerber le choc de risques physiques coûteux. "Les projections montrent que ne pas accélérer la transition écologique entraînerait une baisse de la rentabilité des entreprises et du pouvoir d'achat des ménages, tout en augmentant le risque de crédit pour les banques", ajoute l'experte.
Pertes et profits
Quel que soit le scénario, la transition énergétique implique des investissements importants et comporte aussi sa part de risques.
Les banques seront ainsi exposées aux risques liés à la transition des ménages et des sociétés non financières, principalement par le biais de leurs portefeuilles.
"Leurs risques sont liés à la vulnérabilité de leurs contreparties, à la fois par le canal du crédit et par celui du risque de marché. La mise en correspondance de l'évolution des probabilités de défaut au niveau des entreprises avec les informations sur les prêts individuels des banques aux entreprises a permis d'évaluer la transmission du risque de transition des entreprises aux banques", détaille l'experte.
Selon les projections de la BCE, à horizon 2030, les banques doivent s'attendre, en cas d'application de ces scénarios extrêmes, à de lourdes pertes. Elles atteindraient 48% de leur portefeuille de crédit dans le cas du premier scénario, 78% avec un scénario de transition tardive et 48% également, avec un scénario de transition retardée, par rapport à 2022.
Les banques sont donc invitées à augmenter au moins d'autant leurs provisions et à anticiper les investissements verts pour réduire les coûts et les risques à moyen terme.
Enfin, pour Martina Spaggiari, "des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions carbone et des investissements opportuns et intensifs réduisent le risque de crédit pour les banques à moyen terme". CQFD.
-Camille George, L'Agefi ed: VLV
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