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Depuis sa nomination à la tête de Société Générale en mai dernier, Slawomir Krupa est attendu par la communauté financière.
Le cours de Bourse de la banque du boulevard Haussmann a repris 12%, faisant un peu mieux que l’indice Stoxx Europe 600 Banks (+9%) et que sa rivale hexagonale BNP Paribas (+10%).
Reste à savoir si la stratégie qui sera présentée à Londres lundi prochain et les résultats qu’elle produira suffiront à alimenter une poursuite de ce rebond.
Ce que les analystes attendent
« L’historique de la Société Générale en termes de réalisation des plans stratégiques avant-COVID a été une accumulation de déceptions depuis 2010 et la première réunion investisseurs de Frédéric Oudéa [le prédécesseur de Krupa, NDLR] », rappelle dans une note du 3 juillet Jacques-Henri Gaulard, analyste chez Kepler Cheuvreux.
Parmi les actifs clefs de la banque sur lesquels des annonces sont attendues figurent l’évolution de la banque de détail en France, Boursorama, sa banque en ligne, le loueur de flottes de véhicules ALD (qui s’est rapproché de son concurrent LeasePlan) et la banque de financement et d’investissement, d’où est issu Krupa.
D’ores et déjà, plusieurs annonces ont porté sur des cessions d’actifs ou des changements dans les équipes de direction.
« Nous attendons un message positif sur la distribution de capital avec un ratio CET1 2025 très supérieur à l’objectif cible de 12% [sous « Bâle 4 », cadre réglementaire prudentiel, NDLR] », notent les analystes de JPMorgan dans une étude du 11 septembre.
Cette génération de capital qui pourrait revenir aux actionnaires sous forme de rachats d’actions passerait entre autres par une optimisation des actifs pondérés du risque (pour 10 milliards d’euros) et des cessions.
L’environnement de taux d’intérêt durablement plus élevé pourrait également conduire la banque à revoir de 10% à 11% son objectif de rentabilité des fonds propres tangibles (ROTE) en 2025, grâce à une croissance plus rapide du produit net bancaire et des coûts mieux contrôlés.
« Le nouveau CEO devrait surtout revenir sur l’évolution attendue du capital », notent pour leur part les analystes d’Oddo BHF dans une note datée du 4 juillet dernier.
Cette capacité à tenir ses objectifs en termes de rentabilité du capital ou de retour aux actionnaires serait la raison de la forte décote de valorisation du titre, qui se traite à 0,4x l’actif net tangible pour 2024, expliquent les analystes de Jefferies dans une note du 13 septembre.
« Pour que le titre progresse, nous attendons trois choses : 1) un objectif de bénéfice par action qui conduisent à un relèvement des estimations du consensus (d’ici 2026 et en 2024) ; 2) un plan crédible pour atteindre une rentabilité des fonds propres tangibles de 10% (nous ne pensons pas qu’il doit être revu à la hausse) et 3) une génération de capital CET1, idéalement 50 points de base, aussi rapidement que possible », écrivent-ils.
Les syndicats espèrent que la stratégie de Krupa et son équipe se démarquera des « recettes » de Frédéric Oudéa, centrées principalement sur les réduction de coûts et les restructurations récurrentes, avec des résultats peu probants (sous sa direction, le cours de Bourse de la banque a reculé de 73% contre un recul de 22% pour BNP Paribas).
La presse s’est faite l’écho d’un style de management direct et sec où la capacité d’action et la prise de décision efficace seraient davantage mises en avant – apparemment en rupture totale avec le style de management plus frileux et rond des inspecteurs de finances, qui règnent souvent sans partage au sein de l’establishement financier en France.
Il y a de fait un relatif consensus sur la très faible valorisation du titre – souligné par Citi, UBS ou encore Morgan Stanley, qui ont toutes un avis positif sur la banque.
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