Atos : dépôt de plainte, l’Etat s’en mêle

Les déboires du groupe de services informatiques semblent s’accumuler, alors qu’une assemblée générale cruciale doit se tenir fin octobre.

Jocelyn Jovène 25.09.2023
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Crédit photo: AP

L’assemblée générale extraordinaire d’Atos qui doit se tenir fin octobre pour autoriser une augmentation de capital cruciale à la poursuite de l’activité de l’entreprise aura-t-elle lieu ?

Le doute semble poindre alors qu’outre l’accumulation de difficultés, l’opposition de nombreux actionnaires, l’inquiétude légitime des salariés et le risque d’une enquête parlementaire, le dossier Atos a pris en fin de semaine dernière une tournure judiciaire.

Les journaux La Tribune et Mediapart ont rapporté ce week-end le dépôt d’une plainte pour corruption passive par la société de gestion Alix AM dans le cadre du projet de cession de l’activité d’infogérance, logée dans la société Tech Foundations, au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, annoncée par Atos le 1er août dernier.

La plainte viserait deux dirigeants d’Atos (Nourdine Bihmane et Diane Galbe) et Daniel Kretinsky. Les deux dirigeants d’Atos auraient été les principaux négociateurs de la cession de Tech Foundations et se seraient assurés leur maintien en fonction ainsi qu’un plan d’intéressement très généreux à leur égard, malgré les difficultés financières de l’entreprise.

Vendredi dernier, Atos a défendu son projet de cession et s’estime la victime de « critiques injustifiées » qui font le jeu des « vendeurs à découvert ».

Le dossier Atos aurait également pris une nouvelle tounure avec l’implication discrète de l’Elysée.

Selon Mediapart, le secrétaire général de la présidence de la République, Alexis Kohler, aurait décidé que « deux ‘commissaires’ du gouvernement allaient être dépêchés auprès d’Atos ».

Le journal évoque une mise « sous tutelle » de Bertrand Meunier, Président du conseil d’administation d’Atos et administrateur depuis 2008, qui concentre depuis des mois le gros des critiques et des remises en question des décisions prises à la tête de l’entreprise.

L’incertitude est totale pour les salariés de l’entreprise.

Si la cession de Tech Foundations est réalisée et que d’importants transferts de fonds ont lieu au profit du repreneur, plusieurs se demandent ce qu’il restera à la filiale sensée regrouper les activités de cybersécurité, big data et la transformation numérique.

Selon des témoins interrogés par Mediapart, l’équipe de direction de cette activité serait « très faible » et « incapable de dégager une vision stratégique ».

Alors que le groupe amorçait un début de redressement au cours du premier semestre, la tournure des événements n’augure rien de bon.

Soit le plan de reprise de Tech Foundations tombe à l’eau, et il est probable que le cours de Bourse s’effondre.

Soit la reprise a lieu, ce qui signifierait une dilution massive des actionnaires minoritaires, et l’incertitude pour ce qui restera de l’entité Atos sera entière et obligera le gouvernement à trouver une « solution de place » (reprise par un acteur français de la cybersécurité ?).

A la Bourse de Paris, l'action Atos fluctue toujours autour des 7 euros.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.