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PARIS (Agefi-Dow Jones)--Pas de répit pour les promoteurs immobiliers chinois et celui qui symbolise les difficultés du secteur.
La cotation de l'action China Evergrande, le groupe immobilier le plus endetté au monde, avec un passif estimé à plus de 300 milliards de dollars, a été suspendue jeudi à la Bourse de Hong Kong.
La société a été informée par les autorités que son président, Hui Ka Yan, avait été placé sous surveillance policière.
Le groupe, dont une des filiales est de nouveau en défaut de paiement sur des obligations en yuan, risque désormais la liquidation.
Mais au-delà d'Evergrande, c'est l'ensemble du secteur qui est aujourd'hui aux abois, y compris des acteurs jusque-là considérés comme moins vulnérables, à l'instar de Country Garden.
Le plus gros promoteur chinois par la taille est désormais confronté aux mêmes difficultés que ses pairs et doit aussi utiliser les périodes de grâce lors des remboursements d'obligations ou des paiements de coupons. L'objectif est de gagner du temps et d'éviter le défaut de paiement.
Alors que la conjoncture reste défavorable et que les mesures de soutien prises par Pékin peinent à produire des effets, les investisseurs étrangers se méfient du secteur.
Dans la dernière enquête mondiale de Bank of America, mi-septembre, les gérants plaçaient l'immobilier chinois comme leur principal risque de crédit sur le marché, devant l'immobilier commercial américain et européen.
Cette méfiance se reflète depuis plus d'un an dans le rendement du marché "high yield" (HY) chinois, qui s'est de nouveau nettement écarté ces derniers mois à 20%. Il avait culminé à plus de 30% il y a un an au moment où les défaillances se multipliaient. Les promoteurs immobiliers représentent une grande partie du marché HY chinois.
"Nous avons neutralisé nos positions sur les promoteurs chinois", indique Simon Cooke, gérant dette émergente corporate chez Insight Investment (BNY Mellon IM). "La visibilité sur les perspectives du secteur est très réduite. Les ventes restent faibles. Mais le principal frein à l'investissement pour des investisseurs étrangers est l'incertitude sur le taux de recouvrement dans les restructurations", poursuit-il.
Même aux niveaux de décote actuels, les investisseurs ne veulent pas prendre de risque, car il y a de fortes chances que le niveau du recouvrement soit très bas, voire nul.
Les détenteurs d'obligations offshore passent après les créanciers privilégiés (salariés, clients, fournisseurs...) et les créanciers onshore. Le taux de recouvrement global dans les pays émergents, qui est plus faible que celui dans les pays développés (60%), est déformé par le niveau en Chine.
Les restructurations sont complexes. Près de deux ans après son défaut, la restructuration de la dette offshore d'Evergrande n'a pu encore être bouclée, avec pour risque ultime celui d'une liquidation, le pire scénario pour les détenteurs d'obligations.
Traitement homéopathique
"Des rendements à 20% sur le high yield chinois pendant 18 mois montrent que ce marché fonctionne très différemment des marchés occidentaux", relève Olivier Raingeard, directeur des investissements chez Neuflize OBC. En Europe et aux Etats-Unis, les crises sont suivies par une forte hausse des défauts accompagnée de tensions sur les coûts de financement.
Mais une fois que le pic des défaillances a été atteint, il y a une baisse sensible des tensions avec une normalisation progressive des rendements. Les restructurations de dettes permettent de repartir sur des bases plus saines.
A l'inverse, la Chine semble avoir opté pour une gestion de son excès d'endettement dans le temps, avec des défauts au compte-goutte.
"Le gouvernement chinois souhaite probablement éviter une crise équivalente à celle de 2008 avec une explosion du chômage et le risque d'une crise sociale", souligne Olivier Raingeard, qui note par ailleurs que Pékin n'a pas les moyens de faire un plan de relance massif au risque d'accroître le problème d'endettement.
Cela passera par des petites mesures. "Il est probable que l'excès d'endettement reste pendant longtemps, avec une baisse de la croissance structurelle et l'impossibilité d'accélérer au cours des prochains trimestres", estime ce dernier.
-Xavier Diaz, L'Agefi ed: VLV
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