Crédit photo: AP
Le fabricant de matériels ferroviaires et de systèmes de signalisation Alstom a averti le marché qu’il ne tiendrait pas ses objectifs en matière de génération de cash-flow libre.
En annonçant des résultats semestriels préliminaires, le groupe a revu son objectif de cash-flow libre pour l’ensemble de l’exercice, initialement prévu « fortement positif » (de l’ordre de 300 M€), et qui « est désormais attendu dans une fourchette entre -500 et -750 M€ ».
Cette détérioration s’explique par le report de commandes au second semestre, ce qui réduit les avances sur commandes, mais surtout par une augmentation trop rapide des stocks en anticipation d’une accélération des cadences de fabrication, ainsi que des difficultés du programme « Aventra » au Royaume-Uni, qui concerne 5 contrats et qui subit des retards de paiement.
Le communiqué de presse diffusé hier soir confirme la plupart des objectifs financiers pour l’exercice 2023-24, à l’exception du cash-flow libre.
C’est la deuxième fois que le groupe surprend très négativement le marché en matière de génération de cash.
Le titre est lourdement sanctionné, perdant près de 36% à la Bourse de Paris à la mi-journée.
Plusieurs brokers ont manifesté l’agacement des investisseurs qui pensaient que les difficultés du groupe, liées pour partie à l’intégration difficile de l’activité ferroviaire du canadien Bombardier, faisaient désormais partie de l’histoire ancienne.
Dans une note aux investisseurs, James Moore, analyste chez Redburn Atlantic, reflète bien le sentiment générale et observe : « Suite à la pré-publication inattendue et frustrante d'Alstom, avec des commandes au deuxième trimestre et un cash flow libre (FCF) du semestre de [respectivement] 15% et un milliard pire que le consensus, nous avons (1) réduit nos prévisions de BPA et de FCF, (2) réduit notre objectif de cours de 32 €/ action à 30 €/action, et (3) a examiné et analysé la demande, la marge et les perspectives du FCF, le bilan, la liquidité et la réponse potentielle de Moody's. Même si nous prévoyons que l’action souffrira, compte tenu de la faiblesse du cours de l'action et de la nature sans doute temporaire des problèmes, nous restons à l’achat. »
William Mackie chez Kepler Cheuvreux note de son côté : « Bien qu’il n’y ait qu’un faible impact sur la valeur fondamentale à long terme, nous nous attendons à ce que les spéculations autour de la faiblesse du bilan, de la hausse des coûts financiers et de la perte de confiance entraînent une évolution disproportionnée des prix. »
Le courtier, comme d’autres, reste toutefois à l’achat sur le titre, le cours actuel intégrant à leur avis la plupart des mauvaises nouvelles qui affectent l’entreprise.
Sur ce point, le directeur financier du groupe, Bernard Delpit, fraîchement arrivé au poste, a affirmé que le groupe ne réaliserait pas d’augmentation de capital et que ses besoins en liquidités sont largement couverts.
Le dirigeant, qui a cherché à faire preuve de transparence, n’a pas réussi à calmer les craintes des investisseurs, qui pour certains ont préféré réduire fortement leurs positions.
Les analystes de Deutsche Bank se montrent plus sceptiques. Au regard de leurs prévisions de dette, « en l’absence d’augmentation de capital, nous pensons que certaines décisions de portefeuille seront nécessaires pour maintenir la notation ‘Investment Grade’ du groupe. »
© Morningstar, 2023 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.