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Le scénario d’une envolée des des prix du pétrole est à ce stade jugé peu probable suite au conflit entre Israël et le Hamas.
Mais l’incertitude règne quant à l’implication directe dans le conflit de l’Iran, soutien du Hamas à Gaza et du Hezbollah au Liban, qui pourrait affecter non seulement la production mondiale de pétrole mais également sa circulation, puisqu’environ 21% du pétrole mondial circule par le détroit d’Ormuz.
Chercher à comprendre les risques de récidive d’un « choc pétrolier » n’est donc pas inutile.
Mais en quoi la situation actuelle peut-elle faire penser à celle des années 1970 ? Après tout, l’économie mondiale d’aujourd’hui, de par sa taille, sa structure et le rôle clef de la Chine, n’a rien à voir avec celle d’il y a 50 ans…
Dans une note en date du 9 octobre, Henry Allen et Cassidy Ainsworth-Grace, analystes chez Deutsche Bank, se sont livrés à l’exercice et font une série d’observations plutôt intéressantes.
Le premier parallèle entre aujourd’hui et il y a 50 ans tient tout d’abord à la hausse des prix de l’énergie.
Certes, ils n’ont pas été multiplié par 4, mais ils restent à des niveaux élevés et entretiennet une forte inflation qui rogne sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
L’autre parallèle qu’ils dressent avec les années 1970 ne concerne pas le marché du pétrole, mais le climat : 1971 fut l’année du quatrième événement El Niño le plus fort au cours des cinq décennies précédentes, provoquant une inflation des prix alimentaires – phénomène de nouveau observé aujourd’hui et qualifié de « critique » par le Climate Prediction Center.
Au-delà du pétrole, c’est bien l’inflation et sa dynamique qui est en jeu.
Or, un troisième parallèle est mis en avant par Deutsche Bank : l’optimisme des investisseurs et des économistes quant au reflux de l’inflation.
Aujourd’hui, comme dans les années 70, le marché espère un reflux rapide de l’inflation vers le niveau cible des banques centrales.
Dernier parallèle troublant, on voit aujourd’hui, comme il y a cinquante ans, une résurgence des revendications salariales pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. C’est notamment le cas aux Etats-Unis (grèves dans l’automobile) ou en Europe.
En outre, en cinquante ans, les inégalités de richesse se sont creusées à rythme alarmant, qui ne peut qu’entretenir de telles revendications sociales.
D’autres facteurs laissent espérer qu’une envolée des prix de l’énergie et de l’inflation sera évitée.
Tout d’abord, après avoir atteint des sommets, les prix de l’énergie ont reflué.
D’autre part, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, qui avaient tiré à la hausse les prix, ont en grande partie été résorbées.
Deutsche Bank note en outre que les anticipations d’inflation demeurent relativement « ancrées » sur le long terme, entre 2,5% et 3%.
Et sur le front de la consommation d’énergie, la plupart des économies développées sont plus efficaces.
L’intensité énergétique des Etats-Unis a ainsi diminué des deux tiers depuis 1970.
Au final, choc pétrolier ou pas, l’inflation reste au-dessus des objectifs des banques centrales des pays du G7 alors que la croissance économique semble donner des signes d’affaiblissement.
La trajectoire d’inflation du monde développé dépendra de la capacité des banques centrales à piloter leur resserrement monétaire avec tact.
Il est encore trop tôt pour dire qu’elles ont mené à bien leur mission et elles-mêmes se montrent prudentes quant à l’arrêt des hausses de taux, sans même parler d’une éventuelle décrue.
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