Les scissions d'entreprises ne font plus recette en Bourse

Cette technique d'extraction de valeur a plus de mal à produire les effets désirés.

Agefi/Dow Jones 11.10.2023
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spinoff

Crédit photo: AP

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Extraire de la valeur. C'est généralement l'objectif des entreprises cotées qui décident de se scinder en deux via un "spin off" d'une filiale ou d'un morceau de leurs activités. L'idée est que la société fille indépendante, plus agile et mieux concentrée, sera plus à même de saisir les opportunités de son marché et de croître. Ses caractéristiques seraient aussi plus lisibles pour les investisseurs avec à la clé, idéalement, une meilleure valorisation.

Ce schéma a historiquement plutôt bien fonctionné à la Bourse de Paris. Mais la récente déconfiture d'Euroapi jette le trouble. D'autant qu'elle n'est pas la première. Le fabricant de principes actifs pour les laboratoires pharmaceutiques a abaissé lundi ses objectifs pour 2023 et abandonné ses ambitions de moyen terme, moins d'un an et demi après avoir quitté le giron de Sanofi. La sanction a été immédiate : l'action a chuté de 58% mardi et abandonne à peu près autant depuis son introduction en Bourse en mai 2022.

Les succès Arkema et Edenred

Cet échec tranche avec les expériences réussies des scissions réalisées il y a une quinzaine d'années. En 2010, Accor avait ainsi mis en Bourse son activité dans les services prépayés : Edenred. Depuis, le premier a été évincé du CAC 40 en pleine pandémie et le second l'a intégré en juin dernier. Depuis la séparation, le géant des titres-restaurant s'envole de 290% en Bourse.

Quelques années auparavant, Arkema avait quitté le pétrolier Total. En 17 ans à la barre du premier chimiste français, Thierry Le Hénaff a su en faire un champion de son secteur via, notamment, de nombreuses cessions et acquisitions. Dans le même temps, son action a été multipliée par 2,8 et elle est aux portes de l'indice phare parisien.

La distribution par Atos des actions Worldline à ses actionnaires à partir de 2014 leur a aussi plutôt réussi. Le titre a rejoint le CAC 40 en mars 2020, un an avant que son ancienne maison mère en soit éjectée. Depuis le début de la scission en 2014, Worldline progresse de 50% en Bourse. Dans le même temps, l'action Atos s'est effondrée de plus de 80%.

Dans l'univers des valeurs moyennes, la scission réalisée par le spécialiste des emballages pour les cosmétiques et les parfums, PSB Industries, de son activité de chimie de spécialité, Baikowski, en 2019 est aussi une réussite. L'action de la fille progresse de 26% depuis qu'elle a pris son indépendance. Entre-temps, la mère a quitté la Bourse.

Technip Energies tire son épingle du jeu

Ces quatre opérations ont permis aux actionnaires qui ont conservé les titres distribués lors de la séparation d'enregistrer un gain moyen de plus de 130%. Mais ceux qui se sont appuyés sur cette statistique favorable pour participer aux scissions lancées depuis 2020 en sont pour leur frais. En moyenne, les six filiales de sociétés cotées introduites en Bourse au cours des quatre dernières années ont vu leur action chuter de 22%. Seul Technip Energies tire son épingle du jeu avec un gain de 77% en 20 mois. Mais la mise en Bourse de l'ingénieriste relève plus d'un mariage raté que d'une véritable scission d'avec TechnipFMC.

Toutes les autres actions que L'Agefi a identifiées affichent un parcours dans le rouge ou, au mieux, stable. La filiale dans les jeux vidéo de Big BenNacon, plonge de 75% en Bourse depuis son introduction début 2020. En chute de 99% depuis qu'il vole de ses propres ailes, Technicolor Creative Studios a prolongé la tendance baissière de sa maison mère Technicolor, rebaptisée entre-temps Vantiva. L'ex-Thomson s'effondre de 98% en cinq ans. Même Universal Music Group, qui avait bénéficié d'un engouement de la part des investisseurs lors de son introduction en Bourse par Vivendi en 2021, n'a plus rien gagné depuis les 35% engrangés lors de son premier jour de cotation.

Ces performances boursières très contrastées pour les sociétés filles scindées de leur maison mère depuis 2020 ne freinent pas les ambitions de grands groupes cotés à Paris en la matière. Plusieurs projets de spin-off sont en préparation et devraient aboutir au cours des prochains mois.

Solvay prévoit ainsi de boucler en fin d'année la scission de sa chimie de spécialité, SyensqoRenault veut introduire Ampère au printemps 2024 et, comme Accor il y a près de dix ans, Sodexo a annoncé au printemps dernier son intention d'introduire en Bourse son activité spécialisée dans les avantages aux salariés, rebaptisée Pluxee. Le scénario d'une cession partielle avait été envisagé. De son côté, Atos a finalement opté pour une vente directe de sa branche historique d'infogérance à Daniel Kretinsky. Ce qui ne manque pas de faire grincer des dents certains actionnaires minoritaires.

 -Johann Corric, L'Agefi ed: VLV

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(END) Dow Jones Newswires

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Accor SA46,50 EUR0,13Rating
Atos SE0,00 EUR-4,17
Edenred SE31,31 EUR1,29Rating
Nacon SA Ordinary Shares0,55 EUR3,98
Renault SA47,08 EUR1,77Rating
Sodexo78,40 EUR0,00Rating
TechnipFMC PLC29,16 USD0,24Rating
Worldline SA8,04 EUR-0,45Rating

A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.