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Le spécialiste des titres de services et solutions de paiement dans le monde du travail Edenred recule fortement en Bourse, pénalisé par les craintes d’un durcissement réglementaire et malgré des chiffres de ventes en ligne avec les attentes au cours du troisième trimestre 2023.
La société a publié des ventes trimestrielles de 634 millions d’euros, en croissance de 25,3% sur un an (+23,7% en données comparables), selon un communiqué de presse.
Sur les neuf premiers mois de l’année, les ventes de la société ont atteint 1,66 milliard d’euros contre 1,38 milliard d’euros un an plus tôt au cours de la même période, soit une croissance de 20,5% (+18,6%).
« La croissance organique du chiffre d’affaires opérationnel au 3ème trimestre a été de +16,2%, en ligne avec le consensus de 16,3%, ce qui indique un ralentissement guère surprenant, mais à un niveau de croissance toujours élevé après +20% au cours du premier semestre », souligne Johanna Jourdain, analyste chez Oddo BHF.
Edenred a également indiqué resserrer sa prévision annuel de résultat brut d’exploitation (EBITDA) dans la moitié haute de sa fourchette entre 1,02 à 1,09 milliard d'euros.
Les analystes tablent en moyenne sur un Ebitda annuel de 1,08 milliard d'euros, selon le consensus FactSet.
A 14h29, l'action reculait de 4,8% à 51,52 euros. Elle cède 13,5% sur un mois.
Le recul récent du titre s’explique par les propos de la ministre déléguée chargée des PME, Olivia Grégoire, qui début octobre a évoqué un plafonnement des commissions facturées par les émetteurs de titres-restaurant aux restaurateurs, jugées trop élevées.
Dans un avis rendu le 17 octobre, l'Autorité de la concurrence a toutefois estimé que « si le plafonnement tarifaire peut constituer une réponse aux défaillances de marché, elle ne constitue pas en l’espèce la réponse la plus adaptée. »
Plusieurs réunions sont prévues dans les prochaines semaines avec Olivia Grégoire et son cabinet pour évoquer ce sujet, a indiqué le directeur financier d'Edenred, Julien Tanguy, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes, rapporte jeudi l’agence Agefi/Dow Jones.
L’autorité de la Concurrence recommande d’autres mesures, comme « la dématérialisation obligatoire des titres-restaurant et plus de transparence et de lisibilité des tarifs », comme « l’obligation d’afficher l’équivalent d’un taux effectif global. »
En France, les titres de spéciaux de paiement, dont font partie les titres-restaurant, ont représenté un volume d’activité de 8,5 milliards d’euros l’an dernier et sont utilisés par plus de 5 millions de salariés chez près de 234.000 commerçants.
En raison des exemptions de cotisations sociales et patronales et d’impôt sur le revenu, ces titres représentent une dépense d’environ 1,5 milliard d’euros par an pour les finances publiques.
Compte tenu d’un déséquilibre entre des commissions « relativement » faibles payées par les entreprises qui achètent les titres-restaurants et les commissions « relativement élevées » payées par les commerçants, les pouvoirs publics cherchent à plafonner ces dernières.
L’Autorité de la concurrence a identifié plusieurs défaillances au sein du marché : barrières à l’entrée (effet de réseau et d’économie d’échelle) qui confèrent un avantage concurrentiel aux entreprises « ayant une certaine taille » et tirent profit d’une notoriété bien établie.
Les nouveaux entrants (Benefiz, Dunia, Octoplus, Open, WiiSmile, Worklife) détiendraient moins de 1% de part de marché en France, tandis que 4 acteurs (Edenred, Bimpli-Swile, Sodexo et Up Coop) contrôleraient 99% du marché.
Comme remédiation à ce déséquilibre, l’Autorité de la Concurrence privilégie la suppression de l’exclusivité de chaque émetteur sur les titres qu’il émet, permettant aux commerçants de « remettre tous les titres-restaurant reçus en paiement à l’intermédiaire de leur choix, lequel négocierait ensuite avec chaque émetteur les volumes remis et le taux de commission applicable. »
Les commerçants pourraient également se regrouper en centrales d’achat pour peser plus lourd face aux émetteurs de titres.
L’autorité suggère également de « mettre un terme au monopole exercé par chaque émetteur sur ses titres vis-à-vis des commerçants. »
Autant de mesures qui rendraient sans doute moins lisible les perspectives de développement et surtout d’amélioration de la profitabilité des principaux acteurs de l’industrie.
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