Les marchés sanctionnent chaque faux pas sur les résultats

Les marchés actions ont enregistré la semaine dernière leur pire semaine depuis le mois d'août.

Agefi/Dow Jones 23.10.2023
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Crédit photo: AP

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les marchés actions ont enregistré la semaine dernière leur pire semaine depuis le mois d'août.

Si la volatilité des indicateurs macroéconomiques et le risque d'un embrasement du conflit au Moyen-Orient incitent plus que jamais les investisseurs à la prudence, les premiers résultats des entreprises pour le troisième trimestre, de part et d'autre de l'Atlantique, n'ont pas contribué à améliorer leur sentiment.

En Europe, l'indice Euro Stoxx 50 a cédé plus de 4% et le S&P 500 a cédé 3% depuis le 10 octobre, date de la publication du chiffre d'affaires trimestriel du numéro un mondial du luxe LVMH, jugé décevant par le marché. L'action LVMH a, elle, chuté de 6,5% ce jour-là. Depuis, d'autres publications décevantes ont été durement sanctionnées. Aux Etats-Unis, Morgan Stanley (-6,8% le jour de la publication) a terni une séquence plutôt rassurante pour les autres banques américaines et la bonne surprise de Netflix a été contrebalancée par des déceptions chez American Airlines (-4,9%) ou Tesla (-9,3%).

En Europe, même des sociétés traditionnellement défensives comme les suisses Nestlé et Roche ont été sanctionnées. Le géant de l'agroalimentaire (-3,4%) a été pénalisé par une croissance inférieure aux attentes et une légère réduction de ses objectifs annuels.

Une déception principalement due à des difficultés temporaires dans la branche santé du groupe, estiment les analystes d'UBS. Ceux-ci confirment leur conseil positif sur la valeur en rappelant que le groupe suisse leur semble moins exposé que d'autres aux médicaments coupe-faim tels que celui commercialisé par le groupe pharmaceutique Novo Nordisk.

Selon eux, 8% des ventes globales de Nestlé pourraient être concernées, contre 18% chez son concurrent américain General Mills. Le laboratoire pharmaceutique Roche (-5%) a de son côté révélé des "ventes décevantes", selon les analystes de Deutsche Bank qui ont réduit leur objectif sur la valeur de 250 à 225 francs suisses.

Dans le secteur des semi-conducteurs, la réaction du titre ASML à la publication de ses résultats trimestriels illustre aussi la très forte fébrilité des marchés.

Le groupe a confirmé viser une croissance de 30% de son chiffre d'affaires en 2023, après un bénéfice et un chiffre d'affaires en hausse de respectivement 11% et 15,4% au troisième trimestre, au-dessus des attentes des analystes. Malgré ces nouvelles plutôt bonnes, les actionnaires ont sanctionné des perspectives stables pour 2024, le groupe considérant l'année prochaine comme une "année de transition". Le titre a reflué de 3,5% après ces déclarations.

Renault lourdement sanctionné

En France, plusieurs grandes entreprises ont également reculé en réaction à la publication de leurs comptes intermédiaires.

Le géant des cosmétiques L'Oréal a ouvert en baisse d'environ 3% le jour suivant la publication malgré l'annonce de ventes trimestrielles conformes aux attentes. La baisse des ventes dans la zone Asie du Nord, en partie due à un phénomène de déstockage, a pu inquiéter les investisseurs. Les analystes d'UBS estiment de leur côté disposer désormais d'"une meilleure visibilité et de plus de confiance dans la capacité du groupe à maintenir sa forte dynamique de croissance organique".

Déjà pénalisé en début de mois par des craintes sur un plafonnement des commissions dans les titres-restaurant, le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail Edenred (-2,9%) a également vu rouge après la publication de ses comptes. Le résultat opérationnel est pourtant ressorti inférieur de seulement 4 millions d'euros aux attentes du consensus et les spécialistes de Deutsche Bank ont jugé la publication "solide".

Le constructeur automobile Renault a payé un tribut boursier encore plus lourd (-7,3%) après une publication trimestrielle en deçà des prévisions, marquée par un chiffre d'affaires toutefois en hausse de 7,6% à 10,5 milliards d'euros.

La sanction, spectaculaire, renvoie l'action à un plus bas de quatre mois, à l'unisson du secteur automobile européen, mal orienté depuis quelques semaines. Les investisseurs s'interrogent sur la capacité du groupe à coter début 2024 son activité dédiée à l'électrique et aux logiciels. Ils se demandent également si Renault pourra maintenir sa ligne de conduite de non participation à la bataille tarifaire qui dicte le tempo de ce segment.

De bonnes nouvelles non prises en compte

"Les premiers résultats du troisième trimestre ne sont pas parvenus à améliorer l'humeur sur les marchés actions", résume Emmanuel Cau, stratégiste actions chez Barclays.

Pourtant, les publications meilleures que le consensus des analystes dépassent pour l'heure la moyenne historique constatée des deux côtés de l'Atlantique (60% en Europe et 80% aux Etats-Unis). Mais la réaction boursière est à la baisse, car la moindre déception est durement sanctionnée, et de manière asymétrique : en moyenne, la sanction est plus forte, en cas de désillusion, que le gain réalisé si les résultats battent les attentes. L'ampleur des sanctions n'avait pas été aussi importante en Europe depuis un an, et depuis cinq ans aux Etats-Unis.

S'il est trop tôt pour en tirer des conclusions, car moins de 20% des entreprises ont communiqué à ce stade leurs résultats trimestriels, ceux-ci corroborent les anticipations de Barclays.

"Notre opinion sur les résultats du troisième trimestre était qu'une conjoncture économique plus mitigée devait entraîner des résultats des entreprises moins bons aussi", explique Emmanuel Cau. Il note en outre que la tendance est moins favorable en Europe par rapport aux Etats-Unis avec des surprises à la hausse sur les chiffres d'affaires moins importantes.

La semaine qui débute "devrait être révélatrice, avec les entreprises représentant 50% de la capitalisation boursière aux Etats-Unis et 30% en Europe publiant leurs résultats", indique le stratégiste de Barclays.

Tout n'est donc pas perdu.

-Xavier Diaz et Johann Corric, L'Agefi ed: VLV

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
ASML Holding NV631,50 EUR2,43Rating
L'Oreal SA322,90 EUR0,84Rating
Lvmh Moet Hennessy Louis Vuitton SE574,90 EUR-0,09Rating
Morgan Stanley135,05 USD2,55Rating
Nestle SA75,96 CHF-0,73Rating
Novo Nordisk A/S Class B97,61 EUR-1,13
Renault SA40,55 EUR-0,20Rating
Roche Holding AG Bearer Shares265,80 CHF0,53
Tesla Inc340,90 USD-0,33Rating

A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.