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BRUXELLES (Agefi-Dow Jones)--Dans quelle mesure le triomphe inattendu de l'extrême droite aux Pays-Bas constitue-t-il une menace pour l'Europe ?
Après le choc du résultat des élections législatives de mercredi, les institutions de l'Union européenne (UE) tournent, vers l'avenir, un regard empreint d'angoisse.
Le Parti pour la liberté (PVV) du leader populiste europhobe Geert Wilders hérite de 37 sièges de députés sur les 150 de la Seconde Chambre. Un score historique, synonyme de large victoire, dont les implications sur la scène européenne restent à mesurer.
"Faiseurs de rois"
Outre une violente rhétorique anti-migrants - et anti-islam -, le sulfureux dirigeant défend toujours, sur le papier, un "Nexit", soit une sortie des Pays-Bas de l'UE. Aussi large qu'ait été sa victoire, l'éventuel pouvoir de nuisance de Geert Wilders à Bruxelles dépendra d'abord de sa capacité à bâtir une majorité.
Pour accéder au poste de Premier ministre, il aura, dans les prochaines semaines, à négocier avec les deux principales formations de centre-droit. Respectivement crédités de 24 et 20 sièges, le Parti pour la liberté et la démocratie (VVD, libéral) et le Nouveau Contrat social (NSC), du dissident chrétien-démocrate Pieter Omtzigt, détiennent désormais les clés. Ces partis accepteront-ils de traiter avec le populiste Wilders ?
La leader du VVD, Dilan Yesilgöz, a affirmé mercredi soir qu'elle ne comptait pas rejoindre un tel attelage. Pourtant, il y a encore quelques jours, la successeure du Premier ministre démissionnaire, Mark Rutte, à la tête du parti libéral avait entrouvert la porte à une coalition avec l'extrême droite. De son côté, Pieter Omtzigt, l'autre "faiseur de roi" n'a pas écarté l'option de rejoindre un gouvernement Wilders, loin de là.
"Les Pays-Bas doivent être gouvernés", a-t-il notamment fait valoir, tout en prévenant que "ce ne sera pas facile".
Geert Wilders dispose à n'en pas douter de vraies chances de décrocher la tête de l'exécutif, conviennent les différents experts. "Sa victoire est si large qu'il va être politiquement difficile pour les autres partis de l'ignorer pour la formation d'un gouvernement", explique Sander Tordoir, chercheur néerlandais du Center for European Reform.
Cependant, pour espérer conclure un accord, le chef du PVV n'aura d'autre choix que de modérer ses positions. Ce qu'il a commencé à faire dès son allocution victorieuse de mercredi soir, en promettant de ne pas donner suite à ses propositions "anti-constitutionelles" visant les musulmans - la fermeture des mosquées, l'interdiction des corans. En serait-il de même, sur la scène européenne, de son opposition à l'aide à l'Ukraine, de son hostilité à la politique climatique, et, plus encore, de ses velléités de "Nexit" ?
Motifs d'inquiétude
"Le Nexit n'aura pas lieu de sitôt, mais son spectre plane de nouveau sur la politique néerlandaise", juge Rem Korteweg, du think tank Clingendael, sur X (ex-Twitter). Mercredi, les perspectives de l'UE se sont ainsi assombries.
"Si Wilders parvient à former un gouvernement, celui-ci sera très critique de toutes nouvelles initiatives de l'UE, en matière budgétaire, de nouveaux accords, d'élargissement", poursuit ce chercheur néerlandais, spécialiste des affaires européennes. Les plus optimistes à Bruxelles relèvent que l'élection ne s'est pas jouée sur le thème de l'Union européenne, assez absent des débats, il est vrai.
En même temps, les motifs d'inquiétudes ne manquent pas : parmi les potentiels alliés de Wilders, les positions ne sont pas nécessairement beaucoup plus favorables au projet européen. Le programme de Pieter Omtzigt proposait notamment de donner au Parlement néerlandais la possibilité de s'opposer à une loi européenne, une idée incompatible avec l'appartenance à l'Union.
Alors que le moteur franco-allemand est enraillé, "le couple Macron/Mark Rutte était un pilier de l'UE. Le président français risque de se retrouver un peu seul pour faire avancer un certain nombre d'idées", soupire-t-on côté français. Exemple parmi d'autres, les ambitions hexagonales de gonfler le volume du budget européen, voire de donner suite à l'expérience de l'emprunt commun, semblent pour un temps avoir du plomb dans l'aile.
-Clément Solal, L'Agefi ed: VLV
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