Les défis macro-économiques aux Etats-Unis et en Europe, l’incertitude politique et une remontée de la prime de risque sur les actions devraient peser sur les actions européennes en 2024, selon Sebastian Raedler et l’équipe de stratégistes Europe de Bank of America (BofA) Securities.
La « résilience » économique de 2023 ne se poursuivra pas en 2024, en raison d’un affaiblissement du cycle du crédit résultant de la politique monétaire restrictive de la Réserve fédérale (Fed), une politique budgétaire moins expansionniste et une réduction des carnets de commandes qui pèsera sur l’activité des entreprises l’an prochain.
Tout ceci pourrait se traduire par une correction boursière au cours du premier semestre (15% de baisse attendus), marquée par une sous-perfomance des valeurs cycliques par rapport aux valeurs défensives et des titres « value » par rapport aux valeurs de croissance.
Cette baisse proviendrait tout d’abord d’une remontée de la prime de risques sur les actions, qui entraînerait une compression des multiples de valorisation, avant qu’une politique plus accommodante de la BCE ne redonne de l’air au marché actions en Europe.
BofA Securities s’attend toutefois à ce que les prévisions des résultats des entreprises européennes ne soient revues à la baisse l’an prochain (d’environ 15%), en réponse à un environnement économique moins favorable.
« Un momentum de croissance solide a pousser les résultats de l’indice Stoxx Europe 600 à un nouveau record, en hausse de 85% par rapport à 2020 et de 7% depuis janvier. Nous pensons que cette tendance va s’inverser avec le ralentissement de l’économie mondiale », note BofA.
La banque table en outre sur une hausse de 120 points de base de la prime de risque des actions européennes, de 7,5% à 8,7% d’ici mi-2024. « L’impact négatif sur les multiples de valorisation sera en partie contrebalancé par une baisse des taux réels, les banques centrales adoptant une position plus accommodante en raison du ralentissement économique et d’une inflation déclinante. »
Le multiple de valorisation des actions européennes devrait ainsi reculer de 12,2x actuellement vers 11x au mi-temps du deuxième trimestre 2024, puis rebondir vers 13,5x à la fin de l’année prochaine.
« Ces projections impliquent un potentiel de baisse de 15% pour l’indice Stoxx Europe 600 à 390 points mi-2024, suivi d’un rebond vers 420 points à la fin de l’année », écrivent Raedler et son équipe dans leur note datée du 24 novembre.
Scénario d'évolution de l'indice Stoxx Europe 600
« Etant donné le biais ‘value’-cyclique de l’Europe, nous anticipons une poursuite de la sous-performance des actions européennes par rapport à l’indice MSCI World », conclut le stratégiste.
Ces vues tranchent avec celles bien plus optimistes des stratégistes US de BofA Securities, qui tablent sur une progression de l’indice S&P 500 l’an prochain. Elles tranchent avec les vues d’autres banques sur les actions européennes, dont Goldman Sachs, qui prévoit une progression de 7% de la classe d’actifs en 2024.
Pour BofA, une grande partie de la performance des actions européennes dépendra de l’évolution du cycle aux Etats-Unis, tant macro que monétaire.
La situation de l’économie chinoise sera également un facteur à suivre, mais somme toute moins important pour la classe d’actifs.
Etonnament, les stratégistes de BofA ne voient pas beaucoup d’influence de l’économie européenne sur le marché actions, reflet de la relativement forte internationalisation des plus grandes entreprises européennes relativement aux sociétés cotées outre-Atlantique.
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