Crédit Agricole a de bonnes raisons pour soutenir Worldline

Le dernier avertissement sur résultats du spécialiste des paiements, fin octobre, n'a pas seulement échaudé ses actionnaires.

Agefi/Dow Jones 04.12.2023
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PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'avertissement sur résultats de Worldline, fin octobre, n'a pas seulement échaudé les actionnaires du spécialiste des paiements.

Le "warning" du 25 octobre, sanctionné par un plongeon de 59% de l'action en une séance, puis par la dégradation de la note du groupe aux portes de la catégorie spéculative chez S&P, inquiète aussi Crédit Agricole.

La banque est soucieuse de préserver le partenariat industriel annoncé au printemps entre les deux groupes. Au point d'entrer au capital de l'entreprise dirigée par Gilles Grapinet ? Cette perspective, rapportée vendredi par l'agence Bloomberg, et qu'aucun des groupes ne commente, a provoqué un rebond de 5,9% du titre Worldline le jour même.

Lundi matin, l'action s'adjuge 4% supplémentaires, à 15,68 euros.

Fin octobre, Crédit Agricole avait déjà tenu à s'assurer auprès de son partenaire que son avertissement ne remettait pas leurs projets en cause, selon les informations de L'Agefi. Les deux groupes ont annoncé au printemps la création d'une société commune dans les services aux commerçants, petits et grands, dont Worldline détiendra 50% plus une voix. Après avoir obtenu les autorisations nécessaires, l'entité serait opérationnelle dès 2024. Elle proposera alors des offres monétiques - gestion des cartes et des transactions - à cette clientèle en France, en contrant la concurrence des pures fintechs comme Adyen qui ont su accompagner l'essor du commerce en ligne. L'accord prévoit des investissements par apports d'actifs de 80 millions d'euros, réalisés à parité entre les parents.

Wirecard, la mauvaise pioche

Si Crédit Agricole tient à aller au bout avec Worldline, c'est qu'il a déjà grillé un joker dans ce secteur. En 2018, la banque verte avait annoncé un partenariat similaire avec Wirecard pour une mise en œuvre dès l'année suivante. La découverte d'une fraude comptable massive chez la fintech allemande, qui s'est soldée par un dépôt de bilan en 2020, avait rendu l'alliance caduque. La banque mutualiste a ensuite mis 18 mois à négocier un nouvel accord stratégique avec Gilles Grapinet, une veille connaissance qui a dirigé la stratégie et les paiements de Crédit Agricole SA en 2007-2008.

Sur le plan industriel, la banque ne veut pas porter seule les investissements nécessaires à une offre de paiement multicanale et compte s'appuyer sur les développements réalisés par Worldline. D'ailleurs, sa filiale CA Payment Services vendrait déjà aujourd'hui en majorité des progiciels achetés sur étagère. De son côté, l'ancienne filiale d'Atos accéderait à la fois à la clientèle de professionnels, TPE et PME du Crédit Agricole, et au "scheme" de paiement Carte Bancaire (CB), apanage des banques françaises.

Selon des éléments présentés aux collaborateurs du groupe de paiements, la joint-venture pourrait réunir dans un premier temps, d'ici à fin 2024, une petite centaine de collaborateurs au profil surtout commercial. Objectif : vendre vite de nouveaux produits et répondre ensemble aux appels d'offre des grands commerçants. Puis, à partir de 2025, l'effectif de la société commune pourrait atteindre 260 collaborateurs, avec davantage de développeurs qu'au démarrage.

Crédit Agricole a donc tout intérêt à soutenir son partenaire. Aux cours de vendredi, 1% du capital lui coûterait 42 millions d'euros. Une modification des équilibres au tour de table pourrait aussi donner l'occasion de revoir la gouvernance de Worldline, dont la société de recherche OFG a critiqué la faiblesse fin octobre. "Le conseil d'administration incarne trop le passé", taclait l'expert en gouvernance, en relevant les présences du président indépendant le plus âgé du SBF 120, Bernard Bourigeaud (79 ans), et d'un administrateur référent de 76 ans, Georges Pauget, issu des rangs... du Crédit Agricole.

-Alexandre Garabedian, L'Agefi ed: VLV

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones

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(END) Dow Jones Newswires

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Credit Agricole SA13,01 EUR-0,46Rating
Worldline SA7,97 EUR-1,75Rating

A propos de l'auteur

Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.