La Banque centrale européenne a décidé de maintenir ses taux inchangés au terme de la réunion du conseil des gouverneurs ce jeudi. Cette décision était attendue.
Elle a également indiqué qu'il n'y aurait pas de nouvelle hausse des taux pour lutter contre l'inflation.
Lors d'une conférence de presse, sa présidente, Christine Lagarde, a indiqué que l'institution "n'avait pas discuté de baisse des taux".
La banque a néanmoins baissé ses prévisions d'inflation par rapport à ses projections publiées en septembre dernier, tant pour 2023 que pour 2024. L'inflation devrait se situer à 5,4% en moyenne en 2023 (5,6% précédemment attendu) puis reculer à 2,7% (contre 3,2%) en 2024.
"Si l'inflation a reculé au cours des mois récents, elle pourrait rebondir temporairement à court terme à cause d'effets de base", a indiqué Lagarde.
Une progression des salaires et un recul des gains de productivité signifient que les prix devraient rester élevés. En outre, des effets inflationnistes pourraient survenir en lien avec les événements géopolitiques au Moyen-Orient ou avec des phénomènes météorologiques extrêmes.
L'euro a continué de progresser face au dollar après la décision de la BCE. La veille, la Fed a indiqué qu'elle envisageait des baisses de ses taux directeurs en 2024.
Les Bourses à travers le monde ont rebondi suite à cette annonce.
Vers un assouplissement?
Les observateurs ont noté que la décision de la BCE pourrait ouvrir la voie à une politique monétaire plus expansionniste.
La BCE "a fait une première tentative d'annonce accommodante", estime Carsten Brzeski, économiste chez ING bank.
"Le communiqué signal à minima que la fin de la hausse des taux est là. La citation évoquant le fait que 'l'inflation devrait rester élevée longtemps' a été retirée. En même temps, cependant, la phrase indiquant que 'les taux seront maintenus à un niveau suffisamment restrictif aussi longtemps que nécessaire' fait toujours partie de la communication officielle", observe-t-il.
Avant la réunion de jeudi, les marchés tablaient sur une baisse des taux de 150 points de base l'an prochain.
Lagarge a estimé que les hausses salariales et les conditions de financement étaient encore restrictives.
"Cela envoie un signal clair contre une baisse rapide et importante des taux", note pour sa part Johannes Mayr, chef économiste chez Eyb & Wallwitz.
La BCE va également continuer de faire usage de son bilan pour maintenir une politique monétaire restrictive en réduisant le réinvestissement des produits de son programme d'achats d'actifs (PEPP) au cours du second semestre 2024.
"Cela pourrait préparer le terrain à une première baisse des taux dans le courant du second semestre", estime Michael Holstein, chef économiste chez DZ Bank.
"L'attentisme fait sense, car l'économie et en particulier un marché du travail stable n'imposent pas d'agir rapidement", ajoute-t-il.