Source: AP
Dassault Systèmes (DSY) publie ses résultats du quatrième trimestre et pour l’année 2023 jeudi 1er février avant Bourse.
A quoi faut-il s’attendre ?
Les analystes attendent la confirmation d’une poursuite d’une croissance solide des ventes de licences, qui étaient en perte de vitesse au cours du premier semestre 2023 et ont réaccéléré au cours du troisième trimestre. « Avec des ventes de licences en progression de 20% et le directeur financier indiquant ne pas voir de retrait de la demande, ceci pourrait se traduire par de bonnes surprises sur ce front », notaient les analystes de JPMorgan dans une étude en date du 30 octobre 2023.
« Dassault Systèmes continue de voir sa plateforme 3DEXPERIENCE engranger des contrats sur plusieurs années avec de nombreuses opportunités de ventes croisées et reste un leader technologique dans un marché large et dynamique », abondent les équipes de BNP Paribas Exane dans une étude publiée le 8 novembre dernier.
Selon le consensus Factset, les analystes anticipent un bénéfice par action ajusté (non IFRS) de 1,20€, en ligne avec la fourchette communiquée par l’entreprise lors de l’annonce de ses derniers résultats trimestriels.
Le chiffre d’affaires du quatrième trimestre est attendu à 1,67 milliard d’euros (5,69 milliards d’euros pour l’année 2023, soit une progression de 5,2%), et le résultat opérationnel à 605 millions d’euros, dans le haut de fourchette des prévisions (1,93 milliard d’euros pour l’année).
Le bénéfice net de l’éditeur devrait atteindre 490 millions d’euros au cours du trimestre et 1,58 milliard d’euros sur l’année, en croissance de 4,4%.
Estimation de la juste valeur de Dassault Systèmes
Morningstar estime la juste valeur du titre à 37 euros par action implique un ratio cours/bénéfice ajusté de 31 fois en 2023 et un rendement des flux de trésorerie disponibles de 2 %. Nous nous attendons toujours à ce que l'entreprise enregistre une croissance saine de son chiffre d'affaires au cours des prochaines années, avec un taux de croissance annuel composé de 10 % sur cinq ans.
Nous pensons que la croissance du chiffre d'affaires sera en grande partie liée à l'expansion du marché du PLM, qui devient de plus en plus concurrentiel, qui est de plus en plus intégré dans le secteur de l'automobile par le biais de l'ingénierie en véhicules électriques, et de la croissance du marché de la gestion du cycle d'essais et de la R&D pour l’industrie pharmaceutique.
Selon nos prévisions, nous nous attendons à ce que le taux de marge brute s'améliore de 200 points de base, car l'entreprise gagne en envergure dans les domaines suivants l'expansion de ses clients 3DExperience et de la diminution des revenus de services à faible marge brute. Nous prévoyons une augmentation de la marge d'exploitation d'environ 10 points au cours des 10 prochaines années, de 23% en 2022 à 33% en 2032.
Principaux indicateurs Morningstar
Dernier cours de clôture : 47,91€
Note Morningstar : ★★
Note du rempart concurrentiel : Large/étendu
Note d’incertitude Morningstar : Moyenne
Quelle cyclicité des principaux marchés clients ?
Plusieurs brokers ont récemment revu leur opinion sur le titre (JPMorgan, Exane, Deutsche Bank, Kepler). Dans une note du 26 janvier, Laurent Daure chez Kepler table sur une « accélération des revenus récurrents et sur la capacité de doubler le bénéfice par action au cours des cinq prochaines années ».
L’analyste estime que Dassault Systèmes devrait viser plus de 8% de croissance organique en 2024, grâce notamment à la signature de nombreux contrats d’ampleur sur sa plateforme 3D Experience. Il note qu’au cours des 30 dernières années, l’entreprise a « toujours atteint ses plans à 4-5 ans (dans le pire des cas avec un retard d’un an à cause de la macro) ».
Citi, qui a un avis « Neutre » sur le titre, s’attend à des résultats en ligne avec le consensus mais attend également des perspectives « solides » en 2024, avec une amélioration de la croissance et « des marges s’améliorant sur un an au-delà de la tendance » et une attention sur la contribution des prix et du contrôle des coûts.
Mais d'autres courtiers soulignent que 23% des ventes de DSY sont faits avec l'automobile, industrie confrontées à l'incertitude économique et à la difficile adoption des véhicules électriques.
Quel potentiel dans les sciences de la vie ?
De récents articles de presse ont soulevé les craintes de pertes de brevets pour un certain nombre de grands laboratoires pharmaceutiques (BMS, Merck, Johnson & Johnson) d’ici 2030, ce qui pourrait se traduire par une chute des revenus et une pression concurrentielle plus intense.
Les analystes qui suivent Dassault Systèmes pensent toutefois que le groupe serait proche d’un point bas, avant deux années de croissance plus soutenue.
« Medidate concourt dans une industrie où il y a un faible niveau d’innovation en termes de logiciels de gestion des essais cliniques par rapport à l’histoire récente », notent les analystes de Deutsche Bank. Le nombre d’études initiées en 2023 est en repli de 8% par rapport au pic de 2021 (en pleine pandémie de COVID-19), tandis que les études de phase III sont en repli de 15%. « Les essais ont enfin atteint des niveaux normalisés et devraient être mieux positionnés pour la croissance à partir d’une base plus faible », écrivent-ils dans une note du 16 janvier.
Laurent Daure chez Kepler pense que Medidate « devrait mieux performer en 2025 qu’en 2024, et il y a de la place pour une accélération de la croissance au niveau du groupe en 2025. »
Les grandes manœuvres reprennent
L’opération de rapprochement entre les américains Synopsys et Ansys, concurrent de DSY, devrait soulever des questions sur les prochaines opérations de croissance externe que pourrait mener le français.
Les acquisitions font en effet partie intégrante de son modèle de développement depuis sa fondation au début des années 1980.
Confirmation des objectifs de moyen terme
Lors de sa dernière journée investisseurs, Dassault Systèmes a indiqué viser un doublement de son résultat par action d’ici 2028, dans une fourchette comprise entre 2,20 et 2,40 €, dont 80% par croissance organique et 20% par acquisitions.
Cette trajectoire de croissance est en ligne avec l’historique de l’entreprise, comme l’ont souligné Kepler et Deutsche Bank, et ne devrait pas faire l’objet de changement. La manière d’y parvenir, notamment à travers plus de grands contrats 3D Experience, plus de solutions vendues via le Cloud et les abonnements, sera particulièrement scrutée par le marché.
Rempart concurrentiel
Selon Julie Bhusal Sharma, analyste chez Morningstar, « nous pensons que Dassault Systèmes mérite un large fossé en raison de ses coûts de changement importants fondés sur les fonctions qu'elle remplit dans des industries hautement critiques, telles que l'automobile, l'aérospatiale et la défense, ainsi que de la courbe d'apprentissage nécessaire pour maîtriser l'utilisation de ses logiciels. Les taux de désabonnement nous confortent dans l'idée que l'entreprise a des coûts de substitution élevés. L'entreprise cite un taux de désabonnement relativement conforme au secteur et au type de client : moins de 3 % pour l'ensemble de ses activités, à l'exclusion des petits clients, dont le taux de désabonnement avoisine les 10 %, ce qui correspond aux taux de désabonnement typiques des petites entreprises. Bien que nous pensions que plusieurs offres de Dassault bénéficient d'un effet de réseau substantiel, étant donné que ces offres ne représentent pas la majorité des activités de l'entreprise, nous n'attribuons pas d'effet de réseau à l'ensemble des sources de rempart concurrentiel de Dassault. »
Risques et incertitudes
Nous pensons que Dassault Systèmes présente une incertitude moyenne. Nous ne prévoyons pas de problèmes environnementaux, sociaux ou de gouvernance importants à l'horizon.
Nous pensons qu'en cas de ralentissement économique, Dassault est légèrement moins bien loti que ses autres concurrents dans le domaine de la CAO, comme Autodesk et PTC, en raison de son pourcentage plus faible de revenus récurrents (72 %). Par conséquent, nous pensons que les revenus non récurrents, qui comprennent les licences, sont plus importants que les revenus récurrents.
qui comprennent les licences, sont plus susceptibles de diminuer en cas de récession.
En ce qui concerne les secteurs exposés de Dassault, nous pensons qu'il existe des risques que ses logiciels de CAO fassent partie intégrante de la production d'objets hautement critiques, tels que les avions et les automobiles. Par exemple, si une simulation devait prédire
résultats erronés, entraînant la production d'un certain nombre d'avions ou d'automobiles défectueux, nous pensons que la réputation de Dassault pourrait grandement en souffrir. Nous pensons qu'il en va de même pour l'exposition de Dassault aux sciences de la vie. Si la science des matériaux
des matériaux prévues dans les logiciels de Dassault s'avèrent erronées, l'expérimentation animale ou humaine d'un médicament pourrait donner lieu à des résultats graves et à un allongement de la durée du cycle de production des médicaments.
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