Ce fonds « tech » bat sa catégorie et le marché sans détenir Nvidia

Mais il détient des titres appartenant aux fameux « 7 Magnifiques ».

Jocelyn Jovène 26.02.2024
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IA

Dans la catégorie des fonds de technologie agréés à la vente en France, le fonds Fidelity Global Technology se distingue à plus d’un titre.

Il s’agit du plus gros fonds de sa catégorie avec près de 19 milliards d’euros d’actifs sous gestion, soit près du double du deuxième plus gros fonds - Franklin Technology.

En outre ce fonds se classe dans le premier décile de sa catégorie sur 10 ans, ce qui, dans l’univers de la technologie, est plutôt une performance (son historique de performance sur des périodes plus courtes est plus décevant cela dit).

Mais une caractéristique non moins intéressante est que ce fonds n’a presque jamais détenu de titres du fabricant de semi-conducteurs NVIDIA. Pas au cours des cinq dernières années à tout le moins (il a été actionnaire de l’entreprise entre juillet 2015 et juin 2016, soit à peine un an).

Malgré l’absence de l’unes des entreprises de technologie les plus populaires depuis fin 2022, l’avènement de ChatGPT et des prouesses de l’intelligence artificielle – dont Nvidia bénéficie grandement – le fonds Fidelity Global Technology a surperformé sa catégorie ainsi que l’indice Nasdaq Composite au cours des dix dernières années

Pourquoi ce fonds n’est-il plus actionnaire de Nvidia ?

Dans un commentaire sur la stratégie, le gérant principal, HyunHo Sohn, en charge de la stratégie depuis 2013, expliquait en novembre de l’année dernière : « le fonds ne détient pas NVIDIA, qui est une bonne société, dirigée par un management solide. Cependant, l'entreprise elle-même est dans l'infrastructure technologique et peut être irrégulière et cyclique - ce qui, à mon avis, est sous-estimé par le marché. »

S’il évite Nvidia, le gérant considère le thème de l’intelligence artificielle (IA) comme valide : « je pense que l'IA est une technologie intéressante et qu'elle a un fort potentiel à long terme. De nombreuses entreprises investissent dans la mise en place d'une infrastructure d'IA et, par conséquent, nous constatons une augmentation de la demande dans des domaines tels que les unités de traitement graphique (GPU) et les réseaux d'IA. »

Ceci étant dit, le gérant estime que le marché s’emballe quelque peu sur cette technologie et ses promesses.

« Selon moi, l'adoption de l'IA pourrait s'avérer plus lente que prévu. Les gens comparent souvent l'IA générative au mouvement de l'iPhone et, alors que ce dernier était un produit de consommation innovant dont l'adoption a été très rapide, l'IA générative est une application commerciale - qui devra être considérée parallèlement à la réglementation, à la conformité, à la sécurité et à la gouvernance des données. C'est pourquoi, malgré tout le battage autour de l'IA, nous n'avons pas vu beaucoup d'entreprises capables de monétiser l'IA avec succès. Il pourrait donc y avoir une période de digestion avec cette technologie et c'est l'un des facteurs de risque que je surveille. »

Quelles sont ses plus gros paris ?

S’il ne détient pas de titres Nvidia, le fonds, qui possède une centaine de positions, est un actionnaire de très longue date d’Apple(acheté en 2004), d’Alphabet (2005). Il détient également des titres Microsoft (2017), Amazon (depuis 2020) et est également un actionnaire de longue date d’Ericsson(2011), SAP (2016).

Le fonds est actionnaire de 4 des « 7 Magnifiques », mais ces sociétés ne représentaient que 15% des encours fin 2023.

L’analyse des données de Morningstar montre que le gros des positions actuelles du fonds a été constitué en 2020 (14% du portefeuille constitué cette année) et en 2022 (24%), soit deux années marquées par des épisodes de forte volatilité sur le marché (et de baisse puis de rebond des valeurs technologiques).

Ce fonds reçoit d’ailleurs une note Morningstar « Silver », une note positive qui doit à la stabilité de l’équipe de gestion, aux performances du fonds et au process, mais sans doute pas aux frais de gestion. A 1,88%, les frais courants sont en effet très au-dessus de la moyenne des 109 fonds agréés à la vente en France (1,06%).

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.