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Les actionnaires d’Atos n’ont plus beaucoup d’espoir de récupérer leur mise.
La fin des discussions entre Airbus et Atos au sujet de la vente de DBS est sans doute le prélude à un démantèlement inévitable du groupe de services informatiques, et le rachat à bon compte de certains de ses actifs par des fonds ou des acteurs industriels, sous l’œil attentif de l’Etat français, Atos contrôlant des activités stratégiques (calcul de haute puissance entre autres).
Dans une note tristement intitulée « Game Over » et obtenue par Morningstar, Laurent Daure, analyste de Kepler Cheuvreux, observe : « Alors que nous conseillons aux investisseurs de rester à l'écart de ce titre depuis près de deux ans, l'absence de rentrées de fonds [grâce à une transaction sur] BDS se traduira par une dilution encore plus importante pour les actionnaires actuels. »
L’action ne vaudrait plus que 1 euro
L’analyste estime à 1 euro la valeur du titre et recommande désormais de le vendre (sa précédente recommandation était « conserver »).
« Il est peu probable que l'on trouve un autre acheteur pour BDS après le retrait d'Airbus », estime Laurent Daure.
« Bien qu'Airbus n'ait pas détaillé les raisons pour lesquelles il s'est retiré de la transaction, l'activité cyber d'Atos est plus une activité de personnes que de solutions. Les personnes clés ayant quitté l'entreprise après le départ de Pierre Barnabe, l'acquisition de l'actif aurait pu être trop risquée pour Airbus » ajoute l’analyste.
Depuis plus d’un an, le sort d’Atos a été balancé par les atermoiements d’une direction qui n’a cessé de changer, d’un conseil d’administration qui a du être profondément remanié, et d’une absence de stratégie claire qui est aujourd’hui centrée sur la réduction de l’endettement du groupe - 2,2 milliards d’euros selon les derniers états financiers, alors la capitalisation boursière de l’entreprise n’est plus que de 194 millions d’euros.
Une dette moyenne de 4 milliards d’euros
Avec une dette nette « que nous estimons à 4 milliards d'euros en moyenne sur l'année en incluant les swings d'affacturage et de besoin en fonds de roulement, la situation est critique », estime l’analyste de Kepler Cheuvreux.
« Si BDS avait été vendue, le groupe aurait pu convaincre les banques de différer le remboursement d'une partie de la dette et il y avait encore un espoir que les actionnaires ne soient pas trop massivement dilués », ajoute-t-il.
Il ne resterait donc plus beaucoup d’options pour sortir l’entreprise de l’impasse financière dans laquelle elle se trouve.
Il est évident qu’en l’état actuel des choses, Atos ne ressemblera plus à ce à quoi le groupe de services informatiques pouvait ressembler (holding contrôlant une activité en perte de vitesse dans l’externalisation de process et une autre centrée sur le « big data » et la cybersécurité).
Dilution massive
« En l'absence d'entrées de trésorerie provenant de cessions dans un avenir proche, le groupe aurait besoin d'un apport de trésorerie de la part d'un nouvel actionnaire (CGI, Kretinsky et Onepoint seraient intéressés, selon plusieurs articles de presse) tandis que les détenteurs de capitaux seraient massivement dilués », souligne Laurent Daure.
« Le gouvernement français devrait simplement s'assurer que les contrats les plus stratégiques (et l'activité HPC) soient vendus à des acteurs français dans le processus », ajoute-t-il.
Reste à savoir qui souhaitera réinvestir des liquidités pour reprendre certaines activités de l’entreprise, avec des effectifs dont le moral doit être durement touché par la situation catastrophique d’Atos, et reprendre au passage certains des passifs d’Atos – sans doute l’un des points les plus contentieux du dossier.
La situation devient urgente, « avant que d'autres clients et employés ne quittent l'entreprise », avertit Laurent Daure.
« Maintenant que BDS n'a pas été vendue, nous ne voyons pas d'autre solution qu'une fin de partie douloureuse pour les actionnaires. Le gouvernement se concentrera d'abord sur la sauvegarde des emplois, les actionnaires viendront en dernier », conclut-il.
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