En France, de nombreux investisseurs souhaitent investir dans des actions pour obtenir un dividende. Plus le rendement du dividende est élevé, mieux c'est.
Le dividende, un « bonus » avant tout
Personnellement, je ne vois pas l'intérêt d'acheter des actions pour recevoir un dividende. L’intérêt premier de détenir des actions est de s’exposer au potentiel de croissance d’une entreprise, à la qualité de ses actifs, de son équipe de direction et de sa stratégie.
De mon point de vue, le dividende est un « bonus », mais n’est JAMAIS une et encore moins LA condition pour acheter une action.
Pour certains investisseurs, détenir des actions offrant des rendements attrayants peut être un bon moyen de « prendre le beurre et l'argent du beurre », en bénéficiant, s'ils choisissent bien leurs titres, de l'appréciation du cours de l'action tout en recevant un dividende dont la valeur augmente chaque année.
Mais les détenteurs de très longue date (10 ans et plus) d'actions d’entreprises comme LVMH, EssilorLuxottica, Air Liquide ou L'Oréal savent très bien que le principal moteur d’appréciation de leur entreprise en Bourse a été avant tout la croissance des bénéfices, reflet de choix stratégiques habiles.
Le dividende versé par ces entreprises a lui aussi augmenté, ce qui est logique puisque le dividende est une portion du bénéfice, rien de plus.
Erreur d’analyse
De mon point de vue, en se focalisant uniquement sur le dividende, certains investisseurs se trompent dans leur analyse.
Comme je viens de l’expliquer, le dividende est la part du résultat net qu'une entreprise décide de reverser à ses actionnaires. Elle n'a cependant aucune obligation de le faire.
Verser un dividende ne lèse personne, ni les salariés (dont la rémunération fait partie des charges d'exploitation d'une entreprise et reflète la qualité des relations sociales), ni l'État (puisque le résultat net est net de l'impôt sur les sociétés - là encore, cela relève de la politique fiscale du pays dans lequel l'entreprise a son siège - il s'agit donc d'un choix politique).
De plus, lorsque les actionnaires français reçoivent des dividendes, ils paient également l'impôt sur le revenu (30% dans le cadre d’un compte-titres ordinaire).
Alors pourquoi est-ce une erreur de faire des dividendes le principal (voire le seul) critère d'investissement ?
Une autre manière d’aborder la question du dividende
Opérons un glissement sémantique en remplaçant « actionnaire » par « copropriétaire » d'une entreprise.
En détenant des actions, le détenteur d’actions lie le potentiel de son épargne financière à la qualité de l'équipe dirigeante de l'entreprise, à ses perspectives d'activité, à la bonne gestion de ses ressources financières, humaines, matérielles et immatérielles.
Il fait aussi un pari sur la capacité de l'entreprise d’allouer son capital à des activités rentables qui lui permettent d'accroître ses revenus et ses bénéfices.
En faisant du versement d'un dividende le seul ou le principal critère de décision en matière d'investissement, la plupart des personnes qui souhaitent détenir des actions adoptent une vision trop réduite de la réalité des entreprises, et peuvent prendre un risque inconsidéré, en particulier si la société en question ne génère pas de cash-flow libre suffisant.
La qualité des fondamentaux d’une action devrait primer
Plutôt que de se focaliser sur le versement du dividende, ils feraient mieux de considérer le potentiel de croissance de l'entreprise, la génération de cash et le rendement du capital investi - en se concentrant sur les entreprises ayant un réel avantage concurrentiel (le fameux « Moat » de Warren Buffett) et en ne considérant le dividende que comme un « plus » qui peut être agréable à recevoir, mais qui n'est en aucun cas un critère d'investissement décisif.
Si les résultats de l'entreprise sont solides et que le management est honnête et compétent, le principal moteur d’appréciation du cours de Bourse sera la qualité des fondamentaux, et le rôle du dividende ne sera que secondaire.
Et de toute manière, si l'entreprise est bien gérée et que ses perspectives de développement à long terme sont assurées, le versement d'un dividende deviendra une option logique envisagée par l'entreprise pour récompenser la fidélité (et la patience) de ses actionnaires.
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