Après la décision de la BCE, les actions européennes ont-elle encore du potentiel ?

Un environnement macro plus porteur, une bonne orientation des résultats des entreprises et de nouvelles baisses des taux pourraient entretenir la hausse des Bourses en Europe.

Jocelyn Jovène 07.06.2024
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L’annonce par la BCE d’une baisse attendue de ses taux directeurs tout en relevant sa prévision d'inflation a pesé sur la hausse des marchés actions en Europe, jeudi 6 juin 2024.

Peu après l'annonce, l'indice Stoxx Europe 600 ne progressait plus que de 0,4% alors qu'il était en hausse de 0,78% avant l'annonce de la BCE. Il a terminé la séance du 6 juin sur un gain de 0,66%.

Le fait que la BCE relève sa prévision d'inflation semble pourrait réduire la probabilité d'une nouvelle baisse des taux directeurs en juillet, lors de la prochaine réunion du comité de politique monétaire de l'institution basée à Francfort.

Jusqu'à présent, les investisseurs anticipaient de nouvelles baisses des taux directeurs soit lors de la réunion de juillet ou en septembre prochain, à condition que l’inflation poursuivre sa lente décrue.

Mais jusqu’où les baisses de taux peuvent-elles alimenter la hausse des marchés ? Quelles sont les attentes en la matière des investisseurs ?

Pour Michael Field, stratégiste chez Morningstar, « la question de savoir si d'autres baisses de taux suivront en 2024 fait encore débat. La majorité des économistes le pensent. J'aurais tendance à être d'accord, l'inflation a suffisamment baissé pour le justifier [d’autres baisses], et les taux d'intérêt à 4,5 % donnent à la BCE une grande marge de manœuvre pour baisser sans craindre une résurgence de l'inflation », explique-t-il.

Quelle sont les attentes des investisseurs ?

Depuis le début de l’année, les marchés actions européens ont progressé de près de 9%.

Cette hausse s’explique pour des estimations de résultats pour les actions europénnes revues en hausse de 2,8% depuis le début de l’année, et l’appréciation du multiple de valorisation (P/E) qui a lui cru de 5,9%, passant de 13x à 13,8x actuellement (à ce niveau il est légèrement en-deçà de sa moyenne historique de 14x).

Pour que la hausse des indices boursiers européens se poursuivent il faudra avant tout que la confirmation de la reprise économique se lisent dans les publications de résultats des enterprises européennes au cours du second semestre 2024, estime Laurent Chaudeurge, gérant de fonds chez BDL Capital Management.

« Les retours des entreprises que nous avons montrent que le mouvement de déstockage de l’an dernier est terminé. Les résultats du deuxième trimestre 2024 ont été meilleurs que ceux du premier, mais on n’a pas encore vu une reprise très marquée. Il faut donc que le second semestre valide cette reprise et que les bénéfices continuent de croître au second semestre, lesquels devraient bénéficier d’une base de comparaison favorable par rapport au second semestre 2023 », explique-t-il.

« Comme toujours, ce qui compte vraiment, c'est l'activité économique, plus que la réduction des taux », estime Guillaume Jaisson, stratégiste chez Goldman Sachs, dans une note publiée le 31 mai. « En effet, les actions européennes sont moins performantes lorsqu'une première réduction est suivie d'une récession, alors qu'elles ont même pu augmenter de 19 % au cours des 12 mois suivants lorsque la récession a été évitée. »

« Cette récente baisse de 25 bp des taux d'intérêt par la BCE était bien attendue par le marché », observe Nicolas Walewski, co-fondateur et gérant chez Alken Asset Management.

« La question reste de savoir jusqu'où les taux vont encore baisser en Europe à l'avenir. L'inflation semble plus résiliente que prévu il y a quelques mois. »

« Nous voyons des signes de reprise au niveau microéconomique avec un début de reprise industrielle, un fort potentiel de reprise des investissements et un consommateur toujours bien orienté. Nous pensons que les entreprises cycliques et les sociétés financières comme les banques sont bien placées pour continuer à surperformer le marché. Également les petites capitalisations devraient bien se comporter grâce à leur exposition cyclique et leurs valorisations attractives. », ajoute-t-il.

Quels secteurs pourraient profiter de futures baisses de taux ?

Pour répondre à cette question, les performances sectorielles récentes au sein des marchés européens d’actions peuvent donner une indication, puisque ces derniers anticipaient la baisse de ce jeudi.

Parmi les secteurs qui ont le plus progressé cette année on retrouve les financières, les télécommunications, plutôt sensibles à la baisse des taux, mais également la technologie et les valeurs industrielles, plus sensibles aux perspectives de croissance de l’économie.

« Les perspectives d’un contexte macro plus favorable devrait profiter aux actions en général, en particulier aux secteurs cyliques comme les industrielles » notent les experts de Julius Baer.

Un premier pas dans le bon sens

« Il est clair qu'une réduction de 25 points de base n'est pas suffisante pour faire bouger l'aiguille de la croissance économique, ou même pour réduire matériellement les coûts du service de la dette pour les entreprises basées en Europe », estime Michael Field.

« Cela dit, cette baisse est le symbole d'un changement de cap de la part de la BCE. L'idée de revenir à un environnement de taux d'intérêt plus normalisé, où les taux de base se stabilisent à quelque chose comme 2 %, suffit à exciter les marchés boursiers, demain étant probablement le point d'inflexion potentiel. »

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.