Coup de tonnerre suite à l'annonce par le Président de la République de la dissoultion de l'Assemblée nationale et la tenue d'élections législatives anticipées le 30 juin et 7 juillet, après la lourde défaite subie par sa formation politique aux élections européennes et la percée historique de l'extrême-droite.
A 10h30, l'indice CAC 40 et l'indice Morningstar France reculaient de 1,7%, une baisse plus marquée qu'en Europe (-1%). Les actions des principales banques étaient ainsi en repli de plus de 4%, comme Société Générale (-6,3%), BNP Paribas (-4,4%) et Crédit Agricole (-4,3%), ainsi que le groupe de constructions et de concessions autoroutières Vinci (-4,7%).
Prudence à court terme
« A court terme, les actions européennes, en premier lieu françaises, vont accuser le coup : nous recommandons d'alléger les positions », écrit Thoms Zlowodzki, responsable de la stratégie actions Europe d'Oddo BHF dans une note publiée lundi 10 juin.
« Le spread OAT-Bund va également s'écarter. Les secteurs les plus à risque sont ceux avec un fort bêta lié au risque politique (…) : Banques et Services financiers, Immobilier, Automobile, Construction & Matériaux, Voyages et Loisirs » , ajoute-t-il.
« Les résultats du Parlement européen et les récents sondages suggèrent que le résultat des élections législatives pourrait conduire à un gouvernement moins enclin à se conformer facilement aux règles budgétaires de l'UE, soit intentionnellement, soit en raison d'une alliance politique potentiellement faible », estiment les économistes de Deutsche Bank dans une note publiée lundi 10 juin.
Les banques en première ligne
« Les banques françaises sont en tête de la baisse du CAC40 ce matin, suite à l'élection surprise convoquée par Macron et à la forte performance du Rassemblement national (RN) lors des élections au Parlement européen de ce week-end », explique Johann Scholtz, analyste chez Morningstar dans un commentaire diffusé lundi 10 juin.
« Les investisseurs s'inquiètent des politiques économiques interventionnistes du RN », ajoute-t-il.
« Dans de nombreuses juridictions européennes, les banques sont devenues une cible facile pour les mesures populistes telles que les impôts sur les bénéfices exceptionnels et les restrictions sur les dividendes et les rachats d'actions. »
Un autre facteur est « l'élargissement de la fourchette des obligations d'État françaises à la suite des élections a nui aux banques françaises qui sont d'importants détenteurs d'obligations souveraines », explique Scholtz.
Des investisseurs plus attentifs à la situation en France
Il est fort probable que l'attention des investisseurs sur la situation française va monter d'un cran, alors que le pays vient de voir sa note de crédit dégradée par l'agence de notation S&P.
La perspective d'une assemblée nationale dominée par l'extrême-droite créerait, comme dans les années 1980 puis à la fin des années 1990, une situation de cohabitation politique qui pourrait compliquer la prise de décision politique et la conduite des réformes attendues par les investisseurs pour notamment rétablir les finances publiques et relever le potentiel de croissance de l'économie française.
Pour les actions françaises, l'incertitude politique pourrait jouer un rôle et casser la dynamique de hausse enregistrée ces derniers mois.