L’action Airbus sanctionnée en Bourse après la révision de ses objectifs financiers

Le groupe réduit ses prévisions pour 2024, en raison de difficultés sur ses chaînes d’approvisionnement et au sein de ses programmes spaciaux.

Jocelyn Jovène 25.06.2024
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(Cet article a été actualisé à 16h41 pour tenir compte d'une note d'analyste diffusée par Morningstar).

L’action du constructeur aéronautique signe la plus forte baisse à la Bourse de Paris après avoir lancé un avertissement sur résultat qui s’explique par des problèmes sur ses chaînes d’approvisionnement et des dépréciations d’actifs. A 10h40, l'action perdait près de 11% à 132,84 euros.

Indicateurs clefs de Morningstar pour Airbus

 

Abaissement des objectifs financiers pour 2024

Dans un communiqué diffusé lundi 24 juin après Bourse, Airbus indique qu’il ne sera en mesure de livrer que 770 appareils cette année au lieu des 800 annoncés précédemment.

Les cadences de production pour l’A320, son avion le plus vendu, n’atteindront la cadence de 75 unités par mois qu’en 2027, avertit l’avionneur, soit un an plus tard que prévu.

Le groupe indique par ailleurs avoir provisionné 900 milions d’euros suite à la revue des programmes spaciaux, charge qui impactera les comptes du premier semestre 2024 attendus le 30 juillet prochain.

Sur la base de ces éléments, Airbus table désormais sur un résultat opérationnel ajusté de 5,5 milliards d’euros en 2024 (contre 6,5 à 7 milliards auparavant), et un cash-flow libre ajusté avant financement clients d’environ 3,5 milliards d’euros (contre 4 milliards d’euros précédemment).

Pas de changement de juste valeur

Dans une note diffusée mardi 25 juin après midi, Nic Owens, analyste de Morningstar observe: « aucun de ces changements n'a eu d'impact significatif sur nos estimations de juste valeur - qui avaient intégré des hypothèses légèrement plus conservatrices que les précédentes indications de la direction - qui restent à 163 euros par action et 43,80 dollars par action de dépôt américaine. »

« La charge liée à la défense ne nous surprend guère étant donné que l'entreprise a placé l'unité de défense sous une nouvelle direction et a engagé une révision stratégique à la fin de l'année 2023 », ajoute-t-il.

« La charge reflète la mise à jour des hypothèses relatives aux coûts d'achèvement d'un certain nombre de programmes de communications spatiales à long terme, qui seront comptabilisés au deuxième trimestre maintenant que le changement d'hypothèses est réalisé », précise Nic Owens.

« L'action Airbus ayant perdu jusqu'à 12 % le 25 juin, nous pensons que les investisseurs réagissent peut-être de manière excessive, bien que la direction ait mis en cause les retards de livraison des moteurs LEAP de CFM et des moteurs GTF de Pratt&Whitney.

Il s'agit d'une volte-face par rapport aux résultats du premier trimestre, où la direction avait déclaré que les moteurs n'étaient plus le goulot d'étranglement de la production d'avions à réaction, tout comme d'autres fournisseurs clés qui ont des difficultés à engager du personnel et des matériaux pour produire à un rythme prévisible plus élevé.

Néanmoins, nous ne considérons pas cette fluctuation comme importante, une baisse de 3 % de l'objectif pour 2024 et un retard de quelques mois dans le passage à 75 A320 par mois étant dans le domaine de notre note d'incertitude moyenne pour Airbus », complète l'analyste.

 

Les investisseurs déçus

Cette publication constitue une déception pour plusieurs analystes.

Deutsche Bank abaisse son opinion de « Achat » à « Conserver » sur le titre, assortie d’un objectif de cours revu de 186 à 155 euros.

« Les systèmes spatiaux continuent de sous-performer, après une année 2023 déjà difficile. La situation rappelle celle de 2022, mais elle est encore aggravée par l'Espace cette fois-ci. La poussière doit retomber avant que nous puissions redevenir positifs. », écrivent les analystes de la banque dans une note publiée mardi 25 juin.

« Les livraisons de juin sont apparemment léthargiques et il n'y a aucune garantie à ce stade que le nouvel objectif de livraison sera facile à atteindre d'ici la fin de l'année », ajoutent-ils.

Les analystes de Citi indiquent dans une note publiée mardi 25 juin revoir en baisse leurs prévisions de 12%-19% pour la période 2024-2027, mais estiment que la baisse du cours de Bourse représente une opportunité d’achat.

« Nous pensons que le carnet de commandes de 8 500 avions soutient la valorisation et que la faiblesse actuelle représente une opportunité d'achat. que la faiblesse actuelle représente une opportunité d'achat », écrivent-ils dans leur note.

La banque RBC partage une opinion similaire. Dans une note datée du 24 juin, ses analystes estiment : « Nous pensons que de nombreux vents contraires dans les activités spatiales et commerciales se reflètent dans le cours de Bourse, et nous maintenons notre opinion ‘surperformance’ avec un objectif de cours de 180 €. »

(CORRECTION: cet article a été corrigé à 14h10 dans l'attente d'une note des analystes de Morningstar sur le titre Airbus. Une précédente version de l'article indiquait que Morningstar maintenait son estimation de juste valeur suite à la publication d'une note en date du 25 juin qui n'était pas diffusée en réaction avec l'annonce d'Airbus).

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Airbus SE139,50 EUR1,20Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.