Le pari de Macron met à mal le statut d’obligation « core » de la France -abrdn

Dans ce commentaire, la société de gestion pointe plusieurs risques pour la France et la zone euro et les conséquences possibles pour les classes d’actifs.

Felix Feather 28.06.2024
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macron

Le texte suivant reprend deux contributions publiées par Felix Feather, économiste au sein de la société de gestion abrdn. Le titre et les intertitres ont été ajoutés par Morningstar.

« Le pari de Macron selon lequel la forte performance de l'extrême droite française aux élections européennes ne se répercuterait pas sur les élections législatives nationales ne porte pas ses fruits.

Un parlement sans majorité, avec un gouvernement minoritaire composé soit du Rassemblement national (RN) de Le Pen et Bardella, soit de la nouvelle alliance de gauche, est le plus probable.

Un résultat aussi fragmenté pourrait en fait rassurer les marchés.

Mais une politique que les deux camps peuvent soutenir pourrait être l'assouplissement budgétaire.

 En effet, les marchés ont réagi de manière défavorable à une éventuelle expansion budgétaire.

La situation budgétaire de la France est déjà difficile, avec un déficit de 5,5 % supérieur à la moyenne des économies du sud de l'Europe. Les autorités européennes ont ouvert cette semaine une procédure de déficit excessif à l'encontre de la France, qui exige en théorie un assainissement budgétaire de 0,5 % par an.

Vigilance de la BCE

 Jusqu'à présent, la Banque centrale européenne (BCE) a observé les mouvements du marché de loin, car ils représentent une réévaluation des fondamentaux plutôt qu'une prise en compte du risque de redénomination. Mais l'institution dispose de la boîte à outils nécessaire pour s'appuyer sur un véritable risque de redénomination.

Nous voyons trois scénarios de marché.

Une normalisation rapide, qui nécessite probablement la victoire du parti de Macron et des déclarations claires de soutien de la part de la BCE, ce qui semble incroyablement improbable.

Une crise financière, qui pourrait impliquer une majorité RN et même la démission de Macron. Cela déclencherait éventuellement une intervention importante de la BCE.

Et, plus probablement, un stress à combustion lente, dans lequel les marchés restent préoccupés par la politique budgétaire française, mais où les craintes de contagion peuvent créer des opportunités.

Le statut « core » des OAT mis à mal

Nous anticipons que les obligations d’Etat françaises se comporteront de plus en plus comme des actifs « périphériques » que des actifs « core ».

Cette distinction n’est plus aussi cruciale qu'elle ne le fut pendant la crise de l'euro, lorsque de nombreux pays périphériques ont vu leur appartenance à la zone euro remise en question.

Cela signifie cependant que les obligations françaises sont susceptibles de connaître une volatilité accrue, une sensibilité plus forte aux cycles économiques, et des écarts de rendement constamment plus élevés par rapport aux obligations allemandes.

Cette évolution est due à la situation fiscale tendue de la France, déjà compliquée avant l'annonce des élections legislatives anticipées, ainsi qu'à la perspective d’une instabilité politique prolongée après le prochain scrutin.

Néanmoins, il est essentiel de souligner que la BCE dispose d'une gamme d'outils et d'une crédibilité suffisante pour contenir les turbulences sur les marchés obligataires français et limiter toute propagation prolongée à d'autres marchés européens.

En résumé, le statut de la France en tant que pays périphérique suggère une possible contagion vers d'autres marchés périphériques. »

 

© Morningstar, 2024 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement. 

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A propos de l'auteur

Felix Feather  est économiste chez abrdn.