Après les élections, la marge de manœuvre du gouvernement est limitée

Le prochain Premier ministre et le prochain gouvernement seront probablement tributaires d'un soutien parlementaire fragile-Morningstar DBRS

Medhi Fadli 09.07.2024
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bercy

Suite aux résultats des élections législatives d'hier, le paysage politique français semble très fragmenté, avec trois blocs politiques majeurs, sans qu'aucune majorité absolue ne se dégage.

Pour l'instant, le Président Macron a demandé au Premier ministre Attal de rester en place avec un gouvernement intérimaire. La composition et le calendrier de la formation du gouvernement restent flous.

Le prochain Premier ministre et le prochain gouvernement seront probablement tributaires d'un soutien parlementaire fragile.

Par conséquent, nous estimons qu'il sera difficile de définir une politique économique et fiscale.

Des retards importants dans l'assainissement des perspectives budgétaires à moyen terme par rapport aux attentes actuelles pourraient avoir des conséquences sur le crédit de la France, notée AA (haut), stable.

Nous considérons que le risque d'un changement significatif dans les politiques européenne, étrangère et climatique de la France reste faible.

Incertitude concernant le futur gouvernement

Pour l'instant, le président Macron a demandé au premier ministre Attal de rester en place avec un gouvernement intérimaire, potentiellement pour couvrir la période des Jeux olympiques du 26 juillet 2024 au 11 août 2024.

À l'issue de cette période de transition, le prochain gouvernement français ne sera probablement soutenu que par une minorité des membres de l'Assemblée nationale.

Les options de coalition pourraient inclure, par exemple, l'alliance du "Nouveau Front Populaire" ou l'ancienne majorité présidentielle et les partis de centre-gauche/gauche.

Selon nous, par rapport à l'ancienne législature, le prochain gouvernement minoritaire sera confronté à un risque plus élevé de réussite d'un vote de défiance à l'Assemblée nationale, compte tenu du nouveau paysage politique.

En vertu de la législation actuelle, le président français Macron ne pourra pas convoquer de nouvelles élections avant le 9 juin 2025.

La France pourrait donc être confrontée à au moins près d'un an d'incertitude politique et d'instabilité gouvernementale en raison de la fragilité du soutien parlementaire.

Les politiques économiques et fiscales sont probablement dans l'impasse, alors que les événements budgétaires à venir sont essentiels pour la trajectoire budgétaire de la France.

Marges de manœuvre limitées

Nous estimons que la marge de manœuvre du prochain gouvernement sera probablement limitée en ce qui concerne la politique économique et fiscale, compte tenu de l'absence attendue d'un large soutien parlementaire et du risque plus élevé d'un vote de défiance à l'Assemblée nationale.

Le démantèlement de la réforme des retraites de 2023 semble peu probable, mais des ajustements à cette réforme ne sont pas à exclure, éventuellement avec le soutien d'une majorité de députés nouvellement élus à l'Assemblée.

Cela pourrait même être nécessaire pour parvenir à un accord de coalition.

Le déficit budgétaire de la France est resté élevé en 2023, à 5,5 % du PIB, et la Commission européenne (CE) a annoncé le 19 juin 2024 son intention de proposer l'ouverture d'une procédure pour déficit excessif à l'encontre de la France.

Selon les nouvelles règles de l'UE, la France doit présenter son plan structurel budgétaire à moyen terme à la CE d'ici le 20 septembre 2024 et les prochains mois seront déterminants pour la préparation du budget 2025.

Peu d’évolutions sur le déficit public

Nous pensons que la capacité de la France à mettre en œuvre l'assainissement budgétaire et son programme de réformes économiques sera probablement entravée pendant au moins un an.

Une grande continuité politique est attendue pour les politiques européenne, étrangère et climatique de la France.

La composition de l'Assemblée nationale devrait permettre une large continuité politique dans les trois domaines suivants : 1) la position de la France à l'égard de l'Union européenne et la cohésion de l'axe franco-allemand ; 2) les politiques étrangères de la France, y compris sa position au sein de l'OTAN et son soutien à l'Ukraine ; et 3) les politiques climatiques de la France, y compris la poursuite de sa stratégie nationale à faible émission de carbone.

 

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Avis de non-responsabilité de DBRS :

Ceci est une traduction d'un commentaire de Morningstar DBRS suite aux résultats de l'élection législative en France du 7 juillet 2024. Mehdi Fadli et Nichola James sont les auteur de ce commentaire.

Toute action de notation est celle de Morningstar DBRS et non de sa société mère Morningstar, Inc. En cas de divergence, la formulation du rapport original de DBRS prévaut toujours.

 

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A propos de l'auteur

Medhi Fadli  est Senior Vice President, Sector Lead, Global Sovereign Ratings chez Morningstar DBRS