AXA IM, un défi de taille pour BNP Paribas AM

L’harmonisation de la gamme de fonds sur une large palette de classe d’actifs, et l’intégration des équipes de gestion rendent ce rapprochement complexe.

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bnp

Le groupe d’assurance AXA a annoncé le 1er août 2024 qu’il était entré en négociation exclusive avec la banque BNP Paribas pour lui céder sa branche de gestion d’actifs, AXA Investment Managers.

Si toutes les conditions requises sont remplies, y compris sur le plan réglementaire, ce rachat devrait être finalisé au deuxième trimestre 2025 et créerait le deuxième plus grand gestionnaire d’actifs en Europe, juste après Amundi.

Les rapprochements entre gros acteurs de la gestion d’actifs sont réguliers depuis une quinzaine d’années à la fois en Europe et outre-Atlantique.

Economies d’échelle et diversification des actifs

Dans un contexte où la pression de la gestion passive sur les frais érode la profitabilité des sociétés de gestion, le rachat de concurrents permet d’accroitre leur base d’actifs et générer des économies d’échelle.

Cela ouvre aussi l’accès à des gestions plus rémunératrices, notamment dans l’alternatif et le non-coté (dont le « private equity »).

C’est d’ailleurs un argument de poids du côté de BNP pour mettre la main sur l’expertise et les actifs conséquents d’AXA IM dans la gestion alternative.

AXA IM bénéficie également d’une solide plateforme de gestion obligataire, avec des expertises reconnues dans les obligations à haut rendement, qui est complémentaire à BNP Paribas AM.

Les deux sociétés ont mis l’investissement durable au centre de leur stratégie ces dernières années, ce qui devrait également faciliter leur intégration de ce point de vue.

Un risque pour les investisseurs

Pour le reste, ce rapprochement ne sera pas aisé, et les investisseurs ont au final peu de chance d’en sortir gagnants.

Les deux sociétés de gestion offrent une gamme étendue de fonds couvrant un large éventail de classes d’actifs avec des recoupements importants notamment sur la gestion actions.

La rationalisation de la gamme semble inévitable et de nombreux fonds seront fermés ou fusionnés.

Quant aux économies d’échelle générées par un tel regroupement, notre expérience montre que les investisseurs finaux en sont rarement les bénéficiaires à travers des baisses de frais de gestion.

Un risque d’instabilité en interne

L’autre risque pour les investisseurs est l’instabilité générée par ce type d’opérations dans les équipes de gestion.

AXA IM et BNP Paribas AM ont chacune traversé différentes réorganisations ces dernières années avec de nombreux changements dans leurs équipes managériales.

AXA IM a réussi jusqu’ici à garder une stabilité dans ses équipes de gestion avec de nombreux gérants en place depuis des années. C’est l’un des points forts historiques de la société.

Cependant, la rétention des talents dans les équipes d’investissements devrait se compliquer dans un contexte d’incertitudes et de négociations sur les périmètres d’expertise de chacun au sein de l’entité combinée.

Si AXA IM a d’ores et déjà mis en place un plan de rétention pour certains gérants clés, il n’est pas sûr que chacun trouve une place dans la nouvelle organisation et soit motivé à s’engager sur le long terme.  

La quête des meilleures pratiques

Un autre défi, pour les deux groupes, est de parvenir à améliorer in fine leurs pratiques envers les investisseurs.

Par exemple, la rémunération variable des gérants est liée à la performance des fonds sur un et trois ans dans les deux sociétés, ce qui est trop axé sur le court terme et en deçà des meilleures pratiques de l’industrie.

De plus, il n’existe pas de mesures formelles pour encourager les gérants à investir directement dans les fonds qu’ils gèrent, ce qui est généralement un bon moyen de favoriser l’alignement à long terme de leurs intérêts sur ceux des investisseurs.

Enfin, les deux sociétés ont lancé ces dernières années de nombreux fonds thématiques, certains sur des segments de niche dont l’intérêt à long terme pour l’investisseur est discutable. Les deux sociétés offrent certes des expertises avérées sur certains segments de marché mais dans l’ensemble la qualité de leurs gammes de fonds reste disparate.

 

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A propos de l'auteur

Mathieu Caquineau, CFA

Mathieu Caquineau, CFA  Analyste fonds senior, Morningstar France