(Cet article a été mis à jour le 14 août 2024 à 12h02)
Nouveau coup dur pour H2O AM. La société de gestion a annoncé mercredi 7 août un accord avec le FCA qui met un terme à l’enquête de l’autorité britannique sur la société de gestion. Cette enquête portait sur les relations entre H2O AM et la société Tennor Holding du financier allemand Lars Windhorst entre 2015 et 2019.
Dans le cadre de cet accord, H2O AM « a sécurisé un montant de 250 millions d’euros pour financer une offre proposée à tous les porteurs des fonds cantonnés d’une manière égalitaire à partir du quatrième trimestre 2024 », selon un communiqué de presse.
« Nous prenons acte des conclusions de la FCA sur les investissements réalisés par H2O AM LLP en titres privés entre 2015 et 2019 », indique Loïc Guilloux, directeur général du groupe depuis janvier 2023.
Lourde sanction évitée
La société renonce en outre à 320 millions d’euros représentant « ses droits sur les frais et les investissements » et prévoit de demander volontairement l'annulation de ses agréments au Royaume-Uni.
Selon une porte-parole de H2O, "cela signifie que H2O AM ne mènera plus d'activités réglementées - telles que la gestion de fonds et la surveillance des risques - à partir du Royaume-Uni."
Dans un communiqué, la FCA estime pour sa part qu’« entre avril 2015 et novembre 2019, H2O n'a pas fait preuve d'une diligence raisonnable sur les investissements liés au groupe de sociétés Tennor appartenant à Lars Windhorst, ou à d'autres sociétés qu'il a introduites. Les investissements étaient très risqués et difficiles à vendre. »
« La FCA a également constaté que H2O n'avait pas mis en place de politiques ou de procédures adéquates et qu'elle n'avait pas fait preuve de la compétence et de la diligence nécessaires pour gérer les conflits d'intérêts potentiels. La FCA a identifié plus de 50 cas où des employés de H2O ont reçu des marques d'hospitalité qui n'ont pas été correctement déclarées, notamment l'utilisation d'un superyacht et d'un jet privé.
H2O a également fourni à l'autorité de régulation des déclarations et des documents faux et trompeurs, tels que des comptes rendus et des procès-verbaux de réunions fabriqués de toutes pièces. »
« La FCA aurait imposé une amende substantielle à H2O pour ses graves infractions » ajoute la FCA. L’accord annoncé ce jour évite une telle sanction à la société de gestion, mais ne représente pas moins une sévère punition pour H2O AM.
Contactée pour fournir des précisions sur les conséquences de ce départ du Royaume-Uni, H2O AM n’était pas immédiatement disponible pour apporter un commentaire.
Poursuites en France
Cet accord intervient alors qu’en France, des milliers d’investisseurs lésés ont assignés en justice la société de gestion.
La société de gestion et son directeur général, Bruno Crastes, déjà lourdement sanctionnés en janvier 2023 par l’AMF, avait investi dans des actifs illiquides, révélant d’importants manquements en matière de gestion et de contrôle des risques.
La notice spéciale publiée par la FCA apporte un nouvel éclairage sur ces manquements et les relations particulières entretenues par les dirigeants d’H2O AM au moment des faits et Lars Winhorst et sa société holding.
Vers une sortie de Natixis ?
« Cette étape est une bonne nouvelle dans la mesure où elle permet de tourner la page pour les investisseurs dans les fonds cantonnés, ceux-ci vont enfin pouvoir récupérer une partie de leur mise. L'issue est cependant à nuancer: la valeur liquidative des fonds avait dévissé dans la période qui a précédé la suspension, donc la performance totale sur la durée de détention reste décevante pour une partie des porteurs », estime Mara Dobrescu, responsable mondiale de la recherche obligataire chez Morningstar.
« H2O renonce aussi par cet accord à l'agrément local de ses fonds, ce qui de facto met fin à son développement au Royaume Uni », ajoute Mara Dobrescu.
« Ces évolutions pourraient permettre d'accélérer enfin le calendrier de sortie du capital d'H2O par Natixis. Il reste cependant d'autres obstacles à lever. En 2023, H2O avait été assigné en justice en France par des collectifs de porteurs qui estimaient leur préjudice à 674 millions d'euros - il reste à voir si les dédommagements versés jusqu'ici, ainsi que les montants de frais auxquels H2O s'engage à renoncer, suffiront à combler ce préjudice. »
CORRECTION: Une précédente version de cet article en date du 9 août indiquait de manière erronée que la société a accepté de fermer ses opérations au Royaume-Uni d’ici la fin de l’année.
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