Des fonds plus gros et moins chers ? Pas toujours

Malheureusement pour les investisseurs, la taille des fonds ne se traduit pas toujours par des frais de gestion plus faibles.

Jocelyn Jovène 09.09.2024
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La taille d'un fonds ne rime pas toujours avec des frais de gestion plus faibles.

Or, comme la recherche Morningstar l’a montré de longue date, pour les investisseurs, les frais de gestion sont un critère très important de sélection des fonds, puisqu’ils ont un impact significatif sur sa performance future.

Le succès d'une stratégie active se traduit souvent par une forte collecte. Mais lorsqu'un fonds atteint une taille significative (plusieurs milliards d'euros), les investisseurs bénéficient-ils de frais de gestion réllement compétitifs ? 

Comment la taille d'un fonds impacte ses frais de gestion

La gestion d’actifs est une activité à frais fixes. En théorie, plus un fonds grossit, plus la société de gestion qui le promeut est rentable. En toute logique, cette dernière peut baisser les frais de gestion aux porteurs de parts du fonds (elle leur restittue tout ou partie de l'excès de profitabilité à ses clients sous forme de frais de gestion abaissés).

Cette tendance à la baisse des frais de gestion s’impose déjà depuis de nombreuses années.

Elle s'expilque notamment par la percée des fonds passifs (très peu chers), et par la grande difficulté des gérants actifs à battre leur indice de référence - ceci devrait justifier qu’une part importante de fonds devraient présenter des frais de gestion relativement faibles.

Or l’analyse des données de Morningstar montre que la taille d'un fonds ne rime pas toujours avec des frais de gestion plus faibles.

L’univers des fonds étudié

Sur un total de quelques 34.000 fonds ouverts agréés à la vente en Europe, 2.661 ont un encours supérieur à 1 milliard d’euros.

Pour répondre à cette question, nous avons considéré l’ensemble des fonds agréés à la vente en Europe, hors fonds monétaires et divers, soit 33.393 fonds ouverts. Sur ce total, 57% ont entre 1 et 2 milliard d’euros, 20% entre 2 et 3 milliards, 8,6% entre 3 et 4 milliards et 4,6% entre 4 et 5 milliards d’euros.

10% des fonds agréés à la vente de plus de 1 milliard ont plus de 5 milliards d’euros d’actifs sous gestion.

La taille moyenne des fonds est de 2,74 milliards d’euros et les frais de gestion moyens sont de 0,89%.

Un lien parfois ténu entre frais et taille

Les fonds actions, quoi que plus gros en moyenne, sont légèrement plus chers que l’ensemble de l’univers (0,98% en moyenne contre 0,89%), tandis que les fonds obligataires – deuxième classe d’actifs la plus représentée – sont parmi les moins chers (0,56%). Les fonds diversifiés ou d’allocation – trosième catégorie la plus importante de l’échantillon – ont des frais plus élevés que les fonds actions ou obligataires (1,11% en moyenne).

Des fonds actions aux frais variables

Sur l’ensemble des fonds actions (1253) agréés à la vente en Europe, les frais moyens de gestion sont de 0,98% pour des fonds dont l’encours moyen est de 2,7 milliards d’euros.

L’analyse des catégories au sein des fonds actions révèlent des différences parfois significatives de frais selon la taille des fonds.

Ainsi, la taille moyenne des fonds des catégories Grandes capitalisations internationales mixte et croissance est proche – respectivement 3,7 et 3,5 milliards d’euros – mais les frais de gestion sont en moyenne de 0,81% pour la première catégorie et de 1,20% pour la deuxième, soit une différence de 48% (contre une différence de 5% de taille en moyenne).

Au sein des fonds actions internationales suivant un style « value », la taille moyenne des fonds est encore plus basse (2,07 milliards d’euros), mais les frais moyens de gestion sont encore plus élevés (1,24%).

Parmi les fonds sectoriels, les fonds d’actions de technologie sont parmi les plus chers (1,36% de frais de gestion en moyenne) alors que ce sont aussi les plus gros en moyenne (3,99 milliards d’euros).

Des surprises dans les fonds obligataires

S’ils sont en moyenne parmi les moins chers, les fonds obligataires réservent eux aussi quelques surprises. Dans certaines catégories relativement populaires, des écarts de frais de gestion peuvent être assez importants, indifféremment de la taille des fonds.

Le rendement des obligations étant par définition plus faible que celui des actions, les gérants actifs doivent faire attention aux frais qu’ils appliquent.

Entre catégories, toutefois, les surprises ne sont pas rares.

Par exemple, les investisseurs qui s’intéresseraient aux stratégies obligataires internationales couvertes en dollars paieraient en moyenne 0,33% de frais de gestion (pour des fonds ayant en moyenne 5,9 milliards d’euros d’actifs gérés) mais 0,83% s’ils privilégiaient la catégorie des obligations internationales flexibles toujours couvertes en dollars, alors que la taille moyenne des fonds y est bien supérieure (8,9 milliards d’euros).

Les stratégies d’obligations à haut rendement sont en moyenne plus chères que les autres catégories de fonds obligataires analysées mais la performance de cette classe d’actifs, qui est la plus risquée de l’univers obligataire, est sensée être supérieure que celle d’obligations privées ou souveraines.

Mais plusieurs stratégies d’obligations internationales présentent des frais de gestion supérieurs à la moyenne de la classe d’actifs (0,56%), alors que la taille moyenne des fonds de cette catégorie est supérieure à la moyenne des 787 fonds identifiés (2,7 milliards d’euros contre 2,5 milliards d’euros respectivement).

Les stratégies diversifiées plus chères

Dans l’ensemble, les fonds d’allocation se distinguent par leur cherté relative : 1,11% de frais de gestion en moyenne pour les 530 fonds de plus de 1 milliard d’euros d’actifs gérés en Europe.

Et parmi ces fonds, on découvre quelques situations étonnantes.

Ainsi la catégorie qui compte le plus de fonds – Fonds d’allocation modérée – international en euros – avec 101 fonds et un encours moyen de 2,9 milliards d’euros, est l’une des plus chères de l’échantillon analysé (1,46% de frais de gestion en moyenne).

De même, lorsque l’on passe d’une devise à une autre, les frais de gestion changent. Ainsi, au sein des stratégies d’allocation « agressive » (où la part des actions est généralement la plus importante par rapport aux obligations), les stratégies en euros sont en moyenne plus chères que les stratégies en dollars – ce qui peut sembler contre-intuitif puisque les actifs en dollars, liés à une économie plus dynamique que la zone euro, semblent appelés à générer des rendements supérieurs que ceux en euros.

Morningstar, 2024 - L'information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d'information UNIQUEMENT. Il n'a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l'opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L'information de ce document ne devrait pas être l'unique source conduisant à prendre une décision d'investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d'investissement.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.