PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le feuilleton qui oppose Scor au groupe Covéa a repris mercredi 10 septembre à la faveur de spéculations relayées par Insurance Insider et le blog Betaville, alors que se déroulent à Monte-Carlo les rendez-vous annuels de la réassurance mondiale.
Le groupe d'assurance mutualiste, formé des mutuelles Maaf, MMA et GMF, n'aurait pas renoncé à s'offrir le réassureur, qui occupe la cinquième place mondiale, mais dont la faible valorisation boursière et l'éclatement du capital le font toujours apparaître comme une cible potentielle de rachat. Après la publication de ces informations de presse, le titre Scor prenait 6% en Bourse, à 19,83 euros, mardi en fin de séance.
En 2018, Covéa, sous la houlette de son président-directeur général Thierry Derez, qui siégeait par ailleurs au conseil d'administration de Scor, avait tenté de s'offrir le réassureur au moyen d'une offre présentée comme "amicale", à hauteur de 49 euros par action.
Mais la proposition faite en plein mois d'août, et révélée à la presse à la veille des Rendez-Vous de Septembre, avait déclenché une réaction épidermique du PDG de Scor Denis Kessler - décédé en 2023. Aux manettes de Scor pendant plus de 20 ans, ce dernier avait toujours défendu l'indépendance du groupe de réassurance.
Covéa s'est engagé à ne pas monter au capital
La tentative d'OPA avait déclenché une véritable passe d'armes, d'abord par voie de presse interposée, puis jusqu'au tribunal, forçant l'ACPR à intervenir pour une procédure de conciliation. Cet accord transactionnel signé par les deux parties en juin 2021 prévoyait que Covéa s'engage à "ne pas présenter d'offre formelle ou informelle sur le capital de Scor pendant une durée de sept ans". Un délai qui n'a donc aujourd'hui pas expiré.
Covéa s'était par ailleurs engagé à une sortie ordonnée et progressive du capital du réassureur dont il détenait à l'époque plus de 8%. Scor a déjà exercé en partie cette option de rachat sur ses propres actions, en reprenant 5,01% du capital détenus par Covéa en vue de les céder à BNP Paribas Cardif. Covéa conserve donc un reliquat de 3,07% du capital, sur lequel Scor peut encore exercer une option de rachat jusqu'en 2026, selon les termes de l'accord transactionnel.
Ce traité de paix fait, par ailleurs, l'objet d'une procédure d'arbitrage sur un des volets contestés par Covéa. En 2021, l'assureur mutualiste avait accepté de racheter auprès de Scor l'un de ses portefeuilles de réassurance vie logé en Irlande et qui, de l'aveu de sources de marché, était considéré comme "un portefeuille pourri". La transaction avait d'ailleurs contribué à gonfler les résultats de Scor dans la foulée. Covéa conteste aujourd'hui la valorisation de ce portefeuille composé de risques de mortalité aux Etats-Unis, qui ont accusé le coup lors de la pandémie de Covid-19.
Covéa ne serait pas intéressé
Cette procédure en cours expliquerait notamment que ni Scor ni Covéa ne souhaitent, à ce stade, commenter ces spéculations. Une source proche du groupe mutualiste indique toutefois à L'Agefi qu'"un tel projet de rachat n'est pas dans les tuyaux". Le groupe mutualiste s'est déjà doté d'un "deuxième réacteur" dans la réassurance en faisant l'acquisition du bermudien Partner Re auprès de la famille Agnelli.
Toujours selon cette source, "il ne serait pas exclu que Covéa continue à croître dans la réassurance, mais Scor n'est pas au clair aujourd'hui sur son portefeuille vie et santé". Les difficultés de la branche ont d'ailleurs conduit le réassureur à émettre un avertissement sur résultats le 16 juillet dernier, et entraîné le limogeage du patron de Scor Global Life. Le directeur général de Scor, Thierry Léger, a temporairement repris les rênes de l'activité et indiqué à L'Agefi en juillet dernier mener un travail de revue stratégique de portefeuilles en vue de la redresser.
-Aurélie Abadie, L'Agefi. ed : LBO
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