La Fed amorce son assouplissement monétaire en baissant ses taux d'un demi-point

La banque centrale américaine s'attaque au risque de ralentissement brutal du marché de l'emploi.

Agefi/Dow Jones 19.09.2024
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PARIS (Agefi/Dow Jones)--La Réserve fédérale (Fed) américaine a annoncé mercredi une baisse d'un demi-point de son principal taux directeur, choisissant d'entamer l'assouplissement de sa politique par une mesure vigoureuse pour conjurer le risque d'une dégradation brutale du marché du travail.

"La confiance du comité [de politique monétaire] dans un retour durable à une inflation de 2% s'est renforcée", a déclaré la Fed dans un communiqué pour expliquer sa décision, tout en se disant "fortement engagée" à favoriser le plein emploi comme la stabilité des prix.

Dans les mois qui viennent, la banque centrale cherchera à accompagner le mouvement de désinflation en cours, tout en se montrant plus accommodante pour éviter de déclencher une récession.

Selon les projections mises à jour mercredi, les membres de la Fed se montrent partagés entre les scénarios d'une ou deux baisses supplémentaires d'un quart de point d'ici à la fin de l'année, mais la projection médiane implique une réduction d'un demi-point, sous les 4,4%. A l'issue de la réunion de juin, une seule baisse d'un quart de point était prévue pour 2024.

La normalisation monétaire devrait ensuite se poursuivre l'année prochaine, avec un taux des fonds fédéraux attendu à près de 3,4% fin 2025.

Les responsables de la Fed visent désormais une inflation PCE hors alimentation et énergie de 2,6% cette année, au lieu de 2,8% en juin dernier. La désinflation devrait se montrer plus progressive par la suite, avant un retour à l'objectif de 2% en 2026. Le taux de chômage est quant à lui attendu à 4,4% fin 2024 et non plus à 4%.

"Rien n'indique [dans ces prévisions] que le comité est dans l'urgence" pour baisser ses taux, a toutefois souligné le président de la Fed, Jerome Powell, lors de sa traditionnelle conférence de presse. Le dirigeant a également déclaré que l'économie américaine et le marché du travail restaient en bonne santé à ce stade et que les prochaines décisions en matière de taux dépendraient de l'évolution de la conjoncture.

Après avoir initialement salué la décision de la Fed, Wall Street évoluait en légère baisse mercredi en fin de séance, les principaux indices cédant 0,3% vers 21h50 à Paris. Le rendement de l'obligation du Trésor à 10 ans gagnait en revanche 6 points de base et celui du 2 ans avançait de 2 points de base.

Risque pour l'emploi

La décision de réduire le taux des fonds fédéraux dans une fourchette de 4,75% à 5% mercredi a été prise à la quasi-unanimité, une seule voix s'étant portée sur un ajustement plus modéré d'un quart de point. Cette mesure apportera une bouffée d'air immédiate aux consommateurs américains qui doivent rembourser un crédit à la consommation, par le biais de leur carte de crédit notamment, ainsi qu'aux petites entreprises ayant contracté des crédits à taux variables.

La banque centrale américaine conservait depuis plus d'un an ses taux à près de 5,4%, leur plus haut niveau des 20 dernières années, afin d'endiguer l'épisode d'inflation qui a suivi la sortie de la crise sanitaire.

Jerome Powell avait déjà annoncé en août que le temps de réduire les taux était venu, compte tenu des progrès réalisés ces derniers mois pour stabiliser les prix.

Sur les marchés financiers, les intervenants restaient partagés mais s'étaient majoritairement ralliés la semaine dernière à l'hypothèse d'une première baisse de taux importante, les derniers chiffres de l'emploi aux Etats-Unis ayant ravivé les craintes pour l'économie.

Le maintien de taux durablement élevés faisait craindre une possible récession aux Etats-Unis, alors que la politique restrictive de la Fed a eu pour effet de freiner les prix mais également la croissance et notamment le marché du travail.

L'inflation n'a toujours pas retrouvé le rythme annuel de 2% visé par la Fed mais s'en est rapprochée ces derniers mois. De son côté, le taux de chômage est remonté à 4,2% en août, alors qu'il n'était que de 3,7% fin 2023.

Les créations d'emplois ont ralenti à 116.000 en moyenne outre-Atlantique ces trois derniers mois, contre 212.000 au cours des trois derniers mois de 2023.

La Fed estime désormais que le retour à l'objectif d'inflation de 2% pourra être atteint sans ralentissement supplémentaire des créations d'emplois, a indiqué Jerome Powell mercredi.

-Thomas Varela, Agefi-Dow Jones; tvarela@agefi.fr ed : LBO-JEB-JDO

(Nick Timiraos, The Wall Street Journal, a contribué à cet article.)

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