L’éditeur de jeux vidéo Ubisoft chute en Bourse après avoir lancé mercredi soir un avertissement sur les résultats de son exercice en cours, en raison des ventes « plus faibles que prévu » de son jeu « Star Wars Outlaws » et du report du lancement de son titre phare « Assassin's Creed Shadows », l’un de plus importants de sa franchise « Assassin’s Creed ».
L’action Ubisoft plongeait de 19% à 9,26 euros dans un marché en hausse de 1,7% à 10h03 à la Bourse de Paris.
Objectifs financiers revus à la baisse
« La performance de notre deuxième trimestre n'a pas été à la hauteur de nos attentes, et nous sommes déterminés à y remédier rapidement et fermement », a déclaré Yves Guillemot, co-fondateur et PDG d'Ubisoft, cité dans un communiqué de presse.
Pour l’exercice fiscal qui se clôturera fin mars 2025, la société table sur un résultat opérationnel non-IFRS et un flux de trésorerie libre « proches de l'équilbre ». En juillet dernier, l'éditeur de jeux vidéo avait dit prévoir une "légère progression" de son résultat opérationnel non-IFRS et une génération de trésorerie positive.
A court terme, le chiffre des réservations est lui aussi décevant.
Ubisoft attend une baisse de son « net bookings », équivalent du chiffre d'affaires, à environ 1,95 milliard d'euros pour son exercice en cours, alors qu'il l'attendait en croissance « solide » jusque-là.
Lors de son exercice 2023-2024, Ubisoft avait dégagé un « net bookings » de 2,32 milliards d'euros.
Au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes, les dirigeants ont souligné qu’Ubisoft devrait être en mesure de respecter les covenants bancaires de sa dette, qui prévoient notamment un ratio dette nette sur fonds propres inférieur à 0,8x et un ratio dette nette sur EBITDA inférieur à 1,5x – un ratio que l’entreprise devrait également respecter jusqu’à l'exercice fiscal 2026.
Interrogés sur les perspectives de l’entreprise l’an prochain, les dirigeants d’Ubisoft ont souligné que des précisions seront communiquées « ultérieurement ».
Des réflexions stratégiques nécessaires
Suite à cette publication, Deutsche Bank a abaissé sa recommandation sur le titre à « Conserver ». « Les déceptions persistent, et la pression pour prendre des décisions stratégiques s’accroît », écrivent les analystes de la banque dans une note obtenue par Morningstar en date du 26 septembre.
« Ubisoft devra peut-être envisager des mesures stratégiques plus importantes pour redresser la barre. Il pourrait s'agir, par exemple, de fermer des studios peu performants et d'annuler des projets malheureux le plus tôt possible », note Deutsche Bank.
« Le défi est que la mise en œuvre de telles réductions d'effectifs est difficile en France et au Canada où les lois du travail sont strictes, tandis que l'annulation de plusieurs projets entraînerait une nouvelle série de dépréciations accélérées (ce qui est mauvais pour le sentiment et l'EBIT ajusté). En résumé, si nous continuons de penser qu'Ubisoft est sur la bonne voie à long terme, nous pensons maintenant que ce chemin pourrait être plus semé d'embûches que nous ne l'avions anticipé au départ », ajoutent ses analystes.
« Ce profit warning confirme les difficultés d'Ubisoft à sortir des jeux à succès depuis plusieurs années avec le risque de perdre la confiance de sa communauté de joueurs », soulignent les analystes d'Oddo BHF dans une note publiée jeudi matin.
« Le mal semble profond et la visibilité est problématiques. Contrairement à d'autres profit warning significatifs, les dirigeants ne s'engagent pas sur des guidances pour l'exercice suivant », ajoutent-ils.
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