Pékin accentue ses efforts de relance mais laisse les marchés sur leur faim

Le gouvernement central chinois est resté avare de précisions quant à l'ampleur et la portée de ses efforts de relance.

Agefi/Dow Jones 14.10.2024
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China 

SINGAPOUR (Agefi-Dow Jones)--Le gouvernement central chinois a livré samedi ses projets de dépenses, mais est resté avare de précisions quant à l'ampleur et la portée de ses efforts de relance.

La grande question était de savoir combien de centaines de milliards de dollars Pékin injecterait pour relancer l'économie du pays, mais les marchés se demandaient également quelle part de l'enveloppe irait aux ménages.

Le ministre chinois des Finances, Lan Fo'an, n'a pas fourni de réponses détaillées à ces questions lors de la conférence de presse très attendue qu'il a donnée samedi.

Compte tenu du silence de Pékin sur ces deux fronts, les investisseurs ne disposaient d'aucun élément nouveau lorsque les Bourses chinoises ont ouvert lundi matin, après plusieurs séances parmi les plus volatiles de ces dernières années. L'indice Hang Seng a clôturé lundi en baisse de 0,8% à la Bourse de Hong Kong, l'indice Shanghai Composite s'est en revanche adjugé 2,1% et l'indice de référence chinois, le CSI 300, a terminé en hausse de 1,9%.

Néanmoins, Lan Fo'an a dressé une liste de défis prioritaires qu'il s'est engagé à relever, indiquant qu'il dépenserait quelque 300 milliards de dollars de fonds qui ont été prévus pour cette année, mais qui n'ont pas encore été utilisés.

Pour certains économistes, les déclarations du ministre samedi offrent suffisamment de garanties sur le fait que Pékin finira par débloquer un soutien budgétaire suffisant pour permettre à l'économie d'atteindre son objectif officiel de 5% de croissance du produit intérieur brut (PIB) cette année, et pour garantir une année 2025 décente.

"Pékin va tenir ses engagements", ont indiqué les économistes de Société Générale, Wei Yao et Michelle Lam, dans une note publiée samedi à l'issue du discours du ministre des Finances.

Ce qui est moins clair, c'est la manière dont Pékin tiendra ses promesses, notamment le montant des emprunts supplémentaires que le gouvernement prévoit pour l'année prochaine, et jusqu'où ira le gouvernement pour relancer la consommation. Les dépenses intérieures sont à la traîne par rapport à d'autres moteurs de l'économie chinoise, dans un contexte de faible croissance des revenus et de forte inquiétude concernant l'emploi et le marché immobilier, qui revêt une importance capitale.

Sur le long terme, les économistes affirment que la Chine doit réorienter son modèle de croissance en s'éloignant d'une dépendance excessive aux investissements et aux exportations et en s'orientant vers un modèle plus efficace dans lequel les ménages épargneraient moins et consommeraient davantage.

Les difficultés de l'économie chinoise ont refait surface dimanche, avec l'annonce d'une chute des prix à la production en septembre, la plus prononcée depuis le mois de mars, et d'une inflation des prix à la consommation qui se rapproche de zéro. Les prix à la consommation ont en effet augmenté de 0,4% seulement en septembre sur un an, après une hausse de 0,6% en août. Les prix à la production ont de leur côté diminué de 2,8% sur la même période, après une baisse plus modeste de 1,8% le mois précédent. Les prix à la production en Chine reculent depuis près de deux ans, en raison de la forte augmentation de l'offre et de la faiblesse de la demande. Les données attendues dans les prochains jours devraient montrer un essoufflement de la croissance des exportations et un ralentissement de l'économie dans son ensemble au troisième trimestre.

L'économie de la Chine est étranglée par une crise de l'immobilier qui semble ne plus en finir, bien qu'une récente augmentation des visites et des achats de logements neufs dans certaines des plus grandes villes du pays suggère que les nouvelles mesures d'assouplissement ont peut-être permis de convaincre certains acquéreurs frileux.

Les investissements du secteur privé sont en berne et la confiance des ménages ne s'est pas encore remise de son effondrement après la pandémie de Covid, laissant craindre un glissement vers la déflation et la stagnation, comme au Japon.

La principale réponse du gouvernement à ce ralentissement, du moins jusqu'à présent, a été de redoubler d'efforts dans sa stratégie industrielle à long terme visant à faire de la Chine un leader technologique et à consolider la position dominante du pays dans le secteur manufacturier international. La production industrielle a ainsi connu un essor considérable et les exportations à bas prix ont explosé, avec pour conséquence une aggravation des tensions commerciales dans le monde entier.

Désormais, après plusieurs mois de soutien modeste à l'économie nationale, Pékin semble enfin avoir entendu les appels des économistes en faveur d'une action plus radicale, mais ce changement de ton témoigne d'une inquiétude accrue concernant la croissance et l'emploi.

-Jason Douglas, The Wall Street Journal (Rebecca Feng à Hong Kong et Grace Zhu à Pékin ont contribué à cet article)

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Agefi/Dow Jones  est une agence de presse financière basée à Paris.