LVMH a publié des ventes du troisième trimestre 2024 en-deçà des attentes, souffrant de la faiblesse de la consommation en Chine continentale, alors que la situation en Europe et aux Etats-Unis se stabilise à peine.
L’action du premier groupe mondial de luxe plonge de près de 7% à la Bourse de Paris, pesant sur l’indice CAC 40 en repli de 1%.
Dans un communiqué publié mardi soir, LVMH a indiqué que son chiffre d’affaires du troisième trimestre avait atteint 19,08 milliards d’euros, contre 19,96 milliards d’euros un an plus tôt.
Le consensus des analystes réalisé par Factset tablait sur des ventes de 20,07 milliards d’euros au cours du trimestre.
La principale déception est venue de la division Mode & Maroquinerie, la plus importante en termes de contribution aux ventes et aux résultats de LVMH, qui souffre d’une baisse de confiance des consommateurs chinois, ont indiqué les dirigeants de LVMH au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes.
« La confiance en Chine continentale est en ligne avec les plus bas observés durant le COVID, aussi nous ne pouvons espérer voir la consommation progresser dans ce contexte, mais la vigueur de la demande au premier semestre montre qu'il y a toujours un appétit des consommateurs chinois pour les produits de luxe, ce qui nous rend confiants dans le fait que la demande repartira quand la confiance aura atteint un point bas » a déclaré Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH.
Dior sous pression
Les ventes du pôle Mode & Maroquinerie, qui abrite entre autres les marques Christian Dior, Louis Vuitton, Celine, Fendi ou Loewes, ont baissé de 5% sur le trimestre, en données comparables, à 9,15 milliards d’euros contre 9,75 milliards d’euros un an plus tôt.
Le marché anticipait une croissance organique de +2% pour la division.
Cette faiblesse aurait surtout été le fait de la marque Dior qui aurait enregistré une baisse « légèrement en-deçà » de 5% a indiqué M. Guiony.
« Dans l’ensemble, les ventes de LVMH sont 4% en-deçà des attentes », indiquent les analystes de Morgan Stanley dans une note publié mardi 15 octobre.
« Pour le principal moteur du sentiment sur le titre, Mode & Maroquinerie, la décroissance organique est de -5%, très en-deçà des attentes des investisseurs d’après nos conversations », ajoute la banque.
Les autres divisions enregistrent un repli des ventes à l’exception de la division Parfums & Cosmétiques, qui croit de 0,9% sur un an (+3% en organique). Elle « tire profit d’une forte politique d’innovation et d’une distribution très sélective », explique LVMH dans un communiqué.
Flexibilité dans la gestion des marques
« Nous maintenons notre estimation de juste valeur pour LVMH alors que nous intégrons l'affaiblissement du chiffre d'affaires et réduisons nos prévisions de ventes et de bénéfices pour 2024 », indique Jelena Sokolova, analyste actions chez Morningstar.
« Les actions sont évaluées à leur juste valeur aux niveaux actuels, après avoir perdu un tiers de leur valeur depuis les sommets atteints en 2023 », estime l'analyste.
« La baisse est principalement due aux volumes, avec un mix stable et des prix en légère hausse. La société a défendu sa stratégie d'augmentation du mix et des prix depuis 2019 et ne prévoit pas d'expansion significative des offres d'entrée de gamme pour réengager les consommateurs aspirationnels. L'innovation produit et la poursuite des investissements marketing (mais à un rythme moins élevé que ces dernières années) ont été présentés comme des domaines qui allaient être utilisés pour améliorer la performance », ajoute Sokolova.
« Nous pensons que LVMH dispose d'une certaine flexibilité et d'une certaine discrétion en matière d'investissements marketing par rapport à ses pairs, étant donné qu'il est le plus dépensier et que ses marques sont le plus souvent en tête des préoccupations des consommateurs », ajoute-t--elle.
Cela dit, la chute du titre semble refléter la prudence accrue des investisseurs pour les trimestres à venir, alors que l’incertitude reste grande sur la situation en Chine et les décisions de politique de soutien à l’économie du gouvernement de Pékin.
« Les perspectives [pour le secteur du luxe] sont plus prudentes dans les trimestres à venir, avec une visibilité limitée sur le point bas en Chine et/ou une réaccélération aux Etats-Unis et en Europe », indiquent les analystes de RBC dans une note en date du 16 octobre.
« Nous pensons que la baisse des ventes de LVMH est un facteur négatif pour les autres marques de luxe qui publient leurs résultats plus tard », estime Sokolova.
La publication de LVMH pesait en effet en début de séance sur l’ensemble des valeurs du secteur en Europe, Kering, Hermès, Moncler ou Burberry cédant respectivement 3,9%, 2,3%, 6% et 4% à 9h38.
Cet article a été mis à jour à 11h33 pour intégrer les commentaires de l'analyste de Morningstar.
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