Paris (Agefi-Dow Jones)--Un monde boursier sans pitié.
Lors de cette saison des résultats, gare à celui qui déçoit, même légèrement.
Après le groupe de bio-analyse Eurofins la semaine dernière, le spécialiste des étiquettes électroniques VusionGroup en fait mardi la douloureuse expérience. Le titre accuse de loin la plus forte baisse de l’indice SBF 120 alors que le groupe a réalisé une forte croissance au troisième trimestre et confirmé tous ses objectifs 2024... sauf un. Mais pas n’importe lequel: celui de son pôle de revenus logiciels et services récurrents (VAS), sa future vache à lait.
Vers 13h30, l’action VusionGroup chutait de 6%, à 140,40 euros, effaçant totalement son gain de la veille.
Pour ce pôle “software”, VusionGoup table désormais sur un chiffre d’affaires annuel compris entre 100 millions et 110 millions d’euros contre 120 millions d’euros auparavant “du fait d’un contexte difficile affectant les services non récurrents”, a précisé la société dans un communiqué.
“Le bémol de la publication provient du VAS, qui continue de reculer dans un contexte tendu pour les distributeurs qui préfèrent reporter leur décision d’investissement dans du soft quand le contexte sera plus favorable”, commente Pierre Laurent, analyste financier chez EuroLand Corporate.
L’enjeu est d’importance. Si ce pôle n’apportera qu’en 2024 environ 10% du chiffre d’affaires total de VusionGroup, son déploiement constitue l’un des éléments clés de la réussite de son plan 2027, caractérisé par l’atteinte d’un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros, contre 802 millions d’euros en 2023, et d’une marge d’excèdent brut d’exploitation (Ebitda) de 22%, contre 12,8% en 2023.
En effet explique Pierre Laurent, les revenus VAS sont “mieux margés que le ‘hardware’ [les étiquettes électroniques] et devraient donc accompagner la hausse de la rentabilité, notamment sur la marge brute”.
Pour l’analyste, c’est donc bien la faiblesse des revenus VAS qui explique la chute du cours aujourd’hui. “D’autant que le titre est chèrement valorisé et cela ne laisse aucun droit à l’erreur en matière d’exécution du plan. La thèse d’une croissance des revenus VAS annoncée mais finalement trop ambitieuse est l’un des arguments principaux des fonds qui sont vendeurs à découvert sur le titre”, ajoute Pierre Laurent.
La menace fantôme
Or ces spéculateurs sont bel et bien en embuscade. Selon le site Shortsell, les positions cumulées des vendeurs à découvert représentent environ 4,6% du capital de l’entreprise. Parmi eux, le fonds activiste Shadowfall, responsable d’une attaque contre VusionGroup au printemps, a conservé sa position de 0,61% pour une valeur de 13,8 millions d’euros.
Conscient de l'épée de Damoclès que continue de faire peser le fonds de Matthew Earl, VusionGroup a insisté lors de sa publication sur ses perspectives prometteuses, et d’ailleurs non remises en cause par les analystes.
Fort d’une prise de commandes record de 1,16 milliard d’euros sur les neuf derniers mois grâce notamment à son partenariat avec le géant de la distribution Walmart aux Etats-Unis, le groupe anticipe toujours pour l’exercice en cours un chiffre d’affaires ajusté dépassant le milliard d’euros et une marge d’Ebitda ajusté en hausse d’un et un deux points de pourcentage par rapport à 2023.
Les perspectives restent prometteuses
“Le milliard d’euros de chiffre d’affaires annoncé par Vusion pour 2024 sera atteint, avec un quatrième trimestre attendu à nouveau en accélération”, confirme Pierre Laurent.
De plus ajoute Oddo BHF, “l’excellente dynamique sur les prises de commandes et la confirmation d’un retour à la croissance dans la zone Afrique, Europe, Moyen-Orient (EMEA) permettent de crédibiliser l’accélération de la croissance en 2025 et la progression de la rentabilité”.
Un optimisme largement partagé par Stifel qui estime lui aussi que les prises de commandes très solides du groupe confortent sa prévision de croissance des bénéfices de 20% en 2024 et de 50% en 2025.
Dans ce cadre, l’intermédiaire financier a confirmé sa recommandation “achat” et son objectif de cours de 190 euros sur la valeur, identique à celui d’Oddo BHF, matérialisant un potentiel de hausse de près de 35%... en espérant que cette publication en demi-teinte n’encourage pas les fonds activistes à se rappeler au bon souvenir du groupe. Le monde boursier ne fait pas dans le sentimental.
-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: JDO
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