Elections US: comment les investisseurs doivent-ils se positionner?

L'élection présidentielle américaine est un événement politique majeur qui aura des conséquences importantes pour les investisseurs.

Jocelyn Jovène 01.11.2024
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Les marchés financiers s’apprêtent à vivre un événement politique majeur la semaine prochaine, dans un contexte économique relativement positif, avec une baisse de l’inflation et des taux d’intérêt et peut être l’absence de récession.

Pour savoir ce que les investisseurs devraient faire et ce à quoi ils devraient prêter attention, je suis avec Xavier Baraton qui est le Global Chief Investment Officer chez HSBC Management.

Alors Xavier, la semaine prochaine se tiendra l'élection présidentielle ainsi qu‘une élection sénatoriale partielle aux Etats-Unis. Selon vous, comment l’élection présidentielle pourrait elle affecter les marchés financiers ?

On attend un rebond de la volatilité autour de l'élection ou après l'élection. En fait, avec une volatilité qui est aujourd’hui cette année proche de ce niveau de long terme, donc avec un potentiel de hausse, les actions américaines ont été relativement résiliente, avec une très belle performance des techs et des actions de croissance. Comme vous le savez, malgré la remontée des taux d’intérêt.

Donc elles présentent un peu plus de vulnérabilité en termes de cherté.

Également, les actions exportatrices européennes qui pourraient être impactées par une augmentation des tarifs douaniers en cas d'élection de Donald Trump.

On est relativement confiant sur les actifs émergents de manière générale qui aujourd’hui valorisent un scénario Trump.

Donc on pense qu’ils seront dans tous les cas de figure. Ils se comporteront bien dans tous les cas de figure.

Un dernier commentaire sur le dollar et les taux d’intérêt qui ces derniers sont remontés assez fortement au cours du dernier mois aux Etats-Unis.

A la fois puissant un scénario Trump et puis autour de craintes sur le déficit d’une dérive du déficit américain.

Et on pense aujourd’hui qu’il présente un point d’entrée intéressant.

A noter enfin que les scénarios peuvent aussi dépendre de l'équilibre au sein du Congrès américain.

Bien entendu, avec une partition, un Speed Congress comme on dit, qui serait facteur de stabilité en l’occurrence.

Morningstar: On a parlé des actions. Si on regarde la valorisation des marchés actions aujourd’hui, on a à la fois des marchés relativement chers, comme aux Etats-Unis, en Inde, et des marchés beaucoup moins chers comme la Chine et le Royaume-Uni. Les actions européennes sont plutôt proches de leur fair value ou leur juste valeur, avec de nombreuses divergences en fait entre actions et secteur. En tant qu’investisseur, quel est votre point de vue actuel sur les marchés d’actions en général et où est ce que vous voyez des opportunités pour la fin de l’année et peut être le début de l’année prochaine ?

On retire un scénario de décélération économique de soft landing, un atterrissage en douceur pour 2025 avec une belle situation, des profits de manière générale pour les entreprises dans le monde.

Donc il nous fait privilégier un scénario d’extension de la croissance à la fois des revenus et des performances des stocks, et on encourage les investisseurs.

Nos préférences vont en fait à des secteurs qui sont un peu moins aimés aujourd’hui, donc plutôt des secteurs de value et défensifs, des valeurs de relativement faible, faible volatilité.

On garde toujours un œil sur la situation des taux d’intérêt, comme je l’expliquais, puisque la remontée est assez forte, la crainte d’un déficit budgétaire américain qui reste élevé et la possibilité que la croissance reste soutenue avec une finalement une baisse de l’inflation qui prenne plus de temps pour différer les baisses des taux de la FED.

Et finalement, ces taux élevés venir mordre, venir impacter la croissance économique américaine avec dans un tel cas de figure, des scénarios de “hard landing” dignes de scénarios de ralentissement plus marqués, devenant plus visibles et impactant les portefeuilles actions.

Donc, on aura une encore une préférence pour les valeurs un peu plus défensives.

Morningstar : Si on regarde le marché de taux, vous avez mentionné il y a une partie de la courbe des taux qui a un peu pesé sur la classe d’actifs. On a aussi des baisses de l’inflation, des politiques beaucoup plus accommodante de la part de la Fed a baissé ou d’autres banques centrales. Est ce que, à votre avis, il est justifié, judicieux d’ajouter de la duration dans les portefeuilles, d’essayer de capter un peu des rendements à long terme plus élevés ?

Alors oui, en particulier autour de ces élections, puisqu‘on a vu les taux d’intérêt d’un taux d’intérêt aux Etats-Unis remonter assez fortement au cours des trois dernières semaines. Dans un scénario d’élection de Donald Trump alors que l’inflation continue à décélérer et alors que le prix des matières premières, notamment des produits pétroliers, a baissé assez fortement sur cette dernière semaine.

Donc, pour nous, il y a une fenêtre d’opportunité à saisir à un moment où les courbes sont plus pentues, donc les parties courtes, vont devenir moins rémunératrices pour des investisseurs d’allonger leur duration et venir, de prendre des rendements sur du crédit de qualité de préférence, ou des emprunts d’Etat ou du yield de la qualité qui nous paraît intéressant également.

Il n‘est pas nécessaire de prendre beaucoup de risque crédit lorsque vous avez des taux d’intérêt réels ou des emprunts d’état ou des emprunts investment credit qui vous offrent les rémunérations actuelles sur les marchés dollar ou euro.

Morningstar : Enfin, on a vu que les actifs risqués sont en hausse cette année. C’est aussi le cas de l’or et du bitcoin. On a aussi des actifs privés, en particulier la dette qui semble très appréciée par les investisseurs institutionnels. Est ce que vous considérez que ces actifs peuvent être des outils utiles pour un portefeuille diversifié ? Comment est ce qu’ils peuvent contribuer à générer du rendement ou à atténuer le risque ?

Alors on a à ce titre une vraie préférence pour la dette privée. Aujourd’hui, l’or, très bien performé au cours de ces dernières années dans un scénario où le risque géopolitique reste prégnant dans des scénarios inflationnistes.

Mais on pense que l’or est aujourd’hui plus vulnérable dans ce scénario de retour de l’inflation vers ses cibles de long terme.

Le Bitcoin, pour nous, est une classe d’actifs toujours compliquée dans un portefeuille diversifié, avec des corrélations qui peuvent être très très variables vis à vis des autres segments et une volatilité qui est bien sûr spectaculaire.

Donc un couple rendement risque critiqué, plutôt dissuasif et défavorable.

Par contraste, la dette privée présente énormément d’opportunités.

De notre point de vue, c’est toujours un secteur en croissance qui continue à prendre un pourcentage croissant dans les allocations des institutionnels, mais aussi de plus en plus dans les portefeuilles des investisseurs particuliers.

Compte tenu des bénéfices en matière de couple rendement, risques en matière de yield que vous pouvez capturer et de diversification économique, puisque les volumes de dette émis sont aujourd’hui

en croissance année après année et viennent, viennent concurrencer les portefeuilles traditionnels obligataires.

Donc, là encore, très clairement, une source de diversification pour les investisseurs.

Morningstar: Xavier merci beaucoup pour mon histoire. Je suis Jocelyn Jovène. Merci de nous avoir regardé.


L'auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.