PARIS (Agefi-Dow Jones)--C’est le “Jour J” pour Thales qui vient de dévoiler sa feuille de route stratégique à horizon 2028. Avec un objectif clair: assurer une “croissance solide et rentable” au cours des prochaines années, a résumé Patrice Caine, le PDG de Thales.
D’ici 2028, le groupe de technologies et de défense vise un chiffre d’affaires de plus de 25 milliards d’euros et une marge opérationnelle (Ebit) de 13% à 14%, contre respectivement 18,4 milliards d’euros et 11,6% l’an dernier.
Pour matérialiser ses ambitions, Thales entend continuer à faire monter en gamme ses produits et services pour gagner des parts de marché et améliorer son positionnement prix. Conserver son avance technologique est une priorité: la société augmentera ses investissements dans la recherche et développement (R&D) à 5 milliards d’euros par an d’ici 2028, contre un montant avoisinant les 4 milliards d’euros chaque année actuellement.
Le groupe bénéficiera également des changements stratégiques opérés depuis 2018. Thales s’est ainsi séparé d’actifs non stratégiques, telle que son activité de signalisation ferroviaire Ground Transportation Systems (GTS), et a avancé ses pions dans la cybersécurité à coups d’acquisitions.
Dans cet univers, la société a réalisé de belles prises au fil des années, en jetant son dévolu sur l’australien Tesserent, le néerlandais OneWelcome, sans oublier l’espagnol S21sec et le luxembourgeois Excellium. Son opération la plus emblématique reste la société américaine Imperva, rachetée en 2023 pour 3,6 milliards de dollars.
Deux milliards d’euros de ventes dans la cybersécurité
Dans un monde où les cyberattaques se multiplient, les activités de cybersécurité - qui présentent des marges plus élevées - sont promises à un bel avenir. En 2024, la cybersécurité pourrait représenter 2 milliards d’euros de ventes pour Thales, soit quatre fois plus qu’en 2016.
S‘il veut donner la priorité à la croissance organique et au désendettement, Thales renforcera aussi son portefeuille avec des acquisitions ciblées durant les prochaines années. Et pourrait envisager le rachat d’actions “si la valorisation du groupe le suggère“ afin d’“éviter un désendettement excessif”.
En Bourse, les investisseurs accueillent avec circonspection les objectifs globalement sans surprise dévoilés par Thales. L’absence d’un plan formel de rachat d’actions pourrait chagriner les esprits. Vers 16h00, l’action cédait 2,3%, à 152,95 euros, au sein d’un marché parisien bien orienté.
Ce qui n’empêche pas Thales de toujours afficher un solide parcours boursier depuis le début de l’année, avec un gain de 14%, tandis que le CAC 40 recule de 3%. Le cours du titre n’est pas loin d’avoir doublé au cours des trois dernières années.
Forte hausse des budgets de défense
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a subitement replacé le secteur de la défense sur le radar du marché et conduit de nombreux pays, particulièrement en Europe, à revoir à la hausse leurs budgets militaires.
Le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait soutenir cette tendance sur le Vieux Continent. Le “déplacement du focus américain vers la zone Indo-Pacifique garantit la poursuite d’une phase haussière des budgets défense européens qui bénéficiera à l’ensemble des acteurs”, a souligné Oddo BHF le mois dernier.
De plus, alors que Donald Trump a régulièrement exprimé sa méfiance vis-à-vis de l’Otan, le transfert du financement de l’organisation vers les pays européens se traduira nécessairement par une poursuite de la hausse de leurs budgets militaires, a ajouté l’intermédiaire financier.
Le spatial en souffrance
Si Thales profitera aussi du redressement du trafic aérien et de la montée des cadences de production chez Airbus, son plan de vol n’est pas exempt de turbulences. La société reste confrontée à de sérieuses difficultés dans sa branche spatiale, qui pâtit d’une demande structurellement affaiblie dans les télécommunications commerciales. Thales a prévenu cet été que la marge opérationnelle dans l’activité spatiale devrait être négative cette année.
Ce marché en berne a conduit le groupe à dévoiler en mars un plan de restructuration pour Thales Alenia Space (TAS), sa coentreprise avec l’italien Leonardo. Ce plan affectera 1.300 postes, dont 1.000 en France, qui seront redéployés au sein du groupe sans départ contraint.
“Les difficultés dans l‘activité spatiale persisteront, ce qui exercera une pression sur l’expansion des marges de Thales à moyen terme“, a mis en garde le mois dernier Berenberg. Jugeant de plus le titre correctement valorisé, Berenberg en avait tiré les conséquences en dégradant sa recommandation d“’acheter” à “conserver” sur Thales, tout en réduisant son objectif de cours à 165 euros.
Peu exposé aux guerres commerciales
En dépit de ce nuage noir du spatial, JPMorgan s’attend pour sa part à ce que “l’action Thales progresse à un rythme régulier d’ici la fin de la décennie”, portée par une “solide croissance des ventes dans la défense” qui représente la moitié du chiffre d’affaires de la société.
L‘intermédiaire financier apprécie également que Thales soit relativement peu exposé à d’éventuelles guerres commerciales dans le monde. Bienheureux les groupes qui peuvent s’en targuer, alors que le retour de Trump sur le devant de la scène augure d’une hausse généralisée des droits de douane.
-Vincent Alsuar, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 39; valsuar@agefi.fr ed: JDO
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