Pour les investisseurs en actions françaises, l’élection de Donald Trump et les craintes d’une guerre commerciale entre les Etats-Unis, l’Europe et la Chine, constituent un nouveau défi.
Depuis le début de l’année, l’indice Morningstar France recule de 0,4% (dividendes inclus), une performance très mitigée lorsqu’on la compare à la hausse des actions européennes (+8,3%) ou américaines (+30,7% en euros).
Comment expliquer la performance mitigée des actions françaises cette année ?
Michael Field, stratégiste actions européennes chez Morningstar, explique qu’il est tout à fait naturel de voir les actions européennes sous-performer. Mais la victoire de Donald Trump n’a pas aidé, selon lui.
La victoire du président élu Donald Trump la semaine dernière a entraîné une hausse des marchés boursiers américains, les investisseurs ayant réagi positivement à la promesse d’une déréglementation généralisée.
Toutefois, la promesse de M. Trump d’imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur tous les produits entrant aux États-Unis - et des droits de douane allant jusqu'à 60 % sur tous les produits importés de Chine- a ébranlé les marchés européens, qui craignent les effets inflationnistes du protectionnisme.
Selon les estimations du CEPII, un centre de recherche en économie à Paris, l’impact d’une guerre commerciale, qui passerait par un relèvement général des droits de douane de tous les produits importés par les Etats-Unis entraînerait une diminution du PIB mondial de 0,5% et une contraction du commerce mondial en volume de 3,3%.
« L’Europe est le premier partenaire commercial des États-Unis. Mais pour l’essentiel, nous avons échappé à tout problème avec lui. Presque tous ses droits de douane visaient auparavant la Chine », explique M. Field.
« Aujourd’hui, il s’est rendu compte de l’importance du partenaire commercial de l’Europe et du fait que l’Europe enregistre un excédent commercial avec les États-Unis depuis plus de 15 ans.
« Il a le temps, l'énergie et les gens autour de lui pour commencer à cibler d’autres pays que la Chine. Le danger, c’est que l’Europe devienne le point de mire ».
Parmi les titres qui ont le plus pesé sur la performance de la Bourse de Paris depuis le 1er janvier, LVMH, première valeur en termes de pondération dans l’indice Morningstar France, a perdu 19%, tandis que L’Oréal a perdu 25%.
L’une et l’autre sont victimes de leur forte exposition à l’Asie-Pacifique et à la Chine, où le consommateur fait preuve de prudence et où les autorités tardent à prendre des mesures de soutien plus marquées à l’économie.
Quels titres ont le plus pesé sur la Bourse de Paris ?
Nous passons ci-après en revue les titres ayant le plus pesé sur la performance de la Bourse de Paris depuis le début de l’année.
LVMH Moet Hennessy Louis Vuitton MC
Analyst: Jelena Sokolova, CFA
- Economic Moat: Wide
- Morningstar Rating: ★★★
- Price/Fair Value: 0,9
- Morningstar Uncertainty Rating: Medium
- Sector: Consumer Cyclical
LVMH a perdu 19% depuis le début de l’année et 15% sur un an. La société, premier groupe mondial de luxe avec des marques très rentables comme Louis Vuitton, Dior ou Hennessy, a subi un net ralentissement de ses ventes depuis le début de l’année.
L’Oreal OR
Analyst: Dan Su, CFA
- Economic Moat: Wide
- Morningstar Rating: ★★★★
- Price/Fair Value: 0,8
- Morningstar Uncertainty Rating: Medium
- Sector: Consumer Defensive
L’Oréal, qui est leader mondial des cosmétiques, a également subi la plus grande prudence des consommateurs chinois depuis le début de l’année. Si la société a enregistré une croissance plus solide que LVMH sur les neuf premiers mois de l’année 2024, estime Dan Su de Morningstar, grâce notamment à une politique marketing et l’approche omnicanal de sa stratégie de distribution.
STMicroelectronics STMPA
Analyst: Brian Colello, CPA
- Economic Moat: Narrow
- Morningstar Rating: ★★★★
- Price/Fair Value: 0,63
- Morningstar Uncertainty Rating: High
- Sector: Technology
L’action du fabricant franco-italien de semi-conducteurs a plongé de près 44% depuis le 1er janvier et de près de 37% sur un an. Brian Colello a récemment abaissé son estimation de juste valeur, après que l’entreprise a fait part de prudence pour le quatrième trimestre et le début de l’année 2025.
Kering KER
Analyst: Jelena Sokolova, CFA
- Economic Moat: Narrow
- Morningstar Rating: ★★★★★
- Price/Fair Value: 0,49
- Morningstar Uncertainty Rating: Medium
- Sector: Consumer Cyclical
L’action du deuxième groupe mondial de luxe par le chiffre d’affaires a plongé de 41% depuis le début de l’année et de près de 42% sur un an. Pour Jelena Sokolova, le redressement de Gucci, principale marque du groupe, tarde à se manifester. Tout comme ses pairs, « Gucci subit une détérioration de la demande en Chine ; les ventes en Asie, hors Japon, ont plongé de 38% pour Gucci et de 30% pour le groupe. »
Dassault Systèmes DSY
Analyst: Julie Bhusal Sharma
- Economic Moat: Wide
- Morningstar Rating: ★★★★
- Price/Fair Value: 0,87
- Morningstar Uncertainty Rating: Medium
- Sector: Technology
L’action Dassault Systèmes a perdu près de 27% cette année, et cède près de 22% sur un an. Les résultats du troisième trimestre de l’éditeur de logiciels de conception assistée par ordinateur sont ressortis en-deçà des attentes de Morningstar et de celles du consensus, à cause de la faiblesse de la demande du côté des constructeurs automobiles en Europe et aux Etats-Unis.
Pernod Ricard RI
Analyst: Verushka Shetty
- Economic Moat: Wide
- Morningstar Rating: ★★★★
- Price/Fair Value: 0,86
- Morningstar Uncertainty Rating: Low
- Sector: Consumer Defensive
Le titre du deuxième groupe mondial de vins et spiritueux a cédé 29% depuis le 1er janvier et près de 32% sur un an. Verushka Shetty, de Morningstar, a récemment abaissé son estimation de juste valeur, notant que les investisseurs font preuve d’un manque de confiance dans le secteur. Ce dernier pourrait notamment pâtir de mesures protectionnistes de la part de l’administration Trump, sachant qu’il a déjà subi une hausse des taxes de la part des autorités chinoises.
L'auteur ou les auteurs possèdent des actions dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.